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L'agriculture familiale : des exploitations nécessaires à la sécurité alimentaire Tribune - 32e Conférence régionale pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord (Nerc)
Par Benoît HOREMANS La 32e Conférence régionale pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord se tiendra du 24 au 28 février, au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à Rome. Ce rendez-vous bisannuel représente un cadre de travail stratégique entre les plus hautes instances de gouvernance de la FAO et les Etats membres(*). L'ordre du jour est consacré à l'examen des priorités de la région, telles que définies par les Etats membres sur les questions de développement agricole et de sécurité alimentaire. La conférence constitue aussi une opportunité de définir les orientations stratégiques du programme d'action de l'Organisation à l'échelle mondiale, et de formuler la feuille de route des programmes et des activités à mettre en œuvre pour la région afin de relever les défis auxquels elle est confrontée. Renforcer la sécurité alimentaire et la qualité nutritionnelle; optimiser la gestion de l'eau; réduire les pertes et le gaspillage des produits alimentaires; promouvoir et consolider le rôle essentiel de l'agriculture familiale; œuvrer à autonomiser les femmes rurales et, enfin, créer des opportunités d'emploi pour les jeunes : tels sont les axes prioritaires sur lesquels se pencheront les ministres, hauts fonctionnaires et représentants de la société civile. Les pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord diffèrent beaucoup en termes de ressources naturelles et humaines et de développement économique. Néanmoins, ils sont confrontés à des défis communs dans leurs efforts en faveur d'un développement agricole inclusif et d'une amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Parmi les grands défis que la région est appelée à relever, on notera une forte croissance démographique, la 2e au niveau mondial, la faiblesse de la croissance économique et le taux élevé du chômage, surtout parmi les jeunes, le caractère limité et fragile des ressources en terre et en eau, sans compter une importante dépendance de l'agriculture sur terre aride. L'approvisionnement en produits alimentaires est tributaire des importations, principalement de céréales, avec des pertes et gaspillages qui atteignent 30 à 40% selon les produits. 80 millions de personne souffrent de sous-alimentation, 43% d'enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance et près d'un quart de la population est obèse. Enfin, les catastrophes naturelles, les conflits récents ainsi que l'impact du changement climatique exposent la région à de fortes menaces. La raréfaction de l'eau, la résilience et l'agriculture familiale C'est dans ce contexte que pour la période 2014-2017, la FAO va concentrer ses activités dans la région autour de trois initiatives régionales, à savoir : la gestion de la raréfaction de l'eau; le renforcement de la résilience pour une amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition et une agriculture artisanale durable pour un développement inclusif. L'approche qui guide ces initiatives régionales consiste à impliquer toutes les unités de l'Organisation dans leur mise en œuvre, aussi bien au niveau du siège, que des bureaux régionaux, sous-régionaux et nationaux. Dans la région, l'agriculture consomme plus de 85% des ressources en eau disponibles. Cette disponibilité en eau par habitant a déjà diminué des deux tiers ces quarante dernières années. Elle chutera probablement de 50% aux environs de 2050. Ces facteurs occasionnent des conséquences majeures sur la sécurité alimentaire et l'économie rurale. A cet effet, l'Initiative régionale sur la raréfaction de l'eau dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord a été lancée en 2013 afin d'aider les pays de la région à identifier et à rationaliser leurs politiques et à capitaliser les bonnes pratiques susceptibles d'améliorer significativement la production agricole et la sécurité alimentaire dans la région. Il sera question de prendre des mesures au niveau national afin de mettre en place des instruments d'allocation optimale de l'eau entre les secteurs tout en fournissant les cadres incitatifs et institutionnels pour gérer durablement et efficacement ces ressources rares. Les pays doivent également prendre des mesures pour que l'eau allouée à l'agriculture soit utilisée de manière efficace et productive. Des outils d'aide à la décision et à la gestion, tels que la comptabilisation des ressources en eau, l'analyse de scénarios, la courbe des coûts de l'approvisionnement alimentaire et de la disponibilité en eau, seront proposés pour fournir des analyses et des données validées à ceux qui prennent des décisions et élaborent des politiques publiques. L'initiative sur le renforcement de la résilience mise sur la promotion de la coopération régionale afin d'améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. La nature des défis à relever reflète un besoin commun de coordonner les aspects multisectoriels de la sécurité alimentaire et de la nutrition, et de renforcer les capacités de résistance, non seulement pour remédier aux vulnérabilités que connaissent les pays de la région, mais aussi pour tirer profit des opportunités de renforcer les capacités à long terme. Le principal objectif de cette initiative sera d'aider les pays à éradiquer la faim et la malnutrition en instaurant des mécanismes de gouvernance et de coordination plus efficaces, en améliorant la résilience des marchés, des systèmes de production et des institutions vouées à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Une attention particulière sera apportée à la réduction des pertes et gaspillages alimentaires qui atteignent dans la région 30 à 40%, selon les produits. En cette année consacrée « Année internationale de l'agriculture familiale » par l'Assemblée générale des Nations unies, l'initiative sur une agriculture à petite échelle prend en compte le fait que l'agriculture emploie un tiers de la population active de la région. Il s'agit essentiellement de petits producteurs : agriculteurs, éleveurs, pasteurs, forestiers, pêcheurs artisans et aquaculteurs. Dans le contexte actuel, l'autonomisation de ces petits exploitants est une priorité en termes de développement économique et de sécurité alimentaire. Cela passe nécessairement par des droits mieux reconnus, fonciers en particulier, des organisations professionnelles agricoles fortes et représentatives, des liens mieux organisés entre les agriculteurs et les marchés, et l'autonomisation des femmes qui représentent une part croissante de cette main-d'œuvre. En effet, les agricultrices de la région sont encore pénalisées par un accès inégal aux ressources productives et aux opportunités économiques. Les infrastructures et les services sont inadéquats à leurs besoins et les contextes politiques inappropriés. Le renforcement des institutions rurales, la valorisation du capital humain des femmes et des jeunes, la ventilation des données selon le sexe afin d'acquérir une compréhension globale des dynamiques sociales dans les zones rurales sont parmi les principales questions à traiter pour venir à bout de l'inégalité entre les hommes et les femmes. Ces questions prioritaires et d'autres seront débattues, durant toute la semaine, à Rome. Des orientations seront données par les pays membres et des engagements pris de part et d'autre pour mettre un terme à la pauvreté et à l'insécurité alimentaire dans la région. (Coordonnateur du bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique du Nord et représentant de la FAO en Tunisie) *Pays membres de la Conférence régionale pour le Proche-Orient: Afghanistan, Algérie, Arabie Saoudite, Azerbaïdjan, Bahreïn, Chypre, Djibouti, Egypte, Emirats Arabes Unis, Irak, Jordanie, Kirghizistan, Koweït, Liban, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie, Oman, Pakistan, Qatar, République Arabe Syrienne, République Islamique d'Iran, Somalie, Soudan, Tadjikistan, Tunisie, Turkménistan, Turquie et Yémen.