L'économie mondiale semble se ressaisir aussi bien dans les pays à revenu élevé que dans les pays en développement. La Tunisie pourrait bien saisir cette opportunité pour retrouver un rythme de croissance et réduire l'ampleur des déséquilibres financiers à partir de 2014 Au regard de la dernière édition de «Perspectives économiques mondiales», publiée par la Banque mondiale, les résultats des pays avancés s'accélèrent, ce qui devrait stimuler la croissance des pays en développement. En effet, les prévisions de la BM tablent sur un taux de croissance du PIB mondial de 3,2%, contre 2,4%, en 2013. Pour les pays en développement, la croissance passera à 5,3%, —un taux plus faible que prévu— contre 4,8% en 2013. Une croissance qui, au regard du Conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réuni avant-hier, constitue un facteur positif pour la Tunisie, afin de consolider et intensifier les efforts pour retrouver un rythme de croissance acceptable et réduire l'ampleur des déséquilibres financiers à partir de cette année, ainsi qu'affirmer les prémices du regain de confiance chez les opérateurs économiques. A ce titre, le CA de la BCT a décidé de «maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale». Concernant la situation économique dans le pays, le CA de la BCT a noté un « ralentissement du rythme de la croissance, en 2013. Un rythme qui s'est situé autour de 2,6%, selon les dernières estimations de l'Institut national des statistiques (INS), contre des prévisions actualisées du Budget et des réalisations de l'année 2012, de l'ordre respectif de 3% et 3,6%. Une régression due, principalement, à la situation politique et sécuritaire du pays, notamment au cours du second semestre de l'année 2013, qui n'a pas manqué de générer des pressions sur les équilibres financiers internes et externes. Et les pressions ne s'arrêtent pas à ce niveau. Bien au contraire, l'examen, par le CA de la BCT, de l'évolution des indicateurs du secteur extérieur au début de l'année 2014 a révélé la persistance des pressions sur les paiements extérieurs, à travers l'élargissement du déficit courant du mois de janvier. Un déficit qui a atteint 0,6% du PIB, contre 0,3% pour la même période de l'année écoulée. Un résultat que le Conseil d'administration attribue à «la détérioration du déficit commercial, notamment la balance alimentaire et énergétique. Malgré ces évolutions, les avoirs nets en devises affichent une stabilité pour se situer à 11.621 MDT ou l'équivalent de 106 jours d'importation à la date du 24 février ». D'un autre côté, le CA a enregistré une détente relative des pressions inflationnistes, avec le repli du glissement annuel des prix à la consommation au niveau de 5,8%, en janvier 2014, contre 6% en décembre dernier. Le communiqué issu du Conseil d'administration de la BCT indique : « L'inflation sous-jacente a également baissé de 6,6% en décembre 2013 à 6,3% en janvier 2014. Le Conseil a, toutefois, considéré que les risques de maintien de l'inflation à des niveaux élevés persistent encore et nécessitent la multiplication des efforts afin de maîtriser les facteurs contribuant à la hausse des prix, en particulier ceux relatifs à l'amélioration de l'offre et à la rationalisation des circuits de distribution ». Et d'ajouter, sur le plan monétaire, « le Conseil a noté une stabilisation des besoins des banques en liquidités durant le mois courant, ce qui a porté l'ensemble des opérations de la politique monétaire effectuées par la Banque centrale pour réguler le marché à 4.711 MDT à la date du 24 février contre 4.981 MDT au mois de janvier. Le taux d'intérêt est revenu à 4,69% au cours de la même période contre 4,71% en janvier 2014 ». Par contre, le CA de la BCT a relevé un net repli, au niveau de l'activité bancaire. Un repli qui concerne, essentiellement, le rythme d'évolution des dépôts au début de 2014, (+0,2% en janvier contre +1,4% en décembre 2013 et +7,4% pour l'ensemble de l'année 2013). Un repli dû à la baisse des dépôts à vue et de la décélération du rythme d'évolution des comptes d'épargne. D'où l'impact direct sur le financement bancaire de l'économie nationale. En effet, le concours à l'économie a été de l'ordre de 0,2%, en 2014, contre 1,6%, au cours de la même période de l'année 2013. Pour ce qui est du dinar tunisien, malheureusement, aucune amélioration n'a été enregistrée. Le Conseil de la BCT a effectivement souligné la poursuite de l'appréciation du dinar face aux principales devises depuis le début de l'année en cours, après la nette baisse qu'il a connue durant l'année précédente, et ce, en relation avec l'amélioration de l'offre sur le marché des changes durant la période. Aussi, la parité de change du dinar a-t-elle atteint, le 24 février, le niveau de 1,5848 dinar vis-à-vis du dollar américain, soit une appréciation de 3,9% et 2,1756 dinars face à l'euro, soit une hausse de 4,2%. Les pays en développement sont confrontés à des forces contradictoires émanant des pays à revenu élevé. D'un côté, le renforcement de l'activité économique dans les pays riches stimulera la demande de produits en provenance des pays en développement ; de l'autre, la hausse des taux d'intérêt freinera les flux de capitaux. Selon le rapport de la Banque mondiale, le commerce international devrait augmenter de 4,6% en 2014, contre une estimation de 3,1% en 2013. Ce qui représente une opportunité à saisir par l'économie tunisienne, pour retrouver des rythmes de croissance satisfaisants.