Points forts : l'appui de l'UE auprès des Nations unies concernant l'initiative tunisienne relative à la Libye. La France prête à aider la Tunisie dans l'affaire des otages détenus dans ce pays... Fabius et Steinmeier appellent la Russie à la désescalade au sujet de l'Ukraine Confiance et mobilisation : deux mots-clés prononcés par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, pour résumer les tenants et les aboutissants de sa visite conjointe avec son homologue allemand, Franck Walter Steinmeier (24 et 25 avril), lors d'un point de presse tenu, hier, au siège du ministère des Affaires étrangères. Confiance dans la réussite du processus démocratique, couronné par l'adoption de la nouvelle Constitution et par l'évolution positive vers la prochaine élaboration de la loi électorale et l'organisation des élections à la fin de l'année en cours. Confiance dans les efforts de la Tunisie, engagée désormais sur la voie du redressement économique et de la concrétisation des attentes de la révolution : «Le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, nous a fait savoir que les décisions nécessaires sont prises », déclare Fabius. Confiance, également, sur le plan sécuritaire, malgré une situation difficile en raison de l'instabilité qui prévaut en Libye. « A ce titre, nous appuyons l'initiative prise par la Tunisie auprès des Nations unies pour envoyer un émissaire en Libye dans le but de trouver un moyen au désarmement des zones frontalières du sud », affirme encore le ministre français. Le soutien de l'Allemagne se poursuivra dans les prochaines années Résultat de cette confiance : une mobilisation de l'Europe à travers, notamment, la visite symbolique des représentants de la première et de la deuxième puissance économique du bloc européen. « Nous sommes venus exprimer notre respect et notre soutien à la Tunisie, car beaucoup de changements ont pris leur point de départ de Tunisie, même si certains se sont soldés par un retour en arrière », indique le chef de la diplomatie allemande. « L'Allemagne et la France sont prêtes à soutenir le processus de transition en Tunisie et, pour l'Allemagne, ce soutien va se poursuivre dans les années à venir », a ajouté Steinmeier. Le diplomate allemand salue, à l'occasion, les efforts du gouvernement actuel en vue de créer des emplois, mais il a fait remarquer que les entreprises, en l'occurrence étrangères, ne s'installent et n'évoluent que lorsque les conditions de l'investissement sont réunies. Steinmeier n'a pas manqué, à l'occasion, de faire remarquer que le plus grand obstacle perçu au sein de l'ANC, c'est l'impatience des jeunes de voir leurs conditions de vie s'améliorer rapidement. « Le changement, soutient-il, ouvre la voie à plus de prospérité et, au cours de nos contacts avec des responsables politiques et économiques tunisiens, nous avons constaté que des choses très ambitieuses sont en train d'être réalisées ; il faut donc faire en sorte que la perception des choses change chez les jeunes et nous allons apporter notre contribution pour faire valoir cette perception positive ». Accélération de la procédure de transfert des 500 millions d'euros français Concrètement, la mobilisation, c'est surtout l'aide financière au développement, sous tous ses angles (lutte contre le terrorisme, soutien à l'économie et à la société civile). Sur ce chapitre, « nous avons décidé l'accélération de la procédure de transfert des 500 millions d'euros promis par le président François Hollande, dont 340 millions d'euros sous forme de prêt pour le développement territorial ( réseau ferroviaire, ponts...) », précise Fabius, ajoutant que l'Agence française de développement (AFD) dispose de 550 millions d'euros dans plusieurs projets de rénovation de quartiers populaires, de travaux d'assainissement et d'adduction d'eau potable. Sans oublier les projets inscrits dans le cadre de la reconversion par la France de la dette tunisienne, de l'ordre de 60 millions d'euros. Du côté de l'Union européenne, Fabius annonce la mobilisation de 300 millions d'euros d'aide macrofinancière pour la période 2014-2025, actuellement en négociation. Les multiples et nombreuses discussions entamées en Tunisie seront, en effet, poursuivies et approfondies lors des prochaines visites de Mehdi Jomâa, en France, les 28 et 29 avril, et en Allemagne au mois de juin prochain. « Nous souhaitons que la Tunisie bénéficie du même niveau d'assistance avancé que certains pays de l'Europe de l'Est », conclut le chef de la diplomatie française. A la question de savoir si la France, qui a une expérience en matière de libération d'otages, est disposée à prêter main-forte à la Tunisie dans l'affaire des otages tunisiens en Libye, Fabius répond par l'affirmative : « Si la Tunisie sollicite l'aide de la France ». Ukraine : appel conjoint à la désescalade Mongi Hamdi, ministre des Affaires étrangères, qualifie, pour sa part, cette visite conjointe de «première du genre» et de « geste fort qui traduit la mutation qualitative des relations stratégiques entre la Tunisie et ces deux pays européens ». Des horizons plus ouverts sont ainsi envisagés en termes de coopération économique et d'intérêt commun autour des différentes crises régionales et conflits. Ainsi, à propos de la crise ukrainienne, les chefs de la diplomatie française et allemande ont appelé la Russie à la désescalade de la violence et au retour au dialogue, dans le cadre des Accords de Genève, et à la non-ingérence des parties extérieures dans les affaires de l'Ukraine. De son côté, le chef de la diplomatie tunisienne a déclaré que la Tunisie soutient toute décision des Nations unies au sujet de la crise en Ukraine.