Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, mercredi 29 janvier, avoir débloqué 506 millions de dollars (370 millions d'euros) de prêts en faveur de la Tunisie après plusieurs mois de retard lié à l'instabilité politique dans le pays. Dans un très bref communiqué, le Conseil d'administration du FMI, qui représente ses 188 Etats-membres, indique avoir donné son feu vert à ce versement, dans le cadre du plan d'aide de 1,7 milliard de dollars accordé en juin au pays pour accompagner sa transition politique. L'annonce intervient le jour même de l'entrée en fonction du nouveau gouvernement tunisien et deux jours après l'adoption d'une Constitution, dessinant une sortie de crise dans le pays, et ouvrant la voie à l'organisation d'élections. Il convient de rappeler que le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé en juin dernier un accord de confirmation de 24 mois d'un montant équivalent à 1,146 milliard de DTS (1,74 milliard de dollars) en faveur de la Tunisie pour appuyer le programme de réformes économiques du pays portant sur la période 2013-2015 et destiné à renforcer les marges de manœuvre budgétaire et extérieure et encourager une croissance plus forte et inclusive. La décision du Conseil permet de mettre à disposition pour décaissement immédiat 98,8 millions de DTS (environ 150,2 millions de dollars); les décaissements du montant restant seront échelonnés sur la durée du programme et subordonnés à huit revues. L'accord de confirmation suppose un accès normal aux ressources du FMI, pour un montant de 400% de la quote-part de la Tunisie. A l'issue des délibérations du Conseil d'administration sur la Tunisie, Mme Nemat Shafik, directrice générale adjointe et présidente par intérim, a fait la déclaration suivante : «La Tunisie a amorcé une reprise économique modérée tout en étant aux prises avec un environnement économique international difficile et en poursuivant une transition politique. La fragilité du secteur bancaire, les revendications sociales pressantes, les vastes disparités régionales et le niveau élevé du chômage sont de redoutables défis, au même titre que le creusement des déficits budgétaire et extérieur». Les autorités tunisiennes ont élaboré un vaste programme économique pour relever ces défis. Le programme vise à renforcer les marges de manœuvre budgétaire et extérieure, tout en jetant les bases d'une croissance plus solide et en protégeant les plus vulnérables. Réformes structurelles Les autorités ont déjà pris d'importantes mesures pour réduire les facteurs de vulnérabilité, notamment en resserrant la politique monétaire, en poursuivant une politique de change plus flexible et en réduisant le coût des subventions. Les réformes budgétaires envisagées se centrent sur l'élargissement de la marge de manœuvre budgétaire pour accroître les dépenses cruciales d'investissement et sociales, en maîtrisant les salaires et en réformant les subventions, tandis que par ailleurs les dispositifs de protection sociale seront renforcés. Une vaste réforme de la politique fiscale et de l'administration fiscale contribuera à élargir l'assiette fiscale et à améliorer l'équité. Les autorités ont entrepris des mesures résolues pour corriger les fragilités du système bancaire. Dans ce domaine, les priorités sont l'audit des banques publiques, le renforcement de la supervision bancaire et l'alignement des normes prudentielles sur les normes internationales. Les efforts se poursuivront pour améliorer la qualité des données et mettre au point un régime spécial de résolution bancaire. Les autorités accéléreront les réformes structurelles pour promouvoir une croissance forte et inclusive, améliorer l'emploi et réduire les disparités régionales. Elles sont déterminées à rationaliser les incitations budgétaires et les barrières réglementaires, y compris par un nouveau code des investissements, une réforme de l'impôt sur les sociétés, et un allégement des formalités administratives. Le programme des autorités —appuyé par un accord de confirmation de deux ans— contribuera à renforcer la confiance des investisseurs et la résilience de l'économie. En mettant pleinement en œuvre ce programme, la Tunisie sera mieux à même de réagir aux chocs futurs et de répondre aux besoins pressants de sa population.