L'avocat de Kamel Letaief accuse Me Cherif Jebali, de manière très claire, d'être à l'origine des fameux SMS Nizar Ayed, l'avocat de l'homme d'affaires Kamel Letaief, a annoncé hier que le juge d'instruction de la première chambre du Tribunal de première instance de Tunis 2 a décidé, le 30 mai, de clore définitivement l'instruction dans l'affaire de conspiration contre la sûreté de l'Etat ouverte à l'encontre de son client ainsi que plusieurs anciens ministres et cadres sécuritaires. Il s'agit de Mohamed Ben Rejab, ancien ministre de l'Intérieur; Taoufik Dimassi, ancien directeur général de la sécurité publique, Mohamed Lazhar Akremi, ancien ministre chargé de la Réforme du système sécuritaire, Taoufik Bououn, ancien directeur général de la sécurité touristique, Taoufik Friha, directeur général au ministère de l'Intérieur et Mohamed Nabil Abid, ancien dirigeant chargé de la direction générale de la sécurité nationale. «Dans la logique de la décision du juge d'instruction, le ministère public a demandé le classement sans suite du dossier, pour insuffisance de preuves, a déclaré Me Nizar Ayed. L'instruction ouverte en 2011 sur la base d'une délation s'avère donc sans fondement, étant donné que le dossier est complètement vide". L'affaire avait été déclenchée suite à une plainte déposée par l'avocat Cherif Jebali, réputé proche des islamistes. Il s'était à l'époque appuyé sur des supposés "SMS codés". Un nouveau départ pour la justice? Selon l'avocat, cette décision "courageuse" du juge d'instruction mais aussi, plus largement, les récentes décisions de justice «traduisent l'existence, désormais, d'un embryon de justice réellement indépendante». En réaction, l'avocat Cherif Jebali a estimé, pour sa part, que la décision "est illégale". Selon lui, cette affaire aurait dû relever des compétences du tribunal militaire. "J'ai envoyé deux demandes au procureur de la République, expliquant que l'accusation de complot contre la sûreté de l'Etat relève de la compétence du tribunal militaire, du fait de l'implication de cadres sécuritaires", a indiqué à La Presse Cherfi Jebali. Il soupçonne également l'existence de pressions venues "de décideurs puissants et notamment de ministres" pour classer sans suite l'affaire Kamel Letaief. "Les juges d'instruction qui se sont succédé dans cette affaire ont accumulé des preuves accablantes contre l'homme d'affaires, avant d'être dessaisis, a-t-il précisé. Mais lorsque le dossier a été transféré à Tunis 2, j'ai compris qu'il allait bientôt être classé définitivement". Cherif Jebali dans le collimateur La cour de cassation, après étude du dossier, a estimé, à juste titre, que «le juge d'instruction qui a tenté de convoquer par la force mon client a commis une infraction, et l'a donc dessaisi du dossier en faveur d'un nouveau juge d'instruction à Tunis 2». L'avocat de Kamel Letaief va plus loin, il accuse Me Cherif Jebali, de manière très claire, d'être à l'origine des fameux sms. Selon lui, le juge d'instruction a chargé la première brigade centrale de la garde nationale de Laouina de mener l'enquête. Une enquête qui aurait débouché sur des liens entre l'expéditeur de six SMS d'un numéro tunisien, et l'avocat Cherif Jebali. "Une enquête approfondie a mené la brigade à un certain Youssef Chebbi, habitant la cité Mohamed-Ali à Radès, qui s'est avéré être l'expéditeur véritable des SMS à partir d'un numéro de téléphone inscrit au nom d'une tierce personne, a-t-il avancé. Youssef Chebbi a également émis des appels par son téléphone personnel". Ensuite, les enquêteurs auraient cherché à établir des liens entre cet individu et chacun des trois principaux protagonistes de l'affaire, à savoir Kamel Letaief, l'avocat Mongi Fekih (destinataire des SMS) et l'avocat Cherif Jebali. "Aucun lien direct ou indirect n'a pu être établi avec Kamel Letaief et Mongi Fekih, indique-t-il. En revanche, les enquêteurs ont réussi à identifier cinq personnes qui sont à la fois en contact avec l'expéditeur des SMS et l'avocat Cherif Jebali". Me Nizar Ayed a indiqué à La Presse que ce qui intéresse son client, principale victime de ces SMS, est de savoir "qui manipule Cherif Jebali ?". Une accusation qui ne semble pas inquiéter Me Cherif Jebali, il serait même heureux si l'accusation devenait officielle, "car cela, dit-il, permettrait de rouvrir le dossier de l'enquête".