Le théâtre était archicomble. Gloria Gaynor a prouvé que la vague disco n'a pas perdu de son impact. Le public, que l'on a souvent considéré comme le monstre du Loch Ness, n'est finalement pas si mystérieux que ça. Il sait ce qu'il veut et va là où ça lui chante. C'est le cas de le dire. Jeudi dernier, les nostalgiques des années disco se sont précipités aux guichets pour assister au concert de la Gaynor, chanteuse américaine connue pour son tube I will survive, repris des tonnes de fois par d'autres artistes, et aussi devenu l'hymne de l'équipe de France de football, lors de la Coupe du monde 1998. En marchant vers l'avant-scène à petits pas, Gloria Gaynor semblait fatiguée. En parlant au micro, elle paraissait essoufflée. Mais, en commençant à chanter, sa voix qui vient du cœur s'est révélée intacte. Comme à ses débuts. Comme lors de son premier vrai succès venu en 1975, avec la sortie de son album Never can say good bye, qui l'établit comme une artiste disco. « Nous sommes là pour faire la fête », dit-elle aux spectateurs. Et, chaque fois, qu'elle entame une chanson, elle souligne : « Celle-là, je suis sûre, vous la connaissez ». Au bout d'une trentaine de minutes, la reine du disco quitte la scène pour une pause, cédant la place à ses choristes. Ces derniers maintiennent le rythme, et profitent de ce moment pour présenter les musiciens. Tour à tour, les artistes improvisent au grand plaisir de l'audience. De retour sur scène, Gaynor chante ses titres à succès: I love you baby, Never can say good bye, I am what I am, I've got you under my skin, If you want it, do it yourself, etc. Mais elle n'oublie pas de rendre hommage à cette autre reine du disco, Donna Summer, décédée en 2012. Elle lui rend hommage en chantant Last dance. « Oui, c'est ma dernière danse, oui c'est ma dernière chance », disent les paroles. Cette chanson est tirée d'un film Thank God it's Friday, dans lequel Summer fait une apparition. Mais la Gaynor est d'un optimisme sans égal. Elle assure à son public que peu importent les jours malheureux, les pertes, les faiblesses et les chemins trop longs, « vous y arriverez et juste à temps ». Et ce n'est pas qu'une chanson. Chaque fois que les spectateurs aiment, ils se lèvent, comme pour saluer l'artiste. Tous. Ensemble. Spontanément. Sans se passer le mot. Incroyable synergie ! La reine du disco réserve I will survive, sa percée majeure, pour la fin. Ce tube incontournable des fêtes et des clubs de nos jours est une sorte d'hymne à l'émancipation féminine pour son sujet. Il s'agit d'une femme quittée et qui affirme à son amant son indépendance et sa capacité à survivre et à rebondir sans lui. Et là, c'est la grande symbiose. On ne peut pas ne pas se joindre à la foule et danser. Has-been ou pas, c'est comme ça !