«Le peuple tunisien a montré qu'il ne craint pas les terroristes, car alors que ces derniers tiraient avec des kalachnikovs, les habitants ripostaient avec de simples jets de pierres. Avec un peuple pareil et des citoyens aussi conscients, nous vaincrons le terrorisme grâce à Dieu». C'est ce qu'a déclaré le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, en réaction à l'attaque terroriste du domicile du ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, à Kasserine et qui s'est soldée par quatre morts parmi les agents de sécurité. Il a, par ailleurs, ajouté qu'«après l'opération terroriste du week-end dernier, les terroristes ont voulu nous envoyer un message clair, mais nous avons entamé cette guerre en sachant ce qui nous attendait. Ils vont nous faire du mal, mais nous allons les vaincre. Leurs objectifs, c'est la chute de l'Etat, l'ébranlement de la stabilité du pays, en profitant des tiraillements politiques, mais nous allons gagner moyennant quelques sacrifices et grâce à l'unité du peuple». Par ces déclarations adressées aux médias, le message du chef du gouvernement est tout aussi clair : «Nous sommes déterminés à combattre et à lutter contre le terrorisme en unissant tous nos efforts». Autrement dit : pas de place aux tiraillements politiques et à la division si nous voulons vraiment nous unir contre le terrorisme. Mieux, le ministre de l'Intérieur a lui-même déclaré hier sur un ton ferme et déterminé depuis Kasserine, où il a rejoint sa famille, ciblée par l'attaque : «Il n'est pas question que ma famille déménage de Kasserine pour s'installer à Tunis». Le ministre de l'Intérieur brave, donc, les menaces de mort qui pèsent sur lui et sa famille et refuse que «l'on baisse les bras, que l'on craigne le terrorisme». Concluant : «Nous réussirons à éradiquer ce corps étranger du pays». Par leurs réactions, ces deux personnalités de l'exécutif disent clairement que «le terrorisme ne passera pas et que la Tunisie vaincra les traîtres qui veulent du mal au pays et à son peuple». Toutefois, cette détermination dans la parole doit être également suivie par des gestes et des actes. C'est pourquoi les résultats de l'investigation en cours et la vérité doivent être divulgués au peuple car d'aucuns s'interrogent en reprochant le «laxisme» voire la «complicité» de certains milieux sécuritaires. Or, les citoyens veulent savoir et comprendre ce qu'il en est exactement. D'autre part, la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme est plus que jamais nécessaire, soit activer les lois antiterroristes, consacrer un pôle judiciaire chargé des actions terroristes, assurer des moyens logistiques aux forces de sécurité, éradiquer tout discours extrémiste dans les mosquées, poursuivre en justice les associations et les partis qui contribuent d'une manière ou d'une autre à l'envoi de nos jeunes faire le soi-disant djihad en Syrie, interdire tout discours insidieux tolérant envers les jihadistes et les terroristes distillé par les médias intégristes qui sévissent dans le paysage médiatique, etc. Cette stratégie globale et nationale de lutte antiterrorisme que plusieurs syndicats de la sûreté intérieure ont appelée de leurs vœux, depuis plus d'une année tarde, en fait, à être mise en place. Or, ce n'est que par l'adoption d'une stratégie réelle et efficace que le terrorisme ne pourra pas jamais passer et qu'on pourra éradiquer et mettre fin à ce hideux phénomène.