Le Centre veut protéger le corps journalistique Le Centre tunisien des études de sécurité globale a présenté, jeudi, au cours d'une conférence de presse, les grandes lignes de sa stratégie de lutte contre le terrorisme. Nasr Ben Soltana, expert en sécurité et président du centre, a indiqué qu'en l'absence d'une stratégie claire de lutte contre le terrorisme en Tunisie, le centre en a élaboré une, dont une copie a été présentée à la présidence de la République et une autre à la présidence du gouvernement. Ben Soltana a émis l'espoir de voir cette stratégie adoptée. « Même si elle ne revêt nullement le caractère obligatoire, cette stratégie établit un diagnostic de la réalité du terrorisme en Tunisie et propose des mécanismes pour la lutte contre ce phénomène », a-t-il précisé. La stratégie, élaborée par le Centre tunisien des études de la sécurité globale, comporte les axes suivants : le diagnostic de la lutte contre le terrorisme, la définition du concept de stratégie globale de lutte contre le terrorisme et les structures à créer dans le cadre de cette stratégie. Dans son intervention, le colonel-major à la retraite et membre du centre Mokhtar Ben Nasr a précisé que cette stratégie, la première du genre en Tunisie, présente plusieurs propositions pratiques que l'Etat devrait, selon lui, mettre en application pour combattre les groupes terroristes. De son côté, Cheikh Férid Béji, président de l'Association Dar Al-Hadith Zitouna et membre du centre, a qualifié d'«ennemi terroriste» toute personne portant une idéologie appelée le « wahhabisme jihadiste » ou le salafisme jihadiste. Il a, dans ce contexte, soutenu que les institutions sécuritaire et militaire et certains établissements médiatiques sont infiltrés par des membres du courant Ansar Echaria, organisation classée terroriste et interdite en Tunisie. Il a estimé que cette infiltration qui, selon lui, bénéficie d'un appui politique et partisan au sein même de l'Assemblée nationale constituante, exige l'activation de la stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Celle-ci tend à mettre à contribution les médias et les composantes de la société civile dans les efforts visant à lever le voile sur ces réseaux terroristes et à épurer les institutions de l'Etat de ces groupes. Alaya Allani, historien, expert des formations islamistes et membre du centre, a appelé à renforcer les moyens logistiques pour une lutte efficace contre le terrorisme et à réaliser des projets d'investissement dans les zones frontalières et les régions marginalisées, de manière à limiter l'ampleur de la contrebande qui, à ses yeux, représente l'autre visage du terrorisme. Déterminer le corps journalistique Par ailleurs, le Centre tunisien des études de sécurité globale « s'emploie à se doter d'un cadre juridique à même de permettre de déterminer le corps journalistique en Tunisie et de l'immuniser contre toutes les tentatives d'infiltration destinées à servir des agendas suspects, en particulier le terrorisme », a indiqué un membre du comité directeur du centre, le journaliste Zied El-Héni. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un ensemble d'approches et projections proposées dans le but d'accroître le niveau de rendement de toutes les parties concernées par la lutte contre le terrorisme en Tunisie, parmi lesquelles les journalistes, a expliqué El-Héni dans une déclaration à l'agence TAP en marge d'une conférence de presse du centre, destinée à présenter les grandes lignes de sa stratégie tous azimuts de lutte contre le terrorisme. Il a mis l'accent, à ce propos, sur la nécessité d'identifier clairement la qualité de journaliste pour pouvoir déterminer valablement le corps journalistique, et ce, par l'établissement d'une liste nominative des professionnels du secteur sur la foi de la possession de la carte de professionnel ou de la carte d'affiliation au Syndicat national des journalistes tunisiens, en attendant l'avènement de l'Union des journalistes tunisiens auquel reviendra de définir le corps journalistique. En vertu d'une loi en cours d'élaboration, sera considéré usurpateur de qualité quiconque se présentera comme journaliste sans prouver son appartenance à la profession, ce qui l'exposera à des poursuites pénales, a-t-il révélé. A l'image d'autres secteurs sensibles, a ajouté El-Héni, celui de la presse est infiltré par certaines parties à la solde d'agendas suspects, ce qui appelle des mesures propres à protéger le secteur de toute interférence étrangères et à donner au journaliste les moyens de remplir convenablement son travail, à l'abri de toute forme d'exploitation et d'instrumentalisation.