Une charte de bonne conduite pour les forces de l'ordre verra bientôt le jour Le ministère de l'Intérieur a présenté, hier, ses excuses aux journalistes, suite à l'agression verbale et physique d'un nombre de représentants des médias par les forces de l'ordre, lors de leur couverture de la marche des Ligues de protection de la révolution (LPR), vendredi dernier à La Kasbah. Alors qu'aucune réaction n'a émané jusque-là de la part dudit ministère ou des syndicats des forces de l'ordre, suite à cette énième agression, un bon nombre de journalistes, de la presse écrite, de la radio et de la télévision dont des photographes et des cameramen, ont organisé hier une marche de protestation devant le ministère de l'Intérieur. A partir de midi et durant plus de deux heures, ils ont exprimé leur mécontentement scandant des slogans insistant sur le rôle et les droits des médias. «Un quatrième pouvoir et non un pouvoir soumis», a-t-on répété à plusieurs reprises. Des pancartes ont été levées condamnant la violence des forces sécuritaires, appelant à mettre fin à de tels agissements qui mettent en péril la liberté de presse et d'expression, constitutionnalisée, tout comme le droit à l'information. Plusieurs membres de l'Association nationale des jeunes journalistes menaient la marche, aux côtés de représentants des syndicats de base des organismes de presse relevant de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt). Observant une grève hier, en guise de soutien aux journalistes agressés, des étudiants de l'Institut de presse et des sciences de l'information ont pris part à cette marche. Le syndicat des directeurs des établissements de presse a, lui aussi, été représenté par sa présidente, Amel Mzabi. L'absence de représentants du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) était remarquée, excepté la membre de son bureau exécutif et également leader de l'Association des jeunes journalistes, Saïda Hammami. Cette dernière a indiqué que cette marche était un rassemblement spontané des journalistes qui ont voulu mettre en garde contre tout retour de la répression et des anciennes pratiques policières. Elle a fait remarquer que des plaintes seront déposées contre les agresseurs, tout en indiquant qu'aucun parti politique ou association n'a dénoncé ces agressions. Selon elle, la solidarité des journalistes reste la seule garantie pour préserver la neutralité et la liberté du journaliste. Une charte de bonne conduite pour les sécuritaires Les journalistes couvrant la marche ont refusé de donner la parole à un représentant des syndicats des forces de l'ordre qui a voulu intervenir. Ils n'ont pas digéré que ces syndicats n'aient pas réagi face au comportement des agents de sécurité, vendredi dernier. Vers 14h00, une cinquantaine parmi les manifestants ont tenu une réunion avec le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Laroui, et le directeur général des relations extérieures dudit ministère, comme nous l'a affirmé le président de l'Association nationale des jeunes journalistes, Abderraouf Bali, qui était à la tête de cette délégation. Selon lui, la réunion a eu lieu en présence de trois représentants de l'Unesco qui travaillent actuellement sur un projet d'une charte de bonne conduite des sécuritaires dans le respect des droits de l'Homme. «Le porte-parole et le directeur au sein du ministère nous ont transmis les excuses du ministre de l'Intérieur qui a affirmé qu'une enquête est déjà en cours sur les agressions commises, vendredi dernier. On nous a aussi promis que cela ne se répétera plus et qu'une charte destinée aux sécuritaires va clarifier les relations entre eux et les journalistes. Dans cette charte, il y aura une indication claire sur le devoir des agents de l'ordre de protéger les journalistes lors de l'exercice de leur profession. Ce point est important à mon avis, et nous allons suivre de près l'application de ces directives. Nous insistons sur le respect réciproque qui doit caractériser les relations entre la police et les représentants des médias, notamment en cette période où nous allons entamer une phase cruciale, celle des élections au cours de laquelle le journaliste est une cible pour plusieurs acteurs politiques», a enchaîné Abderraouf Bali.