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Entretien avec Amine Mati, chef de mission pour la Tunisie auprès du FMI : «Le FMI d'aujourd'hui n'est pas celui des années 1980»
Endettement extérieur de la Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 03 - 2013

«Il n'y aurait emprunt que si des chocs importants créent un déséquilibre dans l'économie tunisienne et un besoin de financement»
«S'assurer que les populations vulnérables soient protégées de l'impact venant de tout ajustement»
Les interventions du FMI dans plusieurs régions du monde ont toujours coïncidé avec de délicats passages économiques, politiques et sociaux. Habituellement, l'institution, populaire sous la dénomination du «pompier», intervenait généralement en dernier ressort, «quand il y a le feu». Et quand «le pompier» se présente, on s'attend à de sévères plans de redressement de l'économie, bien que le FMI semble avoir changé de stratégies et de méthodes, à l'instar des autres institutions financières internationales. Ces derniers temps, les pourparlers entre la Tunisie et le FMI, pour la confirmation d'un accord de crédit à titre de précaution pour un montant de 1,75 milliard de dollars, avancent à grands pas. Pour jeter la lumière sur les termes de cet accord et les conséquences sur l'économie nationale, on a posé quelques questions à M. Amine Mati, chef de mission pour la Tunisie auprès du Fonds monétaire international (FMI).
Interview.
D'après une communication du FMI, on s'attendait à la confirmation d'un accord de crédit à titre de précaution pour un montant de 1,75 milliard de dollars. Mais, les derniers évènements qui ont secoué le pays semblent retarder la décision. Pouvez-vous nous apporter de plus amples détails sur le sort de cet accord ainsi que les termes et les conditions de ce crédit?
Les services du FMI travaillent toujours en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes. Suite aux événements tragiques qui ont secoué le pays, un nouveau Premier ministre a été nommé et est en train de former son gouvernement. Nous ferons à nouveau le point sur la situation avec le nouveau gouvernement lorsque celui-ci sera formé et son mandat défini. Cela permettra d'évaluer le meilleur moyen d'aider la Tunisie pour réaliser ses objectifs qui visent à générer une croissance plus inclusive et réduire le chômage.
Entre-temps, les négociations pour un accord de confirmation à titre de précaution entre les autorités tunisiennes et le FMI sont à un stade avancé et continuent toujours au niveau technique, y compris pour une révision éventuelle du cadrage macroéconomique utilisé comme référence. Il est important de préciser que cet accord —toujours en cours de négociation— ne serait qu'à titre de précaution, ce qui veut dire que le gouvernement n'emprunterait (et n'utiliserait ces fonds) qu'au cas où des chocs exogènes se manifesteraient (par exemple, cela serait le cas si la situation économique en Europe se détériorait d'une manière significative).
Les termes de cet accord sont toujours en discussion, et l'hypothèse actuelle du scénario de base envisage un montant de 1,75 milliard de dollars sur une période de deux ans, décaissé par tranches trimestrielles. L'emprunt serait contracté à un taux de 1,08 pour cent et le remboursement —si l'emprunt venait à être utilisé— se ferait également par tranches et sur une période de 5 ans et après une période de grâce de trois ans et un trimestre.
Pensez-vous que la Tunisie a vraiment besoin d'un tel financement? Pourquoi?
Comme je l'ai indiqué plus tôt, l'accord en cours de discussion est à titre de précaution et peut être vu comme une forme d'assurance en cas de chocs exogènes. Il n'y aurait emprunt que si des chocs importants créent un déséquilibre dans l'économie tunisienne et un besoin de financement. Dans ce cas, les fonds du FMI viendraient faciliter la correction des déséquilibres et accorderaient une marge de manœuvre supplémentaire pour mettre en place les mesures nécessaires pour faire face à ce déséquilibre. L'ajustement serait encore plus difficile si les ressources du FMI n'étaient pas disponibles car il faudrait —en absence de possibilité d'emprunter— réduire les dépenses ou augmenter les revenus d'une manière plus importante que sans accord, ou même être obligé de financer le déficit par la planche à billets (avec les conséquences inflationnistes que nous connaissons). Et bien sûr, le coût du financement FMI est généralement plus avantageux que les conditions du marché.
Je voudrai aussi dire que cet accord joue déjà son rôle primordial avant tout décaissement. En particulier, l'assurance provenant de cet accord pourrait aider à renforcer la crédibilité du programme économique du gouvernement et rassurer les marchés, les investisseurs, autres bailleurs et même les agences de notation, quant aux politiques macroéconomiques poursuivies et aux perspectives de l'économie tunisienne. Ceci contribuerait à réduire la prime de risque du pays et à jouer un rôle catalyseur pour d'autres financements, si nécessaire.
Plusieurs partis politiques et agents de la société civile se montrent préoccupés par le niveau d'endettement de la Tunisie qui est de nature à alourdir les prochains budgets et les prochaines générations. Pensez-vous que la Tunisie dispose de marge d'endettement?
Pour la soutenabilité de la dette, je vous réfère au rapport des services du FMI sur la consultation au titre de l'Article IV et publié sur notre site www.imf.org en août 2012. La principale conclusion de notre analyse montre que le niveau relativement faible de la dette publique de la Tunisie (45% du PIB) et les caractéristiques de cette dette (faible taux d'intérêt moyen et échéances relativement longues) sont tels que la dette restera soutenable face à la plupart des chocs, à l'exception d'une forte dépréciation du taux de change réel.
Mais je crois que la question qui se pose au niveau des partis politiques et la société civile est un débat sain sur le rôle de l'endettement en général. Sur ce point-là, je dirai que la question devrait se focaliser sur l'utilisation de cette dette, et particulièrement si elle aide à améliorer le niveau de vie du pays et contribuer à une plus grande croissance et prospérité même après avoir repayé le prêt.
Plusieurs de ces opérateurs diabolisent l'intervention du FMI, «le pompier», surtout que le bilan de l'ancien PAS de 1986 est bien controversé ?
Le FMI intervient souvent lorsqu'un pays est en crise ou veut éviter des problèmes macroéconomiques importants; ce qui fait que l'institution n'est pas toujours associée aux bons moments. Mais je voudrais dire ici que le FMI a beaucoup changé et le FMI d'aujourd'hui n'est pas celui des années 1980.
Aujourd'hui, les services du FMI parlent avec tous les courants de la société lors de leurs missions, que ce soit des parlementaires, membres de l'opposition ou pas, et représentants de la société civile, secteur privé, syndicats et patronats. Cela est essentiel pour bien comprendre les préoccupations et l'impact des réformes suivies.
Une des leçons importantes que nous avons apprise est que chaque pays doit trouver sa propre voie pour faire face aux défis économiques et sociaux-politiques —imposer des politiques venant de l'extérieur est une stratégie qui est vouée à l'échec dès le départ. Ainsi, pour prêter aux pays, notre approche est basée sur le soutien des politiques de réforme économique qui sont conçues et reconnues par les pays eux-mêmes. À notre avis, il est important que ces politiques aient le soutien de la société et des politiques et puissent être mises en œuvre comme prévu. Pour renforcer la transparence, tous les rapports du FMI et les lettres d'intention du programme sont publiés dès que le programme est approuvé par le Conseil d'administration du FMI.
Une des préoccupations du FMI lors de l'élaboration de ces programmes (et aussi une leçon des programmes passés) est aussi de s'assurer que les populations vulnérables soient protégées de l'impact venant de tout ajustement qui s'avérerait nécessaire pour corriger les distorsions qui ont conduit à des problèmes économiques et à la nécessité d'emprunter. Pour atteindre cet objectif, la plupart des prêts du FMI sont décaissés par tranches qui sont liées à des actions spécifiques énoncées dans le programme du gouvernement.
L'accord de confirmation à titre de précaution en cours de négociation pour la Tunisie s'inscrit dans cette logique, avec le programme de réforme du gouvernement —déjà discuté à l'ANC— constituant la base des politiques macroéconomiques et réformes qui pourraient être suivies. Les politiques budgétaires et fiscales pour l'année 2013 ont déjà été dans leur ensemble approuvées par l'ANC lorsque le budget de l'Etat a été adopté en décembre 2012. Les réformes prévues pour renforcer le secteur bancaire s'alignent sur les orientations et réformes déjà entreprises en 2011 par la Banque centrale (alignement des pratiques bancaires sur les normes internationales, meilleure gouvernance des établissements de crédit, audit des banques). Celles-ci aideront à réduire les fragilités du secteur et à accompagner le développement du secteur privé. En troisième lieu, les réformes structurelles entamées par le gouvernement, telles que la réforme du code des investissements, permettront de promouvoir le développement du secteur privé et de diminuer les disparités régionales.
La dernière mission du FMI en Tunisie a soumis ses observations sur le programme du gouvernement aux autorités tunisiennes. Pourrait-on en savoir plus?
Nous avons donné notre avis sur la situation macroéconomique et les risques qui pèsent sur l'économie tunisienne, en particulier ceux provenant des perspectives moroses de l'économie mondiale. Nous avons aussi donné notre avis sur les politiques macroéconomiques qui doivent rester vigilantes pour maintenir la stabilité macroéconomique. Nous avons une concordance de vue avec les autorités sur la nécessité de s'assurer que la composition du budget donne de l'importance aux dépenses prioritaires et à même de garantir une croissance plus inclusive.
Nous avons donné notre avis sur les actions prises pour remédier aux vulnérabilités du système bancaire afin de préserver la stabilité financière, y compris comment aligner les normes aux pratiques internationales et consolider les mesures prises pour renforcer la supervision bancaire.
Comment évaluez-vous les politiques macroéconomiques et réformes structurelles incluses dans le programme du gouvernement?
Nous pensons que les politiques macroéconomiques et réformes structurelles incluses dans le programme du gouvernement sont orientées de manière appropriée vers la promotion d'une croissance inclusive qui vise à réduire les disparités régionales et le chômage, et atteindre l'égalité sociale, tout en préservant la stabilité macroéconomique dans une conjoncture nationale, régionale, et mondiale qui reste difficile. La Tunisie fait face à des défis structurels importants qui nécessiteront probablement davantage de réformes qui demandent plus de temps et qui s'étaleront certainement sur un horizon supérieur à celui du programme.
Et qu'en est-il du rythme d'exécution de ces programmes?
Je dirai qu'ils progressent généralement dans la bonne voie, mais que le rythme d'exécution reste lié à une transition politique qui reste difficile, une conjoncture internationale incertaine et des contraintes de capacités institutionnelles.
Le FMI impose, habituellement, des plans drastiques et des règles draconiennes en matière de coupes budgétaires, notamment la compensation, la taille de la fonction publique, les caisses de retraite... sous couvert de la promotion d'une croissance inclusive. Quelles sont les réformes urgentes qui seraient imposées à la Tunisie?
Encore une fois, je tiens à répéter qu'aucune réforme n'est imposée, que ce soit urgente ou pas. Les réformes envisagées dans un éventuel accord font déjà partie du programme du gouvernement, certaines déjà votées dans le budget de l'Etat 2013. D'autres font partie de la stratégie du secteur financier entamé par la Banque centrale pour corriger les faiblesses du système financier héritées du précédent régime, que ce soit en matière de normes prudentielles, évaluation des risques, supervision bancaire ou recapitalisation du système. Bien sûr, ce programme du gouvernement devra s'adapter à la situation du moment, et devra évoluer au cas où la situation macroéconomique ou la vulnérabilité du pays venaient à changer.
Du côté des réformes structurelles, une des priorités du gouvernement —engagée depuis plusieurs mois déjà— consiste à adopter un nouveau code des investissements qui permettra une concurrence plus équitable entre les secteurs on-shore et off-shore, ce qui permettra d'aider à réduire les disparités régionales. Un autre nombre de réformes déjà en cours serait de simplifier les procédures administratives et fiscales et de revoir la loi sur la concurrence pour assurer les mêmes opportunités à tout opérateur privé.
En ce qui concerne la compensation, une stratégie de réforme envisagée serait de remplacer le système des subventions généralisées (principalement dans les secteurs de l'énergie) par un système de protection sociale mieux ciblé afin de protéger les populations les plus démunies. Cela prendra du temps mais permettra de libérer des ressources budgétaires pour les dépenses sociales prioritaires et augmenter des investissements publics qui puissent soutenir la croissance. Encore une fois, c'est une réforme qui figure déjà dans le programme du gouvernement. Les modalités —y compris pour le meilleur système de ciblage— sont encore en train d'être élaborées et doivent être discutées avec la société civile.
Contrairement à ce qu'on lit dans certains titres de presse, nous n'avons pas parlé de la taille de la fonction publique ou des caisses de retraite, qui seraient des réformes importantes pour faire face aux problèmes de la Tunisie mais nécessiteraient plus de temps.


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