«Plus de verdure, les oasis disparaissent et on observe les spectateurs impuissants...» L'Agence française de développement (AFD), en collaboration avec l'Institut français de Tunisie (IFT), a organisé, avant-hier, une soirée consacrée aux problématiques de la rareté de l'eau en Tunisie. Des conférences, des débats et un spectacle de danse ont été au menu du programme de la soirée. Cet événement a été une occasion, pour le public, de se pencher sur ce problème sérieux et de participer à un débat sur la gestion d'une ressource rare et des moyens d'en assurer l'accès à tous. Il y avait là l'ambassadeur de France en Tunisie, le directeur général de la Sonede et d'éminents professionnels du domaine. Le spectacle de Nawal Skandrani, déjà présenté lors du dernier festival de Hammamet, est venu clôturer les travaux de la journée. Eau secours (100% water !), de Nawal Skandrani, est un spectacle de danse théâtrale qui traite justement des enjeux de l'eau potable dans le monde, une question qui devient aujourd'hui très préoccupante. «Qui a dit que l'eau est incolore ? L'eau a l'odeur de l'air chaud». C'est par ce vers de Mahmoud Darwich que le spectacle a commencé, dans le décor cette fois de la salle du Rio. On voit les danseurs, au nombre de 11, qui font leur entrée sur la scène, en duo ou en solo : ils effectuent des pas de danse tantôt rapides tantôt lents. Accompagnés par les notes des percussions du musicien Jawhar Basti, ils proposent des scènes de vie : des scènes de joies et d'autres, tristes. Les corps ondulent au rythme des vagues. Comme des sirènes sorties de l'eau, toutes fraîches et toutes habillées en combinaisons grises, les danseurs enchaînent les tableaux. Des séquences de vidéos rappellent en même temps les ravages de la sécheresse sur la planète. Le spectacle alterne entre moments de silence et brouhaha. Des mouvements et des cris qui déchirent ce silence, montrant ce danger qui guette toute l'humanité, celui de la pénurie de l'eau potable. Les danseurs sont de diverses nationalités : tunisienne, égyptienne, palestinienne, française... Ils ont réussi à nous renvoyer à plusieurs époques et civilisations lointaines. Il y a les danses de la pluie des cultures africaine, égyptienne, palestinienne, qui nous ont été présentées à travers différents tableaux, dans un voyage à travers le temps et l'espace. Des témoignages sur la préciosité de l'eau, source de vie, jalonnent le spectacle. «L'eau, c'est sacré au Brésil», disait un danseur avant d'entamer sa prestation, accompagné par une musique frénétique. Le spectacle s'achève sur une fin « tragique » et inquiétante. Une fois la terre asséchée, les danseurs, tous ensemble, s'entredéchirent, s'entretuent pour une goutte d'eau : « Plus de verdure, les oasis disparaissent et on observe les spectateurs impuissants...», déclare l'une des danseuses au terme du spectacle.