La stratégie de prévention des maladies et des accidents professionnels devrait être élargie progressivement à tous les secteurs qui présentent des risques Plusieurs journées de travail sont perdues par les entreprises tunisiennes suite aux accidents et maladies professionnels, dus à l'exposition aux substances nocives. Ce manque de rentabilité a des impacts négatifs sur la compétitivité, et met les entreprises dans une situation embarrassante. D'où la nécessité d'intégrer les moyens de protection des travailleurs et de prévention des accidents et des maladies professionnels. D'ailleurs, les XIes Assises internationales en santé et sécurité au travail, qui ont démarré hier et se poursuivent aujourd'hui dans un hôtel sur le thème : «Poumon et environnement du travail», ont été une occasion pour mettre en exergue le chemin qui reste à parcourir pour améliorer un tant soit peu l'environnement du travail, ce qui permettrait aux travailleurs de produire plus et mieux. Organisées par l'Institut de santé et de sécurité au travail (Isst) en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Institut national français de recherches sociales (Inrs) et le Bureau international du travail (BIT), les Assises sont une occasion aux différents partenaires sociaux pour s'exprimer et formuler des propositions à propos des maladies et accidents professionnels. Les deux tables rondes aborderont les thèmes de «L'organisation des premiers secours dans l'entreprise» et «La conception des locaux et postes de travail». Se conformer aux normes internationales Selon M. Ahmed Ammar Yenbai, ministre des Affaires sociales, la prévention en milieu professionnel constitue l'une des priorités de son département, compte tenu de ses impacts dans les domaines sociaux et économiques. Le ministère essaye, à travers ses différentes structures ,d'appliquer, de façon optimale, les plans d'action mis en œuvre en matière de prévention des maladies et des accidents professionnels. Il a relevé qu'une stratégie préventive a été mise en place dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, compte tenu du nombre important des travailleurs touchés par les accidents et les maladies au travail. Cette stratégie devrait toucher progressivement tous les secteurs d'activités, rassure l'orateur. Un classement de secteurs a été convenu avec les différents partenaires pour l'application de la stratégie sur la base du nombre des accidents et maladies professionnels. L'orateur a rappelé, par ailleurs, le contrat social signé le 14 janvier 2013 et qui a été axé autour de cinq chapitres, dont l'un concerne les relations professionnelles. C'est le cadre approprié, selon le ministre, pour aborder l'aspect relatif aux accidents et aux maladies professionnels, dont le système doit être amélioré après sa révision. D'où l'importance des propositions à formuler par les spécialistes dans ce domaine. Le ministre a souligné, d'autre part, que les prestations de l'Isst doivent se conformer aux normes internationales en tenant compte, bien sûr, des spécificités tunisiennes pour répondre parfaitement aux exigences des entreprises économiques. Le ministère des Affaires sociales compte, d'ailleurs, changer le caractère administratif de cet Institut et d'assurer sa restructuration durant la période 2014-2015 en vue de fournir des prestations de qualité, proches des entreprises. Dans ce cadre, des unités régionales de sécurité et de santé au travail devraient être installées progressivement, ce qui entraînerait une meilleure production. A elles seules, les maladies pulmonaires représentent près de 14% — soit 396 cas sur un ensemble de 2.546 cas — déclarées à la Caisse nationale d'assurance maladie sur la période allant de 2010 à 2013. C'est dire la gravité de ces maladies auxquelles il faut donner l'importance nécessaire pour trouver des solutions adéquates. Un projet de texte de loi est en cours d'élaboration pour le secours au sein de l'entreprise, en plus de la conception des lieux de travail. Le représentant de l'Ugtt a insisté, de son côté, sur l'importance de la préservation des ressources humaines au sein des entreprises et la force de proposition dévolue à la centrale syndicale. Il a noté que le système de prévention des maladies et des accidents au travail se caractérise par certaines faiblesses et des disparités régionales. Le temps est donc venu pour sa révision. L'orateur a proposé de généraliser les prestations du système en question et de prévoir des mesures dissuasives pour les entreprises en infraction dans ce domaine. Le travail agricole et de la pêche fait également l'objet de plusieurs risques de maladies et d'accidents au travail, selon le représentant de l'Utap. Le renforcement des moyens de protection est devenu un impératif pour permettre aussi bien aux agriculteurs qu'aux pêcheurs de continuer à travailler dans un milieu favorable et protégé. Nous y reviendrons.