Vers le lancement d'un dialogue national sur la réforme du secteur bancaire et de la Caisse de compensation La Tunisie se porte mieux, après trois années dominées par des troubles sociopolitiques, a dit le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomaâ, sur un ton rassurant. Il donnait, mardi soir, une conférence à Columbia University, à New York, sur la situation en Tunisie, devant un aréopage de professeurs, chercheurs et étudiants, Tunisiens pour la plupart. S'exprimant en anglais, Mehdi Jomâa a voulu rassurer l'auditoire venu nombreux s'enquérir des priorités à retenir pour la période restante de la transition. Pour lui, trois priorités s'imposent: restaurer l'autorité de l'Etat, promouvoir la valeur du travail et garantir la primauté et le respect de la loi. Sur le plan économique, il s'agit de régler les problèmes à moyen terme par, notamment, la rationalisation des dépenses de la Caisse de compensation, la réforme du secteur bancaire et le lancement d'un Dialogue national sur ces questions. Interrogé sur les prochaines élections, Jomâa a relevé que le gouvernement est tenu de réunir les conditions propices à ce rendez-vous, tandis que l'Instance supérieure indépendante pour les élections est la seule habilitée à en assurer le déroulement matériel et logistique. « Nous nous employons à ce que les élections se tiennent avant la fin de l'année en cours pour garantir une meilleure visibilité pour tout le monde », a-t-il dit. A une question sur les formations islamistes en Tunisie, Jomâa a estimé qu'il ne faut pas confondre partis religieux et terrorisme d'autant que, a-t-il dit, ce phénomène « n'a aucune chance en Tunisie » en raison de l'esprit de tolérance et d'ouverture du peuple tunisien. Il a affirmé à cet égard que la Tunisie qui, au départ, n'était pas préparée à la menace terroriste, est parvenue depuis six mois à circonscrire ce fléau et à stabiliser la situation politique. A la question de savoir si la répression et le retour de l'Etat policier sont envisageables en Tunisie, Jomâa s'est dit favorable à l'autorité de la loi tout en précisant que « la police a pour mission de maintenir l'ordre et non de réprimer ». Interrogé sur la position du gouvernement vis-à-vis de la situation en Syrie, Mehdi Jomâa a affirmé que son cabinet a une vision politique claire ; celle de ne pas s'ingérer dans les affaires internes des autres pays. « La Tunisie n'a d'autres choix que de réussir », a affirmé en guise de résumé le professeur à Columbia University, Kamel Jedidi, qui a animé la séance de questions-réponses. Il a estimé que la Tunisie est la première démocratie dans les pays arabes grâce aux atouts dont elle dispose en termes notamment d'éducation et de droits de la femme, forte en cela de la vision prospective de Bourguiba. Etaient notamment présents à la conférence, le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des TIC, Taoufik Jelassi, et l'ambassadeur de Tunisie auprès de l'ONU, Khaled Khiari. D'autre part, le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomâa, s'est rendu, hier matin à Washington, deuxième étape de sa visite aux Etats-Unis d'Amérique à l'invitation du président américain Barack Obama. Mardi après-midi, Jomâa a eu un déjeuner avec des hommes d'affaires au Conseil d'affaires pour l'entente internationale. Il s'est rendu, ensuite, à Wall Street. Le chef du gouvernement provisoire a visité, également, le centre de Microsoft Technology. De son côté, Mongi Hamdi, ministre des Affaires étrangères, a notamment souligné : « Nous sommes venus donner une image de la Tunisie nouvelle, celle qui avance à pas sûrs sur la voie du parachèvement de la dernière phase du processus de transition », a souligné le ministre. Le chef du gouvernement exposera à l'administration américaine les avancées accomplies en Tunisie pour asseoir une plate-forme favorable aux plans économique et sécuritaire afin d'attirer de nouveaux investisseurs et de booster l'économie nationale, a-t-il dit. Cette visite vient marquer le lancement du dialogue stratégique entre la Tunisie et les Etats-Unis d'Amérique dans le cadre duquel plusieurs points seront discutés en faveur de la Tunisie. Il s'agit de conclure des accords en matière de développement technologique, d'appui aux investissements et de coopération commerciale. Ce dialogue englobera d'autres domaines dont la coopération sécuritaire pour combattre le terrorisme, a précisé Mongi Hamdi. La Tunisie attend beaucoup de la visite officielle du chef du gouvernement aux Etats-Unis, a-t-il lancé. Le but est de faire de la Tunisie une « success-story », autant qu'un modèle pour les autres pays. L'enjeu est surtout de permettre à la Tunisie de réussir son processus de transition, a-t-il encore dit.