Par Abdelhamid GMATI Les erreurs humaines sont quotidiennes et se trouvent à plusieurs niveaux et dans différents secteurs. Elles sont parfois commises par ignorance mais proviennent aussi de la part de professionnels, de spécialistes supposés connaître la musique. Ainsi, on a vécu la semaine avec des dénonciations souvent virulentes de l'émission « A qui ose, seulement », diffusée dimanche dernier sur Ettounsia TV, une chaîne qui, depuis son lancement, a brillé par ses émissions populistes et racoleuses. Sur les chaînes de télé, sur les ondes radiophoniques, dans les journaux et sur les réseaux sociaux, on s'en est donné à cœur joie pour dire tout le mal que l'on veut de cette émission et de son animateur Samir El Wafi. Il lui est reproché le fait d'avoir laissé certains invités défendre des présumés terroristes, de les avoir présentés comme des victimes et même comme des martyrs. L'erreur de l'animateur est d'avoir laissé dire. Il s'en est excusé, à plusieurs reprises, auprès des victimes du terrorisme et auprès des forces de l'ordre. Pourtant, il aurait dû savoir à quoi s'en tenir. Quels propos intéressants escomptait-il de la part du père d'un des terroristes, d'un avocat islamiste et d'un imam salafiste qui ne cesse de prôner le jihad et qui ne reconnaît ni démocratie, ni respect des libertés? D'ailleurs, dès le début de l'émission, il a osé affirmer que les « lois sont injustes » et qu'il ne les reconnaissait pas. El Wafi aurait dû intervenir à ce moment-là, et lui interdire la parole, le gars s'étant mis d'emblée hors la loi. Ce qui est punissable. Inadmissible, certainement mais faut- il s'éterniser sur cette affaire au risque de créer un autre mal ? Le risque est de créer, voire d'accentuer, le doute et le manque de confiance envers nos forces de l'ordre qui ne cessent de compter leurs victimes dans leur lutte acharnée contre le terrorisme. Que cet épisode déplorable serve de leçons non seulement à cet animateur mais aussi à d'autres sur d'autres chaînes, qui, sous prétexte de liberté d'expression et de pluralité d'opinions, donnent la parole à des extrémistes, aux idées obscurantistes, ennemis des libertés et des valeurs démocratiques et qui, de fait, sont les principaux initiateurs du terrorisme. A Samir El Wafi de faire amende honorable et à ses semblables d'en tirer les leçons. Autre erreur qui ne semble pas avoir fait grand bruit : l'interdiction d'un concert que devait donner la chanteuse libanaise jeudi dernier par le ministre de la Culture. La raison invoquée est que la demande d'autorisation n'est pas arrivée à temps. Rien à dire à cela, tout le monde doit respecter les lois et les règlements et le ministère se doit de rappeler à l'ordre les contrevenants. L'Observatoire de la sûreté républicaine et de la citoyenneté, organisateur de l'événement, a commis une erreur en négligeant de demander à temps l'autorisation nécessaire. Il s'exposait donc à une sanction. Mais fallait-il interdire le concert, le jour même où il devait avoir lieu? La chanteuse est arrivée à Tunis, la publicité a été faite et la billetterie a fonctionné. Fallait-il sanctionner l'artiste et tous ceux qui se préparaient et ont engagé des frais pour une erreur commises par l'organisateur ? Une erreur commise par négligence, certainement. Il aurait suffit de sanctionner l'organisateur en lui infligeant une amende substantielle, voire de suspendre sa licence d'organisateur de spectacles. A-t-on mesuré l'impact d'une telle interdiction sur l'image de la Tunisie et sur les citoyens tunisiens ? On rappellera que cette même chanteuse avait été interdite de festival de Carthage (auquel elle avait participé à plusieurs reprises), en des termes peu amènes par le précédent ministre. Ce qui avait valu à notre pays des réactions hostiles de la part des artistes libanais. Va-t-on penser que cette nouvelle interdiction vise la chanteuse, devenue « persona non grata » aux yeux de nos deux ministres ? Mourad Sakli, qui s'est attiré les compliments et la satisfaction de milliers de Tunisiens pour son organisation réussie du dernier festival de Carthage et dont la nomination au ministère avait été très positivement accueillie, a-t-il mesuré l'impact de sa décision ? Sont-ce ses services qui se sont empressés de prendre cette décision? On s'était dit « voici un ministre qui connaît la musique ». Mais encore faut-il maîtriser la partition.