Les Tunisiens disposent d'un mois (12 mai/13 juin 2014) pour prêter de l'argent à leur pays. Une opportunité offerte par l'ouverture des souscriptions à l'emprunt national mis en place, en un temps record, par le gouvernement. Une souscription qui permettrait à l'Etat de mobiliser des ressources aux fins de financer une partie des besoins du budget de l'Etat, au titre de l'année 2014. Ouvertes le 12/05/2014, les souscriptions à l'emprunt national seront clôturées le 13 juin prochain. Les Tunisiens disposent donc d'un mois pour apporter leur contribution au redressement de l'économie, et aider l'Etat à lever des fonds. D'ailleurs, l'Etat compte essentiellement sur les contributions des Tunisiens. Aussi, Hakim Ben Hammouda, ministre de l'Economie et des Finances, a-t-il lancé, hier, lors d'une rencontre de presse, un appel à l'ensemble des Tunisiens, à l'intérieur du pays et à l'étranger, à souscrire à l'emprunt national. «Nous comptons sur la contribution de tous les Tunisiens à l'effort de souscription à l'emprunt national. Une opportunité qui permettrait une participation de tous les citoyens, à l'amélioration de la croissance, et par là même à la création d'emplois», a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances. Le ministre a précisé que la souscription à l'emprunt obligataire est un investissement à moyen et long termes, sachant que l'emprunt fournirait à l'Etat des ressources financières additionnelles. Des ressources qui seront exploitées, selon le ministre, dans l'investissement, dans les infrastructures. C'est le Décret n° 2014-1323 du 22 avril 2014 qui fixe les conditions de l'emprunt national : le taux d'intérêt et valeur nominale de chaque obligation. Aussi, apprend-on que les obligations sont nominatives, et qu'elles sont destinées aussi bien aux personnes physiques que morales. Quant aux prix de souscription et d'émission, ils sont variables, selon la catégorie de l'obligation. Et, elles sont au nombre de trois. D'abord, la catégorie «A», dédiée aux personnes physiques. L'obligation est d'une valeur de 10 dinars, sur une durée de 5 ans, et avec un taux d'intérêt de 5,95%. Ensuite, la catégorie «B», d'une valeur de 100 dinars, sur une durée de 7 ans, et avec un taux d'intérêt de 6,15% et un délai de grâce d'un an. Enfin, la catégorie «C», d'une durée de 10 ans et avec un taux d'intérêt de 6,35% et un délai de grâce de deux ans. Le ministre a, par ailleurs, souligné que les obligations de la catégorie « A » seront amortissables et remboursables annuellement à raison de 2.5 dinars par obligation à partir de la deuxième année, soit le un quart de la valeur nominale. Par contre, les obligations de la catégorie « B » seront amortissables et remboursables annuellement, à raison de 20 dinars par obligation à partir de la troisième année, soit le un cinquième de la valeur nominale. Quant aux obligations de la catégorie «C», elles seront amortissables et remboursables annuellement, à raison de 12.5 dinars par obligation à partir de la troisième année, soit le un huitième de la valeur nominale. L'emprunt obligataire national est ouvert, non seulement aux Tunisiens, résidant en Tunisie, mais aussi aux non-résidents. Le ministre a expliqué que ces derniers peuvent souscrire et acquérir les titres de l'Emprunt obligataire national en dinar, par débit de leurs comptes étrangers ouverts auprès des banques en devise ou en dinar convertible ou par virement bancaire de l'étranger. Les détenteurs de ces titres peuvent transférer le principal et les intérêts y afférents selon la réglementation des changes en vigueur et notamment l'utilisation de la fiche d'investissement lors de la souscription». «La souscription est également ouverte aux étrangers, ajoute le ministre, qui peuvent participer dans la limite de l'enveloppe semestrielle autorisée sur les BTA». Quelques jours après le lancement des souscriptions à l'emprunt national, le ministre est optimiste. Il estime qu'une vraie mobilisation s'est mise en place et qu'un certain nombre d'hommes d'affaires, ainsi que des associations de la société civile, s'impliquent fortement pour la réussite de l'opération. Sans compter que le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, et le président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, ont déjà souscris à l'emprunt. Concernant le gouvernement, Hakim Ben Hammouda a annoncé que tous les membres du gouvernement participeront à la souscription à l'emprunt national, à hauteur de 10% de leur salaire au titre du mois de mai. A noter que le ministère de l'Economie et des Finances a lancé, depuis hier, une grande campagne de communication dont la finalité est de sensibiliser les citoyens et les appeler à adhérer à cette opération pour soutenir la Tunisie. Nidhal Ouerfelli, porte-parole du gouvernement, a de son côté précisé que la sortie de crise n'est pas la seule responsabilité du ministère de l'Economie et des Finances. C'est la responsabilité de tous, du gouvernement certes, mais aussi de tous les citoyens. Aussi, le porte-parole du gouvernement, a lancé un appel à tous les Tunisiens, pour adhérer à la souscription à l'emprunt obligataire national. Un emprunt qui mobiliserait quelque 500 MD. «Une enveloppe réaliste», a précisé Hakim Ben Hammouda. «Car, elle nous permettra d'éviter le fait d'éviction à un moment où le pays connaît une crise de liquidités». Mais quand on sait, et le chef du gouvernement l'a bien rappelé, lors de sa conférence de presse du mercredi, que 50% de l'économie sont accaparés par le commerce parallèle, pourquoi n'a-t-on pas procédé à une amnistie fiscale, afin de ramener la liquidité qui circule dans l'économie informelle ? Les souscriptions à l'emprunt obligataire national sont ouvertes du 12/05/2014, jusqu'au 13/06/2014. Néanmoins, elles peuvent être clôturées avant cette date ou prorogées à une nouvelle date sur une décision du ministre de l'Economie et des Finances. Sachant que les souscriptions à l'emprunt et les versements seront reçus aux guichets de toutes les banques et des intermédiaires en Bourse Un slogan loin de la souscription Trois jours après l'ouverture des souscriptions à l'Emprunt obligataire national, le ministère de l'Economie et des Finances a lancé une grande campagne de sensibilisation afin d'inciter les Tunisiens à souscrire et contribuer à l'effort de sortie de crise. Une campagne composée de spots radios, télés, ainsi qu'une campagne d'affichage publique. Cependant, le slogan sous lequel est placé la campagne n'a rien d'incitatif et ne met surtout pas en valeur l'importance de cette opération. Placer la campagne sous le signe de «l'opportunité de la vie» ne reflète en rien la contribution du Tunisien dans le redressement de l'économie nationale, et dans l'effort d'amélioration de la croissance. Un slogan qui ne parle pas aux Tunisiens de l'emprunt national. Bien au contraire, la première réflexion qui vient à l'esprit rappelle les spots publicitaires commerciaux, à l'approche de la saison des «mariages» ! I.B.