La levée de la mise en garde sur les voyages en Tunisie est un signal fort La décision des Etats-Unis d'Amérique de lever leur mise en garde sur les voyages en Tunisie est un «signal fort », qui permet de tirer un bilan positif de la visite officielle (qu'il effectue dans ce pays), a estimé le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomâa au premier jour de sa visite hier à New York. «C'est une étape importante, car de nombreux pays tiennent compte d'une telle décision même si la Tunisie n'est pas une destination privilégiée des touristes américains», s'est-il réjoui. Evoquant le dialogue stratégique entre Tunis et Washington dont la première session sera lancée à l'occasion de la visite officielle qu'il effectue actuellement aux Etats-Unis d'Amérique, Jomaâ a estimé que ce dialogue revêt une dimension économique cruciale. Le marché américain étant très vaste, il s'agit pour nous, a-t-il dit, de garantir les mêmes facilités et opportunités offertes à l'Europe. Il y a lieu également dans le cadre de ce dialogue de poursuivre la coopération entre la Tunisie et les USA en termes de coordination en matière de lutte contre le terrorisme. S'exprimant en marge de sa visite, ce mardi, au centre d'innovation technologique « Cornell tech », où il s'est entretenu avec la vice-présidente du centre, Cathy Dove, le chef du gouvernement a indiqué avoir évoqué avec son interlocutrice la possibilité de créer un projet similaire en Tunisie qui couvrirait la région de l'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du sud de la Méditerranée. Il a, à cet égard, mis l'accent sur les perspectives que pourrait ouvrir un tel projet pour les diplômés tunisiens. Situé au siège de Google à New York, « Cornell tech » est une académie spécialisée dans les hautes technologies. Le centre est un haut lieu de la technologie regroupant étudiants diplômés et professionnels de sociétés comme Google et Facebook travaillant dans des immeubles communs. Le chef du gouvernement provisoire s'est entretenu ensuite avec le président du conseil d'administration de Google Technology center, Eric Schmidt. La coopération sécuritaire, à l'ordre du jour Au cours de sa visite, Mehdi Jomâa sera reçu vendredi 4 avril à la Maison-Blanche par le président Obama. «La visite de Mehdi Jomâa aux USA témoigne des solides liens d'amitié entre les peuples américain et tunisien ainsi que de l'engagement américain marqué en faveur de la transition démocratique», avait souligné le communiqué de presse de la Maison-Blanche à l'annonce de la visite de Mehdi Jomâa à Washington. Le chef du gouvernement s'entretiendra à la résidence de Tunisie à Washington avec le secrétaire d'Etat américain adjoint William Burns. Il devra rencontrer aussi le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Jacob Lew. Durant son séjour, Jomâa aura également une série de rencontres avec des responsables au sein de l'Administration américaine et du Congrès américain ainsi qu'avec des hommes d'affaires et des chefs d'entreprises. Il s'entretiendra, en outre, avec la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, et aura une rencontre avec le président du groupe de la Banque mondiale (BM), Jim Yong-kim. Pour la première étape de sa visite à New York, le chef du gouvernement y rencontrera notamment des responsables de Google Technology et de Microsoft Technology. Le chef du gouvernement est notamment accompagné, lors de cette visite, du ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, du ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Technologies, Taoufik Jelassi, du ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur chargé de la Sécurité, Ridha Sfar, du secrétaire d'Etat au Développement et à la Coopération internationale, Noureddine Zekri, et du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari. Pour la présidence du gouvernement, l'enjeu de la visite officielle aux USA est de développer le partenariat entre Tunis et Washington en cette phase de transition afin d'aider la Tunisie à réussir son processus de transition. De son côté, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait annoncé, lors d'une brève visite en Tunisie en février dernier, avoir convenu avec le chef du gouvernement de tenir la première réunion de dialogue stratégique tuniso-américain au cours de la visite de Jomâa à Washington. Le dialogue stratégique, avait-il alors expliqué, vise à raffermir les relations bilatérales et se focalisera sur la coopération sécuritaire et l'instauration de relations économiques solides entre les deux pays. La coopération par les chiffres 1- Accord-cadre sur le commerce et l'investissement (TIFA): Préparatifs en cours de la 5e session du Conseil du commerce et d'industrie. 2- Echanges commerciaux: Le solde de la balance commerciale de la Tunisie vis-à-vis des Etats-Unis d'Amérique est négatif à -482.81 MD contre -728.2 MD en 2012 et -843.7 MD en 2011. Cette baisse du déficit de la balance des échanges avec les USA est due à une hausse continue des exportations tunisiennes vers les USA passant de 388.9 MD en 2011 à 808.94 MD en 2013. En 2013, le montant des importations tunisiennes en provenance des USA s'élève à 1291.75 MD. Le taux de couverture s'est nettement amélioré passant de 31.21% en 2011 à 62.62% en 2013. Les principales exportations tunisiennes vers les USA sont: huile d'olive, pétrole et produits dérivés, articles textiles, équipements électroniques, chaussures. Les importations sont : huile végétale, soja, orge, moteurs à gaz, équipements informatiques, composants électriques. 3- Les investissements américains en Tunisie: En 2013, le volume des investissements américains réalisés en Tunisie (hors énergie) s'élève à 184 millions de dinars contre 157.6 millions de dinars en 2011. 65 entreprises américaines opèrent en Tunisie (67 en 2011) et emploient 12 107 salariés (9694 en 2011). 4- Initiative américaine « Partenariat nord-africain pour les opportunités économiques » (Napeo). Lancée en 2010, cette initiative vise la promotion de l'entrepreneuriat des jeunes. Il est prévu que la troisième session de la Napeo se tienne en septembre 2014 en Tunisie après celles tenue en Algérie (décembre 2010) et à Marrakech (janvier 2012). Initiatives américaines en faveur de la Tunisie depuis le 14 janvier 2011 1- Fonds d'entreprises tuniso-américain (Tunisian-American Enterprise Fund): un concept qui propose de fournir des services d'accompagnement aux promoteurs tunisiens pour créer des PME. Avec un capital initial de 20 millions de dollars, le budget du fonds qui vient de s'établir en Tunisie après avoir finalisé les procédures légales nécessaires, a atteint 60 millions de dollars sur les 100 millions prévus initialement pour ce fonds. 2- Garanties d'emprunt : Les USA ont accordé à la Tunisie, en vertu d'un accord signé le 8 janvier 2012 à Washington, une garantie de prêt à hauteur de 30 millions de dollars pour contracter un prêt de l'ordre de 485 millions de dollars auprès des marchés financiers internationaux. 3- Don d'un montant de 100 millions de dollars : Les USA ont accordé à la Tunisie, en vertu d'un accord signé le 4 mai 2012 à Washington, un don qui s'élève à 100 millions de dollars pour rembourser ses dettes auprès de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine de développement (BAD). 4- Accord de garantie de prêt d'un montant de 70 millions de dollars financé par l'Agence d'investissement privé à l'étranger (Overseas private investment corporation-OPIC) dont la réalisation est assurée par l'Initiative du Moyen-Orient pour l'investissement (Middle East Investment Initiative). Cette garantie de prêt vise à financer les projets réalisés par les PME dans les activités sous franchise (Franchising) et la promotion des compétences. 5- Partenariat politique et économique tuniso-américain : la première réunion d'experts tenue dans le cadre de ce partenariat avait eu lieu le 14 septembre 2011 à Washington et avait été sanctionnée par une déclaration conjointe signée le 22 septembre 2011 à New York par les deux ministres des Affaires étrangères. Les deux parties avaient convenu d'élever ce partenariat au niveau d'un « dialogue stratégique » dont la première session se tiendrait à l'occasion de la visite du chef du gouvernement à Washington.