Je ne céderai le pouvoir qu'à un président élu « Notre responsabilité envers les martyrs nous oblige à reconnaître que le pays, trois ans après la révolution, est loin d'avoir réalisé tous les objectifs pour lesquels les martyrs et les blessés de la révolution se sont sacrifiés, a affirmé, lundi, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki. Dans une allocution télévisée diffusée par la chaîne Al-Wataniya, il a ajouté : « Nous n'avons pas encore demandé des comptes à ceux qui ont détruit le pays et pillé ses richesses et ceux impliqués dans des affaires de corruption ou de torture. Nous n'avons pas réussi, non plus, à promouvoir le développement ». Marzouki a assuré que la lutte contre la corruption, la torture et l'évasion fiscale sera placée en tête des priorités du nouveau gouvernement. Il a, toutefois, relevé que malgré un développement régional trébuchant, des centaines de mégaprojets ont été réalisés alors que d'autres sont en chantier. Mais aujourd'hui, la Tunisie est en droit de s'enorgueillir d'avoir été le seul pays parmi ceux qui passent par l'expérience de la transition à réaliser un miracle, en préservant la démocratie et le modèle moderniste des Tunisiens dans une conjoncture difficile, a-t-il estimé. Et d'ajouter que le pays est parvenu à réduire les taux de criminalité et à vaincre les mouvements terroristes grâce aux efforts consentis par l'armée et la police. Il a réussi, aussi, à assurer la continuité de l'Etat, malgré les nombreuses tentatives de remise en cause de la légitimité de ses institutions. «Je ne cèderai le pouvoir qu'à un président élu», a-t-il souligné, en réaction aux appels visant à mettre fin à l'institution de la présidence de la République. « Grâce à la discipline des forces de l'ordre et de l'armée, la continuité des institutions de la présidence de la République et du gouvernement et l'attachement des Tunisiens à la cohabitation, notre pays ne connaîtra pas de guerre civile », a soutenu Marzouki. Il a appelé la jeunesse « manipulée » à renoncer à la violence destructrice. « La Tunisie est, certes, un pays de jihad (combat) mais un jihad plutôt tourné contre la pauvreté et l'ignorance», a-t-il dit. Avec la proclamation de la Constitution, la formation d'un nouveau cabinet gouvernemental et l'organisation des élections, la Tunisie aura réalisé les objectifs de la révolution, malgré les dangers qui la guettent de l'intérieur comme de l'extérieur, a noté le président provisoire de la République. Il a appelé tous les Tunisiens, notamment dans les régions intérieures, à contribuer à l'apaisement du climat pour redonner confiance aux investisseurs.