Le livre raconte (documents, articles de presse et correspondances à l'appui) tous les stratagèmes mis en œuvre par le pouvoir de l'époque pour réduire les mouvements de Mourad Ben Turkia, fût-ce au prix de sa santé... Mourad Ben Turkia - un proscrit dans la République de Ben Ali est un ouvrage que le professeur Edmond Jouve, professeur émérite de l'Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, a fait paraître aux Editions L'Harmattan, en mars dernier en France, et plus récemment sous nos cieux. Comme l'indique le titre, le livre évoque les mésaventures de M. Ben Turkia avec le régime Ben Ali. L'intéressé est Docteur d'Etat de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il a régulièrement enseigné. Le livre revient sur son parcours : scolarisé à Kélibia, sa ville natale, jusqu'en 6e, il termine son cursus universitaire tunisien avec une maîtrise en gestion. Il poursuit ses études à Paris de 1978 à 1982, où il obtient trois diplômes dont, en Sorbonne, un doctorat d'Etat en sciences de gestion. Il est fondateur, entre autres, du Groupe de l'éducation et des sciences qui regroupe plusieurs universités publiques et privées, à savoir l'UAS Tunis, l'UAS Gabon, l'UAS Mali et Universitaires sans frontières Nord-Sud. Cette carrière lui a valu, en 2012, les insignes de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres, remise par Frédéric Mitterand (dont le discours prononcé à Paris à cette occasion apparaît en avant-propos ). «Un tel succès ne passa pas inaperçu sous le régime du Président tunisien Ben Ali qui se mit en tête de faire sienne cette grande réalisation, aidé en cela par sa belle-famille et certains de ses proches», lit-on dans la quatrième de couverture. On finit par fermer l'UAS en 2006, pour des raisons politiques, économiques et morales, comme l'explicite l'auteur en détail, et par interdire à M. Ben Turkia de quitter le pays. Edmond Jouve, l'auteur du livre, qui entretient des rapports étroits avec la Tunisie et M. Ben Turkia — il a enseigné à l'UAS de Tunis — fit de son mieux via une campagne de correspondances afin de solliciter l'aide de hautes personnalités françaises telles que Michèle Alliot-Marie, Frédéric Mitterrand, Philippe Seguin, Eric Besson et d'autres encore, pour réagir à cette décision. Il demande une audience à Ben Ali qui est annulée et il va même, comme il le note, jusqu'à rejoindre, en octobre 2009, la commission des élections législatives et présidentielle dans l'espoir que sa demande soit prise en considération. En 2010, à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de De Gaulle, il finit par remettre en main propre une lettre, devant la télé française, à Nicolas Sarkozy. «Une fois encore, j'attendais la réponse... Elle arriva de manière inopinée. Mais il a fallu quand même une Révolution!», écrit-il à ce propos. Le livre raconte (documents, articles de presse et correspondances à l'appui) tous les stratagèmes mis en œuvre par le pouvoir de l'époque pour réduire les mouvements de Mourad Ben Turkia, fût-ce au prix de sa santé, puisqu'il est interdit de soins à l'étranger. La riposte viendra sous la forme d'une campagne de soutien, auprès des Tunisiens comme des étrangers.