Une entente sur l'essentiel, mais pas de diffusion différée La Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) a auditionné hier Imen Bahroun, directrice générale de l'Ertt (Etablissement de la télévision tunisienne), et Nabil Karoui, directeur de Nessma TV. L'enjeu de cette audition n'est autre que les suites à donner à la mise en garde qui leur a été adressée concernant les émissions de caméra cachée: «Errahina» (l'otage) sur la chaîne publique «El Watania 1» et «Braquage» sur la chaîne privée Nessma TV qui ont suscité des protestations de la part du public et même de la Ltdh en raison de séquences violentes et choquantes. «Le but recherché est de trouver un moyen d'entente avec toutes les institutions audiovisuelles afin de préserver le paysage médiatique de toute nuisance ou irrégularité et de proposer certaines solutions et conditions pour une diffusion sans risques pour le public», nous a indiqué à ce propos Mme Rachida Neïfer, membre de la Haica. Cette audition a généré une entente sur l'essentiel puisque les deux responsables de chaînes ont admis une partie des conditions proposées par la Haica, à savoir les insertions avertissant les téléspectateurs que les émissions de caméra cachée comportent des séquences de nature à nuire aux personnes sensibles et aux enfants. Outre la mention d'interdiction aux moins de 12 ans, mais la Haica n'a pu obtenir la diffusion en différé de ces émissions, autrement dit à une heure plus tardive, en deuxième partie de soirée. Mme Rachida Neïfer nous a indiqué que «les directeurs auditionnés leur ont expliqué qu'ils étaient déjà engagés financièrement et moralement avec des sponsors et des annonceurs et qu'un changement d'horaire pourrait causer des pertes énormes à leurs établissements, déjà déficitaires». Toutefois, ces responsables se sont engagés à supprimer les rediffusions durant la journée du lendemain. Mieux, ils ont proposé de procéder à de nouveaux montages des émissions afin d'atténuer les séquences violentes et choquantes». Ces conditions de diffusion obéissent, selon notre interlocutrice, au souci du respect des téléspectateurs et de leur droit à la dignité ainsi qu'à la protection des enfants. Mais la Haica devrait également se pencher sur l'émission de caméra cachée d'Ettounssia de Slim Riahi tout aussi violente et choquante et où on a vu des chanteurs tel Samir Loussif éclater en sanglots. Maintenant, concernant la réglementation de la publicité sur les chaînes de radio et de TV et l'excès de plages publicitaires durant le mois de Ramadan, la Haica s'attelle à préparer des propositions face au vide juridique dans la réglementation de la publicité. La Haica rédigera donc des cahiers des charges qui astreindront les détenteurs de licences de diffusion à respecter un certain nombre de clauses dont celles inhérentes à l'excès de pub. Car il y va également du droit des téléspectateurs à suivre des programmes sans être bombardés de spots publicitaires. Mme Rachida Neïfer annonce même «qu'un atelier sera organisé le 30 juillet en présence de représentants des médias et de la société civile et où seront discutées les conditions de diffusion publicitaire. Cela avant de les soumettre aux détenteurs de licence pour signature. Et c'est à la Haica d'assurer le suivi de ces conditions conformément au décret 116. Enfin, concernant l'existence et l'avenir de la Haica après la fin de la rédaction de la Constitution, notre interlocutrice précise que «la Haica continuera à fonctionner jusqu'à l'entrée en fonction de l'Instance proposée par la Constitution qui doit être, selon la position commune développée par tous les représentants de la profession, une instance audiovisuelle et non une instance de l'ensemble du secteur de l'information, car la presse écrite obéit en général à l'autorégulation».