La première journée d'ouverture des rencontres chorégraphiques de Carthage-extra12,qui s'est tenue à l'espace Ness el Fen et à l'Institut supérieur des arts dramatiques de Tunis, mardi dernier, a été réservée entièrement à la jeune création tunisienne avec les performances de Oumaima et Seif Manai et de Hamdi Dridi et Selim Ben Safia. Les férus de la danse contemporaine, venus en grand nombre, ont suivi dans la salle de théâtre Abdelaziz-Agrebi de l'Institut supérieur des arts dramatiques de Tunis, deux nouvelles créations des artistes Selim Ben Safia et Oumaima Manaï. La première, intitulée Je me reconnais plus, est un spectacle de danse contemporaine, conçu et joué par le chorégraphe Selim Ben Safia qui, dans une obscurité presque totale, a fait son entrée sur scène à pas lourds. Dans un décor qui se réduit à une pièce noire et à un «virtuel» (en projection) canapé en blanc, le spectacle résume l'histoire d'un jeune étudiant tourmenté, indécis et déchiré entre deux choix. Après les études, faut-il continuer à pratiquer la danse comme une passion ou comme un métier et un gagne-pain. C'est cette question qui hante l'esprit de ce jeune, à laquelle il cherche une réponse. Pour refléter cette idée, le chorégrahe met en œuvre toutes ses qualités de danseur habile et léger. Souple et sur un rythme tantôt croissant, tantôt décroissant, il a enchaîné les pas de danse et les mouvements avec une énergie folle et comme libérée, le tout mis en relief par une musique souvent rythmée et frénétique, parfois nostalgique et lente. Un spectacle mouvementé qui nous présente les différentes facettes de l'être humain qui vacille entre l'agitation et la sérénité, entre la force et la fragilité. Bref, un tableau qui résume, en trente minutes, la vie de tout un chacun. Le second spectacle, celui de Oumaima Manaï, intitulé Paroles de femmes, porte, quant à lui, sur le thème de la femme et sur le rôle qu'elle joue dans la société. Pendant une demi-heure, également, la chorégraphe nous a proposé un tableau au rythme saccadé, comportant de longs moments d'immobilité espacés par d'autres, rapides et énergiques. Sur un ring de boxe, une jeune femme, assise sur une chaise, se met petit à petit à avancer à pas sûrs, fixe un objectif puis entre dans un enchaînement fougueux de défense et d'attaque. Appliquée et légère, la danseuse a plongé les spectateurs dans le cœur de la thématique abordée qui met en relief l'idée de la revendication de la liberté, la consolidation du statut de la femme en tant que pilier essentiel de la société. Paroles de femmes est le spectacle du combat, de la lutte et de l'insurrection qui nous interpelle. Il appelle à une réflexion sérieuse sur l'avenir de la femme.