Avec le Quintette de Cuivres du Teatro dell'Opera di Roma, les mélodies se sont succédé, parfois languissantes et sensuelles, parfois enflammées et émouvantes, parfois réfléchies et atmosphériques... Ambitieux et original, le concert présenté mardi soir au Théâtre de la Ville de Tunis par le Quintette de Cuivres du Teatro dell'Opera di Roma, dans la mesure où il est rarissime de pouvoir entendre des œuvres parmi les plus exigeantes des grands classiques ou encore d'autres plus contemporains, conduites presque uniquement par les sons flamboyants des instruments à vent. La création du Quintette de Cuivres en question remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle, ayant comme objectif de porter la musique classique en dehors des théâtres, en la faisant découvrir à un public plus large tout en apportant une touche de nouveauté à la glorieuse tradition musicale italienne par l'introduction des grands classiques du répertoire contemporain, y compris les comédies musicales et les musiques de film. Le groupe est formé de musiciens et d'interprètes italiens de renom, à savoir Davide Simoncini et Lucia Luconi aux trompettes, Mauro di Francesco au cor, Marco Piazzai au trombone et Davide Borgonovi au tuba. Après une interprétation instrumentale de «Toccata» de Orfeo de Claudio Monteverdi (1607), avec trompettes et trombone, plus violemment sonores que leurs ancêtres les cornets à bouquin et les sacqueboutes, le velouté ou la délicieuse et mouvante «incertitude» des timbres patinés en moins, mais d'une flamboyance magistrale. Se succédèrent, ensuite, des airs d'opéra magnifiquement interprétés par les invités du Quintette : la soprano Rita Cammarano et le ténor Giordano Massaro. Dans «Un bel di vedremo» (Madame Butterfly) de Giacomo Puccini, «Valzer di Musetta»( La bohème), également de Puccini,» La vita è bella» de Nicola Piovani, avec une voix veloutée et émouvante, Rita Cammarano a dévoilé une puissance d'évocation et une impressionnante densité poétique. L'expressivité et la puissance de sa voix, ainsi que le charme et le tour de force dramatique qu'elle évoquait lors du chant, ont charmé le public. Quant au ténor Giordano Massaro, avec une voix forte et émouvante, il a pu révéler toute la force émotionnelle contenue dans les airs : «Che gelida manina»( La Bohème) et «Nessundora» (Turandot) de Puccini, . Le Quintette de Cuivres fut accompagné également et exceptionnellement, pour ce concert, par le batteur Rocco Luigi Bitondo, afin de donner une belle empreinte jazzy aux morceaux joués. Tous ensemble, ils ont fait preuve d'un bel entrain et d'un vrai sens poétique en interprétant les magnifiques «Il west per Morricone» et «Mission» de Ennio Morricone, ou encore «Somebody loves me», de George Gershwin, «Memory» (Cats), de A.L. Webber ou encore «La Strada», une fantaisie sur les plus célèbres thèmes de Nino Rota. Ainsi, les mélodies se sont-elles succédé, parfois languissantes et sensuelles, parfois enflammées et émouvantes, parfois réfléchies et atmosphériques, mais toujours aussi séduisantes du début à la fin. Le public était conquis.