«Il n'y a pas de ministère de la Femme dans un grand nombre de pays»... Les avis des associations et organisations féminines, concernant l'éventuelle suppression du ministère des Affaires de la femme dans le nouveau gouvernement de Mehdi Jomâa, sont partagés. La présidente de l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft), Radhia Jerbi, a déclaré, hier à la TAP, qu'«une telle action était envisageable vu le faible rendement de ce département qui n'a pas répondu aux attentes de la femme tunisienne». Jerbi a ajouté que de grands efforts doivent être déployés pour consolider les acquis de la femme, faisant remarquer que 25% des femmes en Tunisie vivent sous le seuil de la pauvreté et sont marginalisées et victimes de violence. Le taux d'interruption scolaire enregistré chez les jeunes filles a augmenté après la révolution, a-t-elle ajouté. «Le ministère des Affaires de la femme censé trouver des solutions à ces problèmes, n'a rien fait pour améliorer la condition des femmes en Tunisie post-révolution», a-t-elle dit. De son côté, la présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), Saïda Rached, s'est félicitée de l'idée de renoncer au ministère des Affaires de la femme et de son rattachement à d'autres départements. «Si on est parvenu en Tunisie a éliminer toutes les inégalités entre l'homme et la femme et à faire bénéficier les femmes de l'intégralité de leurs droits, quelle nécessité y a-t-il de maintenir ce ministère?», s'est-elle interrogée. Dans le même contexte, la présidente de l'Association tunisienne «hawa» (Eve), Thouraya Chtiba, estime qu'il n'y a aucune raison de maintenir ce département qui n'a pas accompli la mission qui lui était dévolue et n'a rien fait pour soutenir les associations féminines. «Il n'y a pas de ministère de la femme dans un grand nombre de pays. C'est la société civile qui veille à défendre les droits et les acquis de la femme et à renforcer sa présence dans la vie publique», a-t-elle ajouté. Il importe, aujourd'hui, a indiqué Chtiba, d'«œuvrer en faveur d'une égalité effective entre l'homme et la femme, notamment en matière d'opportunités d'emploi et de présence aux postes de décision». En revanche, la présidente de l'Association tunisienne «femmes et leadership», Sana Fathallah Ghnima, s'est opposée à l'idée de supprimer ce ministère, estimant que ceci est une erreur qui contribuera à réduire la présence de la femme dans la vie publique. «Notre association va réagir pour exprimer son refus d'une telle décision qui ne reflète aucunement l'avis de la majorité», a-t-elle ajouté.