Bien qu'un accord ait été trouvé hier qui met fin à la grève des agents municipaux, le problème de la saleté qui menace les rues de nos villes reste posé... On en a déjà beaucoup parlé, mais on y revient quand même ! La pollution demeure partout, là où on se trouve, aux quatre coins de la capitale. Insupportable, ce phénomène récurrent gagne de nouveau nos rues. Les ordures entassées ici et là ont transformé la ville et ses quartiers périphériques en dépotoirs anarchiques à ciel ouvert. De la rue Mokhtar Attia à Bab Bhar, en passant par le Passage, rue de Rome et bien d'autres places publiques, les déchets ménagers gagnent du terrain, dessinant un paysage désolant, voire intolérable. Il a fallu attendre des jours et des nuits pour apprendre que les agents municipaux de la propreté sont en grève ouverte depuis vendredi de la semaine dernière. «Une grève qui a été décrétée de façon unilatérale et anarchique, sans aucun préavis», a-t-on appris de la fédération des municipalités relevant de l'Ugtt. Son secrétaire général, M. Nacer Selmi, nous a révélé que les grévistes ont débrayé brusquement sans avoir pris l'aval d'aucune partie, en signe de protestation contre « la non-application par la présidence du gouvernement des accords conclus, le 10 octobre dernier, entre la partie syndicale et le ministère de l'Intérieur, relatifs à la charte professionnelle, l'optimisation des promotions et la création de statuts». Et d'ajouter que des négociations tripartites sont déjà en cours, ce qui explique qu'une telle décision surprise ne soit pas justifiée. Du côté des grévistes, la régularisation de leur situation professionnelle qui traîne depuis 2001 est une condition sine qua non pour reprendre le travail. Ils revendiquent la majoration de la prime de risque pour la porter de 15 dinars actuellement à 30 dinars. Mais la légitimité des demandes formulées par quelque trois mille agents municipaux que représente le secteur n'enlève rien à l'illégalité de la manière d'observer la grève. Au-delà, la capitale se voit, en fait, crouler sous les ordures, au su et au vu des autorités locales et régionales. Sans que le maire de Tunis ne bouge le petit doigt. Il est pourtant censé être le premier responsable, à qui on reproche le silence prolongé à l'égard de la situation environnementale qui ne cesse de se dégrader dont souffrent la capitale et ses environs. De même, la cellule de crise annoncée mercredi après-midi par le gouverneur de Tunis a été décidée tardivement, après que l'état des lieux ait commencé à s'aggraver, tant au niveau environnemental que sur le plan sanitaire. C'est pourquoi, la commission de lutte contre les catastrophes est, elle aussi, appelée en renfort, «afin de faire face aux retombées de cette situation qui constitue un danger sanitaire», lit-on dans le communiqué du gouvernorat rendu public mercredi dernier. Par ailleurs, selon le même communiqué, cette cellule de crise vient d'adopter les mesures urgentes susceptibles de limiter l'impact dangereux de l'accumulation des déchets, en coordination avec des communes voisines et les composantes de la société civile. Les privés seront aussi de la partie. Quoi qu'il en soit, l'on ne peut s'empêcher de s'interroger : pourquoi attend-on que les choses prennent une telle ampleur avant que ces intervenants n'agissent de la sorte ? Et les grévistes, comment faut-il traiter avec eux ?