La création du pôle de compétitivité serait-elle l'alternative adéquate pour décongestionner une situation qui ne fait qu'empirer? L'après-14 janvier a généré à Gafsa une question pertinente et qui comporte une partie explicative des troubles relevés dans le bassin minier : y a-t-il une vie après le phosphate ? Ou plutôt quel aspect auront ces contrées sans le phosphate? Certes, les réserves dont disposent les couches souterraines permettent le luxe pour de nombreuses années, mais c'est l'après-phosphate qui suscite les interrogations ; et pour pousser la réflexion : a-t-on conçu une vie sans le phosphate ? La CPG, au centre d'une vive polémique houleuse depuis la révolution du jasmin, est-elle le problème ou la solution à une situation de chômage cauchemardesque ? Pourra-t-elle poursuivre son rôle de principal employeur à une période cruciale caractérisée par une conjoncture économique délicate tant nationale que mondiale ? Les instances politiques ont-elles les moyens d'aller loin pour prospecter de nouvelles perspectives dans la lutte contre le problème numéro 1 qui paralyse la quête de transition ? Un flash-back sur l'année 2007 laisse dégager un taux d'employabilité dans le secteur minier de plus de 80% de la population, avec la tendance à procéder à une compression de ce chiffre par le biais d'une stratégie élaborée à cette époque mais qui a montré ses limites avec un tollé soulevé dans les villes minières et les événements qui se sont succédé, pour citer le soulèvement à Redeyef en 2008. Et pour procéder à la mise en place de cette stratégie, il fallait faire intervenir de nouveaux acteurs censés se mêler à la bataille et mettre la main à la pâte pour épauler les efforts des décideurs. La création du PCG (Pôle de compétitivité de Gafsa) s'inscrit dans ce sillage, mais est-elle l'alternative adéquate pour décongestionner une situation qui ne fait qu'empirer ? Considéré comme une perche tendue pour doper l'attractivité de la région en offrant des conditions séduisantes et privilégiées aux entrepreneurs désireux de venir s'implanter, cet organisme pourrait jouer pleinement le rôle auquel il est destiné en s'évertuant à diversifier ses activités à travers le maillage de services et d'accueil des investisseurs. Mais force est d'admettre que la bataille est loin d'être gagnée et le constat impose une relève pour alléger le fardeau. Et là se pose la question de se pencher sur l'efficience de cette création et ses acquis relevés dans une région présentant des potentialités et des opportunités prometteuses qui ne demandent qu'à être explorées et exploitées. Et pour contribuer un tant soit peu aux demandes pressantes de nos jeunes chômeurs diplômés de l'enseignement supérieur, il faudrait innover et créer. L'issue de secours passe inéluctablement par la voie du salut qui consiste en la création de PME qui s'impose comme un passage incontournable. Et même si les chiffres n'engagent que ceux qui en font une religion, force est d'admettre que ceux inhérents à la toile du chômage constituent une bombe à fragmentation dont l'effet d'explosion a causé du mal dans la région et l'avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices si on ne se presse pas pour juguler ce fléau. Février 2012, le chiffre donne des frissons : 36.259 recensés dans ces contrées parmi lesquels on compte 15.698 diplômés du supérieur alors qu'à la fin de l'année 2010, on comptait 13.343 dans cette catégorie de demandeurs d'emploi qui évolue au rythme d'une courbe exponentielle surtout que le campus universitaire dans le gouvernorat de Gafsa injecte annuellement entre 4.000 et 5.000 nouveaux diplômés. Dans la région de Gafsa, il existe déjà un cyberpark avec un programme ambitieux et une infrastructure de télécommunications performante. Dans ce sens, un haut cadre du PCG nous révéla l'autre jour que le fabricant japonais Yakazi externalise ses activités financières au Maroc et en Turquie. Est-ce que la qualité requise n'existe pas ? Loin de là, mais c'est plutôt la stratégie à adopter pour booster ce secteur et le doter de facteurs séducteurs pour conférer une dimension internationale aux plates-formes déjà sur place.