Les Bizertins et les estivants de la côte nord vivent dans l'appréhension de voir leurs plages de nouveau squattées par des commerçants à l'esprit foncièrement mercantiliste. La perspective d'une saison estivale gâchée se profile et inquiète la population. La saison estivale écoulée a été vécue comme un cauchemar par les Bizertins. Mais pas seulement ! Les estivants étaient également venus en nombre, mais ce fut pour découvrir, à leur grand désappointement et détriment, «une véritable opération de squat » et de confiscation de l'immense étendue de leurs plages, allant de Ghar El-Melh à Cap Serrat et Sidi Mechreg. Les mésaventures des familles étaient quotidiennes et leurs sorties pour une journée de plaisir et de farniente étaient pleines d'incertitudes, voire imprégnées d'une vague inquiétude. Aussi bien sur les plages de Bizerte, notamment de la Corniche, que de Rafraf ou Ghar El-Melh, des individus sans vergogne, animés d'un profond sentiment de mercantilisme débridé, avaient planté les piquets de leurs «bases», s'appropriant de larges portions de plage et leur adjoignant des espaces qu'ils aménageaient en parkings. Les éventuels visiteurs étaient ainsi contraints, soit de se plier aux conditions de ces vautours, soit de faire demi-tour et faire un trait sur leurs droits aux vacances. Violation du cahier des charges Outre ces «envahisseurs» de plages, des autorisations avaient été accordées par la mairie, pour occupation temporaire des... trottoirs, par la direction régionale de l'équipement pour installation de panneaux publicitaires géants, barrant la promenade, par l'Apal pour exploitation des plages pour des projets en liaison avec les activités de la mer et de la période estivale. Chacune de ces instances fait valoir ses attributions, mais souligne «une violation flagrante du cahier des charges». Grand émoi dans la population et au sein des associations de protection de l'environnement qui saisissent les autorités et rapportent les inquiétudes des citoyens. Cependant, la saison s'est achevée sans qu'une seule mesure n'ait été prise à l'encontre des contrevenants. Ceux-ci n'ont cure des engagements pris et avalisés. Ils vouent un mépris le plus total autant aux lois qu'à ceux qui sont appelés à les appliquer, sans compter les citoyens exposés aux arnaques. Ne peut-on pas prendre des mesures contre ces gens ? Le représentant de l'Apal à Bizerte, qui a également en charge les régions de Jendouba et de Béja, dénonce les comportements «d'une frange d'exploitants dont la majorité est respectueuse de ses engagements». Il a indiqué que des plaintes avaient été déposées contre les contrevenants sans que personne ne soit inquiété. L'Apal, nous a appris son responsable régional, s'est assuré les services d'avocats pour déposer et assurer le suivi des procès intentés contre les transgresseurs. Toutefois, la population, relayée par des associations, ne cache pas son appréhension. Il lui semble que ces pratiques ne sauraient être contrées en l'absence d'une réelle volonté d'y mettre un terme. Par le recours aux sanctions qui pourraient aller des amendes aux fermetures, solutions les plus préconisées par des citoyens de plus en plus atterrés. Par la disparition des plages. Celles de la Corniche de Bizerte, essentiellement, qui ne sont plus que des bandes étroites et incongrues de sable que des occupants insolents et irrespectueux leur usurpent. Cependant, les promesses des responsables de la région laissent entrevoir quelque espoir de voir les plages revenir à leurs ayants droit. Il leur restera, toutefois, à lutter contre un autre phénomène : l'occupation, sur des kilomètres, des trottoirs de la Corniche, par des voitures. Ce qui contraint les promeneurs à emprunter la chaussée avec tous les risques que cela comporte.