Haica : la sanction peut aller jusqu'à la suspension ou l'arrêt définitif de l'émission. L'édiction de la sanction attendue dans les prochaines 24 heures L'émission «Liman Yajro, Faqat» (Pour celui qui ose, seulement), diffusée dimanche 12 janvier sur «Ettounssya-TV», a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Déjà au moment où l'émission était en cours, les téléspectateurs, choqués et indignés, se sont déchaînés sur les réseaux sociaux traitant l'animateur Samir El Wafi de tous les noms et appelant au boycott de l'émission, voire de toute la chaîne privée. C'est qu'on aura tout vu dans ce programme pour le moins étrange, «les terroristes ayant été présentés comme des victimes, Oussama Ben Laden comme "un héros et un modèle", notamment par l'un des invités salafistes, Khemaïs El Majri. Outre que le père de Kamel Gadhgadhi, présumé assassin de Chokri Belaïd, dans un entretien de plus d'une demi-heure, a estimé, lui aussi, que son "fils est un martyr"». Tandis que le père du martyr Atef Jabri, agent de la Garde nationale, n'a bénéficié, lui, que de quelques minutes de parole. Aussi les familles des martyrs des forces de l'ordre et de la Garde nationale n'ont-elles pas manqué d'exprimer leur douleur face à «cette justification du terrorisme», se sentant par ailleurs insulté. Sans compter que l'avocat Hassan Ghodhbani a déclaré que «seule la justice décidera si ceux qui ciblent les forces de l'ordre, même avec des armes, sont des terroristes» (sic). Bref, les syndicats des forces de la sûreté intérieure se sont insurgés manifestant, dans des déclarations aux médias audiovisuels, «la colère et la douleur du syndicat contre le contenu de cette émission», annonçant par ailleurs «que le syndicat prendra les mesures administratives et judiciaires nécessaires». Pour sa part, le Syndicat des journalistes tunisiens (Snjt) a dénoncé les dérapages de l'émission, l'animateur «ayant présenté les terroristes comme des victimes en justifiant le terrorisme, insultant de ce fait les familles des martyrs et le peuple tunisien». Les sanctions Le Syndicat a également appelé les journalistes à «la neutralité et à la prudence dans le traitement des dossiers du terrorisme, indiquant que «les terroristes sont des ennemis de la Tunisie, de la liberté et de la démocratie». Concernant la réaction et les procédures de la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle), nous avons interrogé Rachida Neïfer, membre de l'Instance, qui nous a déclaré que «l'étude de l'affaire est en cours afin de, premièrement, qualifier et motiver la décision, selon les dispositions du décret-loi 116, d'émettre, deuxièmement, la convocation aux médias et aux intéressés pour garantir les droits de la défense, tel que stipulé par l'article 38 et d'édicter au final la sanction qui se fera dans les prochaines 24 heures». Notre interlocutrice a ajouté que «dans l'intérêt d'un meilleur exercice de la liberté d'information audiovisuelle et de communication, cette tâche ne doit pas s'exercer en exclusivité mais en interaction avec les intervenants dans le domaine des médias et les représentants de la société civile». Autrement dit, la régulation ne s'exerce pas en exclusivité par la Haica mais par l'autorégulation des médias eux-mêmes et de l'opinion publique et la société civile. «Ces réactions sont pour nous autant de repères afin que la Haica arrive à rétablir le mouvement de la pendule», conclut l'intervenante. Interrogée sur les sanctions prévues selon le décret-loi 116 dans les «manquements à l'éthique professionnelle et à la déontologie», Rachida Neïfer a indiqué que «la gamme des sanctions varie de l'avertissement non public jusqu'au retrait de la licence, publiable, en passant par la suspension ou l'arrêt définitif de l'émission ou encore une amende pécuniaire. En cas de récidive, la sanction peut aller jusqu'à la confiscation des équipements de la chaîne. La nature de la sanction dépendra de la qualification des faits incriminés».