Le futur chef du gouvernement écoute tout le monde, mais ne promet rien. Toutefois, des membres du cabinet Laârayedh, jugés indépendants, pourraient continuer Il paraît que depuis qu'il a entamé ses consultations en vue de la formation de son gouvernement, Mehdi Jomâa se trouve sous les pressions nées des conseils amicaux, des petites phrases savamment distillées dans les médias des lobbyings déguisés. Objectif principal : tout faire pour influencer les choix du futur chef du gouvernement quant à la composition de son équipe ministérielle. Et les noms des candidats au prochain cabinet ministériel que tout le monde veut restreint au maximum de défiler à un rythme de plus en plus soutenu. Qu'il s'agisse de ceux qui appartiennent au gouvernement Laârayedh et qui vont préserver leurs portefeuilles ou changer de département ou des nouveaux arrivants, les Tunisiens découvrent quotidiennement d'autres noms qui peuvent changer à n'importe quel moment ou au gré d'une rencontre ou d'une déclaration à la presse. Ainsi, l'on apprend que la tendance, à l'heure actuelle, est au maintien de la présence au sein du prochain gouvernement de quelques ministres que l'on présente comme étant des personnalités indépendantes répondant aux critères définis dans la feuille de route du Quartet parrain du Dialogue sur la base de laquelle Mehdi Jomâa a été choisi pour constituer le gouvernement tant attendu. Parmi ces ministres, l'on peut citer Lotfi Ben Jeddou, parti avec beaucoup de chances pour être confirmé au ministère de l'Intérieur, Nidhal Ouerfelli, actuel secrétaire d'Etat à l'Energie, qu'on prédispose à occuper le siège de ministre de l'Industrie, Naoufel Jammali, censé lui aussi rester au ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Mongi Marzouk, qui gardera le ministère des Technologies de la communication, et Mohamed Salmane qui rempilera au ministère de l'Equipement. Il semble que Jomâa tiendrait particulièrement à Nidhal Ouerfelli et à Naoufel Jammali. Il reste, cependant, que ceux qui soutiennent ces ministres oublient que, pour la plupart, ces derniers appartiennent à des partis politiques de la Troïka ou ont été proposés par le CPR et Ettakatol lors de la formation du gouvernement Laârayedh. Appel au respect de la feuille de route Qu'en est-il maintenant de la réaction des partis politiques dont les responsables ont rencontré ces derniers jours Mehdi Jomâa ? Jilani Hammami, porte-parole du Parti des travailleurs et membre du Front du salut national, révèle à La Presse : «Oui, Mehdi Jomâa nous a fait comprendre lors de notre dernière rencontre qu'il a bien l'intention de garder certains parmi les ministres actuels qu'il considère comme étant des personnalités indépendantes. Nous lui avons conseillé de renoncer à cette démarche dans la mesure où elle envoie des signaux négatifs à l'opinion publique nationale et internationale. Nous lui avons fait part de notre attachement à ce que le nouveau gouvernement soit composé, dans sa totalité, de personnalités réellement indépendantes et surtout neuves. Nous considérons que l'administration tunisienne regorge de compétences qui remplissent les conditions exigées». Ces conditions consistent précisément, comme le rappelle Jilani Hammami, «à ce que le gouvernement Jomâa soit formé à partir d'une feuille blanche. Hassine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, l'a souligné, haut et fort, le jour même du choix du chef du gouvernement, le 14 décembre dernier, devant tous les partis participant au Dialogue national». «Maintenant, nous attendons pour voir comment Mehdi Jomâa formera son équipe et s'il va respecter les clauses de la feuille de route à laquelle le Front tient toujours», ajoute-t-il. Et le responsable du Front de conclure : «Bien qu'il ne soit pas encore mandaté officiellement par le président de la République provisoire pour la constitution du gouvernement, Mehdi Jomâa est en train de gagner du temps en consultant et en écoutant tout le monde. Notre ambition est qu'il parvienne à former son cabinet dans les délais, soit le 13 janvier, le jour où Ali Laârayedh donnera officiellement la démission de son gouvernement». Du côté de Nida Tounès, une source informée précise : «Pour le moment, nous nous contentons de suivre de loin les concertations menées par Mehdi Jomâa. Selon les informations qui nous sont parvenues, seuls Nidhal Ouerfelli et Naoufel Jammali seraient retenus par le chef du gouvernement désigné. Quant au maintien de Ben Jeddou au ministère de l'Intérieur, il n'est pas encore acquis».