Un penalty manqué par les Africains à l'ultime minute des prolongations offre à la Celeste sa première demi-finale depuis 1970. Gyan aux pieds d'argile rate le penalty qui devait emmener pour la première fois un pays africain aux demi-finales. Seul au monde, le joueur ghanéen n'a pas été décisif comme ce fut le cas du gardien uruguyen Muslena et de toute une défense plus que jamais solidaire et soudée C'est ce qu'on appelle un match fou. Vendredi soir, à la dernière seconde de la prolongation entre le Ghana et l'Uruguay, les Black Stars avaient la possibilité de devenir la première équipe africaine à accéder aux demi-finales d'une Coupe du monde. Gyan, qui en avait déjà marqué deux depuis le début de la compétition, s'est élancé pour transformer un penalty justement sifflé pour un sauvetage de la main de Luis Suarez sur sa ligne. Il a tapé la barre, sortante. Sur le bord du terrain, Suarez, en larmes au moment de son expulsion consécutive à sa faute, a explosé de joie. Il a sans doute compris que les tirs au but ne pouvaient plus échapper aux siens. Ça n'a pas raté : au bout d'une séance de malades —Gyan a retiré et marqué, Appiah a raté, Maxi Pereira a raté —, Abreu a offert la qualification à la Celeste d'un petit piqué qu'on hésite à qualifier de génial ou d'inconscient. L'Uruguay affrontera les Pays-Bas en demi-finale mardi, avec un rêve incroyable en tête : accrocher une troisième étoile de champion du monde à son maillot et rejoindre ainsi l'Allemagne en tant que troisième sélection la plus titrée au monde, derrière le Brésil et l'Italie. Signe que le pays y croit, l'annonce de la défaite du Brésil contre les Pays-Bas, un peu plus tôt dans la journée, avait enflammé les klaxons de Montevideo. Les Black Stars y ont longtemps cru. D'autant plus que la soirée avait commencé comme dans un conte de fées. A la mi-temps, le héros officiel du Ghana s'appelait Sulley Muntari. Jusqu'ici banni par Rajevac — le coach serbe l'avait écarté de la dernière CAN pour refus de disputer un match amical —, le joueur de l'Inter avait fêté sa première titularisation du tournoi en marquant d'une frappe improbable de 35 mètres (1-0, 45e). Et puis Richard Kingson, peut-être le meilleur gardien du Mondial, s'est troué au plus mauvais moment, sur un coup franc enroulé par Diego Forlan côté gauche, direction la lucarne opposée. Mauvaise anticipation, mauvais placement, égalisation (1-1, 55e). Pas immérité. Organisés, agressifs, les joueurs de Tabarez avaient démarré le match pied au plancher. Ensuite, l'Uruguay a continué à pousser, bien aidé par ses deux attaquants Forlan et Suarez. Des mecs capables de décrocher pour organiser, d'écarter sur les ailes, de prendre la profondeur, de gratter des ballons de la tête, de tirer au but en cadrant quasi systématiquement. Puis, au milieu de la première mi-temps, le match a viré au trip psychédélique. Un quart à l'envie, où les équipes se sont rendues coup pour coup. Qui dure, dure, et dure encore. Occasions, sauvetages, prolongations et tirs au but inévitables.