Une datation au carbone 14 a permis pour la première fois d'établir une chronologie précise de l'Egypte des pharaons et d'éclairer cette civilisation sous un jour nouveau, selon des travaux publiés jeudi aux Etats-Unis. La nouvelle chronologie scientifique confirme la plupart des estimations précédentes mais incite aussi à quelques révisions historiques. Bien que des chronologies antérieures aient été relativement exactes, il était difficile de déterminer des dates précises de certains événements, expliquent les auteurs de cette recherche, parue dans la revue américaine Science, datée du 18 juin. Cette nouvelle chronologie va aussi contribuer à mieux situer dans le temps des civilisations environnantes, comme le royaume indépendant de Nubie au sud de l'Egypte ou le Proche-Orient. La datation des différentes dynasties faite jusqu'alors à partir de l'étude de documents épigraphiques, historiques ou archéologiques, était aussi rendue plus difficile par le fait que le décompte des années était remis à zéro à chaque nouveau règne. Le carbone 14 a permis de situer avec exactitude la période de l'Ancien Empire, qui serait plus vieux que les estimations faites jusqu'à présent. Cette datation scientifique révèle ainsi que le règne du pharaon Djoser, durant cette période, a commencé entre 2691 et 2625 avant J.-C., alors que les estimations précédentes l'établissaient à 2630 avant notre ère. Djoser (ou Djéser) est le bâtisseur de la pyramide à degrés de Saqqarah, considérée comme l'un des plus anciens monuments à la surface du globe. Le Nouvel Empire, quant à lui, a débuté entre 1570 et 1544 avant notre ère. Jusqu'à présent, on pensait qu'il avait commencé vers 1500 avant J.-C. Pour procéder à cette datation au carbone 14, les chercheurs ont rassemblé auprès de nombreux musées européens et américains 211 échantillons d'objets, dont des graines, des paniers, des textiles, des plantes et des fruits. La datation par le carbone 14, un isotope radioactif, se fonde sur la présence dans tout organisme de radiocarbone en infime quantité. Dès qu'un organisme meurt, la quantité de radiocarbone qu'il contient, ainsi que son activité radiologique, diminue au cours du temps selon une loi exponentielle, à savoir rapidement et de façon continue. Un échantillon de matière organique provenant de cet organisme peut donc être daté en mesurant sa quantité décroissante de radiocarbone par année depuis sa mort. Cette méthode permet d'effectuer des datations remontant à 50.000 ans.