Les trois dernières années ont connu une intensification des opérations de contrôle et de sauvetage de la part de la marine nationale, notamment dans les eaux du sud tunisien. Outre les bases militaires maritimes principales de Bizerte, Kélibia et Sfax, une autre base secondaire est en cours de réalisation à Monastir. Les risques d'intrusion dans les eaux tunisiennes, notamment par des bateaux égyptiens, s'ajoutent aux menaces de contrebande de marchandises et d'armes en provenance de la Libye. Les efforts de la Marine tunisienne ont redoublé depuis la révolution pour parvenir à contrôler le littoral, alors que les contrebandiers, dont les activités sont réduites sur terre, optent pour les frontières maritimes, estimant qu'ils ont plus de chances de passer sous le voile des intempéries... « Avec les seize stations de contrôle éparpillées sur le littoral, les forces terrestres, les patrouilleurs rapides et lance-missiles, les unités de contrôle radar, les autres unités d'intervention rapide et autres moyens de sécurisation des côtes, nous parvenons à maîtriser la situation en dépit des dangers existants lors des intempéries». La réponse est claire de la part du colonel Abdelwaheb Khiari, commandant de la base marine de Bizerte, qui nous a permis de visiter cette ancienne et principale base mercredi dernier. Située sur le canal commercial de la ville, dernier territoire avacué par les Français, la base de Bizerte est bien positionnée pour assurer une bonne gestion des troupes, patrouilleurs et logistiques à la disposition de la Marine nationale. S'étalant sur un vaste espace avec des hangars et autres ateliers pour la maintenance, la base comporte aussi un centre de plongée et le premier caisson hyper-bar qui sert à l'oxygéno-thérapie hyper-bar ; le deuxième étant à la disposition de l'hôpital militaire à Tunis. Selon le colonel Abdelwaheb Khiari, les missions des forces de la Marine nationale consistent en la défense du territoire tunisien contre toute menace, la sécurisation des eaux territoriales, et au déminage des eaux tunisiennes, outre la sécurisation du trafic commercial, le sauvetage des personnes et des bateaux en détresse, la préservation des richesses maritimes et la réalisation de recherches en milieu aquatique. Trois bases militaires maritimes principales sont installées à Bizerte, Kélibia et Sfax, alors qu'une autre base secondaire est en cours de réalisation à Monastir, affirme le colonel Khiari. Avec plus de 220 mille bateaux passant d'une capacité de plus de 100 tonnes, un trafic de 20% des hydrocarbures du monde et 30% du trafic commercial mondial, les eaux territoriales sont plutôt très actives. Le commandant de la base de Bizerte précise que la sécurisation de ces eaux est assurée à trois niveaux : sur le littoral dans les eaux courtes, au niveau des eaux intérieures et des eaux territoriales, puis au niveau de la plateforme continentale. Pour le volet défense, plusieurs unités d'intervention rapide, outre les patrouilleurs lance-missiles et autres patrouilleurs rapides, sont sur leurs gardes pour effectuer des opérations d'intervention contre tout navire suspect. Dans ce sens, le capitaine de frégate Mehdi Sahraoui, commandant du patrouilleur lance-missiles La Galite, affirme que le contrôle radar de toute la zone nord, autour de Bizerte, est assuré avec une logistique tournante pour couvrir les eaux territoriales. Un espace difficile mais maîtrisable Lors d'un exercice, une équipe des forces spéciales de la Marine tunisienne équipée et armée a effectué, suite à l'identification d'un navire commercial suspect, une descente rapide sur ce dernier pour contrôler les individus et le matériel qu'elle a saisi et ramené au port le plus proche. Certes, la mer est difficile à emprunter et à contrôler mais l'intervention y est plus facile pour les patrouilleurs. Pas de chance pour les fuyards! Selon les conventions internationales, les bateaux commerciaux de passage ne sont pas tenus d'informer sur leur passage mais sont strictement obligés de garder une seule direction et une seule vitesse. De retour sur terre, le lieutenant colonel Wajdi Kriâa, commandant du centre de plongée, nous a présenté les différentes catégories d'équipes de plongeurs; forces spéciales, démineurs et autres, que le centre forme en continu ainsi que le matériel dont elles sont équipées pour des plongées au narguilé ou en autonome ou scuba. D'après le lieutenant-colonel Kriâa, le centre de plongée de la Marine de Bizerte est le seul à l'échelle nationale qui assure une formation selon les standards internationaux, et il existe une intention de créer un centre de formation professionnelle dans le domaine de la plongée et des travaux sous-marins à Zarzis, qui serait opérationnel en 2017 ou 2018. Pour sa part, le médecin-colonel Hatem Souissi a expliqué les méthodes de traitement via l'oxygéno-thérapie grâce au caisson hyper-bar qu'on assure aux plongeurs suite à d'éventuels incidents qui causent de l'intoxication au monoxyde de carbone, des infections, des surdités brusques, des bourdonnements d'oreilles, ou des lésions aux pieds diabétiques. L'ambiance dans la base marine de Bizerte est plutôt calme à l'instar de la mer qui l'entoure. On dit qu'après ce genre de calme sourd vient toujours la tempête. Les forces de la Marine nationale savent cela très bien et s'y préparent de la meilleure manière. D'ailleurs et d'après les dispositifs qu'on a pu observer, la situation dans les eaux tunisiennes est plutôt rassurante...