12 mois en route et près de 15 pays traversés qu'elle nous conte, à travers ses 23 clichés (grands tirages) faits de bribes de rencontres et de sensations. Amira Karoud, à 35 ans, est du genre à ne pas aimer les sentiers battus et à détester les frontières. Le monde, elle le veut sien, saisissable dans son immensité. Sa vie, elle la veut accordée aux rythmes de l'humain, des découvertes et des rencontres. Son parcours est loin d'être ordinaire: après une Maîtrise en Finance à Tunis et un MBA (Master of Business Administration) aux Etats-Unis, elle décroche une mission en Europe pendant trois mois. Son séjour confirme son refus des chemins tracés, elle rentre, alors, au bercail mais se retrouve presque dans le même contexte. Dès lors, elle décide de prendre la route pour se rapprocher des multiples vérités qu'offre la vie et trouver des réponses, en parcourant le monde, à ses multiples interrogations sur l'humain et le matériel. Et ce n'est pas une métaphore. Elle multiplie les voyages, parcourt l'Europe et les USA, visite le Canada, le Brésil, le Vatican, le Sri Lanka et d'autres pays encore, avant d'entamer un long périple, qu'elle prépare longuement et qui la mène jusqu'aux îles Fiji, la Nouvelle Calédonie, la Nouvelle- Zélande, l'Australie, le Japon, le Vietnam, le Laos, la Malaisie, la Papua New Guinea, l'Indonésie, Singapour, la Birmanie, la Thaïlande et le Cambodge. De nombreuses rencontres qu'elle immortalise dans sa mémoire et avec son appareil photo et qu'elle partage avec nous à travers une exposition de photos à L'Espace Art Sadika à Gammarth. 12 mois en route et près de 15 pays traversés qu'elle nous conte à travers ses 23 clichés (grands tirages) faits de bribes de rencontres et de sensations. «Lignes rouges», c'est ainsi qu'elle a intitulé cette exposition, traçant sa propre ligne en estampant d'autres, de jour en jour, au fil des voyages et abolissant, à sa manière, cette notion humaine des frontières. Par-delà les lignes tracées et les murs, Amira Karaoud part à la rencontre de l'Homme mais surtout à sa propre rencontre, en s'explorant à travers les yeux et les regards de tous ces gens si différents et si semblables à la fois, qu'elle va trouver chez eux. Ce sont surtout des rencontres féminines qui constituent ses clichés exposés. Des femmes resplendissantes dans leur kimono, rencontrées à Kyoto, au Japon. Une femme au large sourire, deux petites filles et cette maman portant son bébé, croisées toutes au Vietnam et cette vieille femme fumant un gros cigare en Birmanie (Bagan). Mais il y a, aussi et surtout, cette photo avec une impressionnante vue donnant sur une rizière au Vietnam, où on voit une femme haut perchée, nous tournant le dos, la tête cachée par un parapluie, regardant vers cette immensité. Son titre indique «Eve lève-toi et danse avec la vie» (tiré d'une fameuse chanson) qui résume à merveille la philosophie de la jeune femme. L'exposition se poursuit jusqu'au 22 décembre 2013.