Les romantiques n'ont pas disparu, les nostalgiques non plus. Malgré le prix très élevé du billet ( 50DT), le coquet théâtre de plein air de Hammamet affichait complet, avant-hier, pour la première soirée du chanteur légendaire Demis Roussos. Depuis l'ouverture de cette 48e édition, il n'y a jamais eu autant de surveillance et de contrôle à l'entrée du théâtre. Mot d'ordre : «Seuls ceux qui ont des billets et des badges ont le droit d'entrer! Et pas d'exception. Tout le monde en file indienne, en attendant l'ouverture des portes. L'heure, c'est l'heure !». L'équipe du festival était harcelée, jusqu'à la dernière minute, par des coups de fil d'amis — réapparus à l'occasion — sollicitant des places gratuites. Et lorsque le bus qui a amené les journalistes de Tunis est arrivé, les équipes de télévision ont eu droit à des remarques du genre «avez-vous un ordre de mission?». C'est fou ce que les comportements se répètent et ce que le ton change quand on a affaire à une grosse vedette, et quand les organisateurs sont sûrs à mille pour cent de faire le plein ! Demis Roussos, le chanteur d'origine grecque, qui a fait les hit parades des années 1970 et 1980, arrive enfin sur scène, sous les applaudissements d'un public dont l'âge variait pour l'essentiel, entre 30 et 70 ans. Annoncée par Zarathoustra, le morceau solennel d'Evangelis , l'ouverture du concert a eu lieu dans une lumièr clair-obscur, avant que Roussos n'apparaisse, par la suite, assis sur un tabouret au milieu de ses musiciens. Quand je t'aime un de ses tubes les plus célèbres, met tout de suite de l'ambiance dans les gradins. «Ça va bien ?» , crie le chanteur, avant d'exprimer son bonheur d'être en Tunisie. Et d'ajouter : « Partout où je vais, je trouve un Tunisien qui m'offre du jasmin». C'est à ce moment-là qu'une femme, le prenant au mot, monte sur scène, lui offre du jasmin, et se prosterne devant lui, en lui embrassant les pieds (?!). Grecque ou Tunisienne ? Peu importe ! Cette femme a tout l'air d'être une folle de Roussos. Les tubes du bon vieux temps se suivent : Ever and ever, Rain and tears chanson composée à l'époque où Roussos avait un groupe appelé Aphrodite's Child, Oh mamy blue, I sing to you my jolie fille, etc. Après un entre acte de dix minutes, Roussos enchaîne avec We shall danse, un arrangement spécial intitulé Follow me, et l'inoubliable chanson du film Zorba le Grec. C'est avec Good bye my love qu'il met fin à sa première soirée. Un au revoir en musique, un rappel, puis un cadeau : deux autres chansons au rythme oriental. Pour finir vraiment, Roussos répond à la demande du public en chantant un de ses airs les plus connus: Far away. Tout le monde est debout pour la énième fois, chante et danse, sur les gradins et sur scène à la demande de la star de la soirée, l'entourant et l'enlaçant au risque de l'étouffer. C'est l'heure des commentaires. Certains disent que sa voix n'a pas changé, alors que d'autres assurent qu'il a chanté en play-back. Mais tout le monde semble être content d'avoir fait un voyage au passé.