Au moins 70 morts dans l'attaque contre une mosquée sunnite BAQOUBA (Irak) — Des miliciens chiites ont attaqué hier une mosquée sunnite au Nord-Est de Bagdad, faisant au moins 70 morts, selon un nouveau bilan donné par des officiers irakiens et des docteurs. Des officiers de l'armée et de la police ont indiqué que l'attaque contre la mosquée Moussab Ben Omair était survenue après que des miliciens chiites eurent été tués dans des affrontements dans le même secteur, alors que d'autres sources ont fait état d'une bombe visant une de leurs patrouilles. Des médecins et des officiers ont établi le bilan, auparavant de 32 morts, à 70 ainsi que 20 blessés, précisant que les fidèles avaient été tués par des tirs nourris de mitraillette. L'attaque, survenue dans la région de Hamrine, dans la province de Diyala, risque d'aviver encore un peu plus les grandes tensions confessionnelles, et augmenter la colère de la minorité sunnite envers le gouvernement à majorité chiite à un moment où celui-ci a un grand besoin de la coopération des sunnites dans son combat contre les jihadistes de l'Etat islamique. L'EI dit Daech, un groupe radical sunnite, a lancé le 9 juin une offensive fulgurante au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad et a depuis pris le contrôle de larges pans du territoire dans cinq provinces, dont celle de Diyala. Après la déroute des forces de l'ordre devant l'offensive de ce groupe à la réputation sanguinaire, le gouvernement irakien s'est tourné vers les milices chiites, qu'il avait combattues par le passé, pour soutenir ses troupes. ‘‘Paralysie'' Sur le front de guerre avec l'EI, les forces kurdes et les forces irakiennes tentaient de gagner du terrain face aux jihadistes dans le Nord, après avoir réussi à reprendre dimanche le barrage vital de Mossoul, avec le soutien aérien américain crucial et après la livraison d'armes occidentales. Elles tentaient surtout de reprendre la ville clé de Jalawla conquise le 11 août par les jihadistes. De l'autre côté de la frontière, en Syrie, l'EI qui combat aussi bien les rebelles que le régime, a perdu 70 hommes ces dernières 48 heures dans les combats avec l'armée qui tente de défendre son dernier bastion — un aéroport militaire — dans la province septentrionale de Raqa. Face à la violence inouïe dans ces deux pays voisins, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a déploré la «paralysie» de la communauté internationale qui «encourage «les assassins, les destructeurs et les tortionnaires en Syrie et en Irak». Alors que les divisions internationales ont bloqué toute initiative sur la Syrie, Washington et ses alliés occidentaux cherchent à préparer désormais une stratégie à long terme pour tenter de stopper l'EI (dit Daech) qualifié de « cancer » par le président Barack Obama. L'EI est «plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connus. Il va au-delà de tout autre groupe terroriste», a déclaré avant-hier le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, s'exprimant pour la première fois en termes aussi forts au sujet de ce groupe. Mais pour le défaire, il faudra s'y attaquer des deux côtés de la frontière, c'est-à-dire «aussi en Syrie» et «cela sera possible lorsque nous aurons une coalition en mesure de vaincre l'EI», a jugé le chef d'état-major interarmées, le général Martin Dempsey, présent à la conférence de presse à Washington. En Irak, selon un expert irakien, l'EI compte entre 8.000 et 10.000 combattants dont 40% d'étrangers. Enfin, face à la crise humanitaire dans le nord de l'Irak, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés poursuivait son opération logistique massive pour assurer l'approvisionnement de secours à un demi-million de personnes ayant fui l'EI, en majorité des membres des minorités chrétienne et yazidie. Selon le HCR, quelque 700.000 déplacés ont trouvé refuge dans le Kurdistan.