Les experts du Front populaire, peu connus à ce jour du grand public, viennent de sortir de l'anonymat en réussissant un coup de maître : proposer un projet de budget de l'Etat alternatif et de loi de finances pour l'année entamée Jusque-là, en Tunisie comme dans maints pays développés tout à fait démocratiques, le projet de budget de l'Etat était appréhendé comme une œuvre vénérable presque d'inspiration divine, que tout un chacun se devait de saluer et de servir. Car l'œuvre irremplaçable de la quintessence des expertises politiquement correctes de la «majorité» au pouvoir. Certes, les militants du Front populaire ne sont pas les seuls à avoir violemment critiqué les budget et loi de finances de l'ancien gouvernement, votés en catastrophe, à la va-vite, par l'Assemblée constituante, mais nous leur devons cette «première» qui restera dans les annales comme nouvelle tradition citoyenne de la Tunisie démocratique. Les experts auteurs de cette prouesse se nomment : Lotfi Ben Aïssa, Mahmoud M'tir, Houcine Rhili, Mustapha Jouili. Ils ont osé ! Ce que rares sont les oppositions de par le monde à tenter, dans la mesure où les chiffres et le pouls réels du pays sont entre les mains de ceux qui exercent le pouvoir... En attendant le «grand soir» de l'alternance. Le projet alternatif du F. P. pour le budget de l'Etat 2014 s'articule autour de quelques axes fondamentaux : un report de trois ans dans le remboursement de la dette, la préservation de la Caisse de compensation en l'état, pour protéger le pouvoir d'achat, une majoration de 40% des dépenses allouées au développement, notamment régional, la restitution à l'Etat de son rôle d'investisseur et d'employeur, avec 60 mille emplois à créer, la réservation de 400 millions de dinars aux allocations chômage devant bénéficier à 170.000 diplômés du supérieur, à raison de 200 dinars mensuels, l'annulation des 400 millions de dinars de dettes de 100 mille petits agriculteurs et l'organisation d'un emprunt national portant sur 5000 millions de dinars. Auxquels s'ajoutent un certain nombre de retouches concernant la fiscalité. Bien entendu, ce contre-projet n'est ni le seul ni le meilleur possible, et il ne manquera pas de susciter les réactions les plus inattendues. Favorables, critiques ou inamicales. Il n'en demeure pas moins qu'il constitue une éloquente réponse rassurante à tous les oiseaux de mauvais augure quant aux perspectives de notre Révolution. Le fait est qu'elle a réveillé la République et dopé la citoyenneté.