Les employés de la Steg ont manifesté hier dans les rues de Tunis lors d'une journée nationale de grève. Ils contestent toujours le projet de loi sur l'énergie qui prévoit d'accorder une partie de la production d'électricité au secteur privé. Cette ouverture vise notamment à développer les énergies renouvelables. «C'est la Steg qui doit produire cette énergie et non pas le secteur privé», dit le syndicaliste Mohamed Mouhari de la Fédération générale de l'électricité et du gaz, relevant de l'Ugtt. «Le secteur privé va exiger des prix qui sont plus élevés que ceux que nous pratiquons», assure-t-il. Le projet habilite en effet le secteur privé et les collectivités locales à revendre leur production d'énergie à la Steg. Une ouverture au secteur privé controversée Mais, selon le P.-d.g de la Steg, Rachid Ben Ali, «personne n'impose les prix, c'est l'administration qui le fait et les entreprises privées passent un contrat avec l'Etat». Pour lui, le secteur privé est naturellement plus compétitif : «Il est plus flexible dans sa gestion, il a moins de charges et peut nous offrir de meilleurs prix», assure-t-il. Il soutient, d'autre part, que le projet encourage la diversification de la production énergétique et le développement du secteur industriel dans les régions internes de la Tunisie. «Ça permettra de créer des emplois et d'assurer des prix les plus bas pour tous les citoyens», explique-t-il. La loi prévoit aussi l'exportation de l'électricité vers l'Europe et veut favoriser l'autoproduction de l'électricité pour les collectivités locales. Malgré cette ouverture au privé, la Steg resterait le premier producteur d'électricité dans le pays : « Personne ne songe à privatiser la Steg, qui est un fondement du secteur public», assure Rachid Ben Ali. Ainsi, selon lui, les critiques des syndicalistes relèvent de l'opposition de principe : «Impliquer le privé dans la production des énergies renouvelables pour eux c'est un crime», explique-t-il. De son côté, la Fédération générale de l'électricité et du gaz se satisfait de la journée de mobilisation : «Nous avons réussi notre grève», dit Mohamed Mouhari.