A travers le code de conduite fixé par l'Isie à l'adresse des journalistes tunisiens et étrangers et les recommandations de la Haica, on devrait s'attendre à une couverture médiatique neutre, équitable et intègre L'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) et la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica) ont mis ces derniers jours les bouchées doubles afin que les élections législatives (26 octobre prochain) et l'élection présidentielle (23 novembre pour le premier tour) se déroulent sous le signe de l'équité médiatique et l'égalité de chances effective (au niveau de la couverture médiatique) entre les différentes formations en course aux palais du Bardo et de Carthage. Comme pour les élections du 23 octobre 2011, l'Isie a publié un code de conduite que les journalistes tunisiens et étrangers accrédités pour suivre la campagne électorale, la journée du vote et l'annonce des résultats sont tenus de respecter à la lettre. Au cas où les journalistes failliraient à ces conditions, ils se verraient retirer leurs accréditations. Les journalistes en question sont tenus de signer un engagement dans lequel ils reconnaissent avoir pris connaissance de la législation électorale en vigueur et du présent code de conduite. Ils y font part également de leur engagement à respecter les dispositions contenues dans le code de conduite. Les règles à suivre A parcourir les règles à suivre, l'on découvre que tout journaliste accrédité par l'Isie se doit d'abord de : – Respecter les règles de la déontologie professionnelle – Tenir compte des décisions prises par l'Isie – Assurer une couverture médiatique objective du processus électoral et opter pour la neutralité à l'égard de toutes les parties (partis, coalitions ou listes indépendantes) en compétition – Vérifier les informations recueillies auprès des sources officielles habilitées à les fournir – S'abstenir d'accepter de l'argent ou toute autre motivation afin de publier une fausse information ou d'empêcher la publication d'une information avérée. – S'empêcher de publier des informations ou des déclarations de nature à inciter à la violence ou à torpiller le processus électoral. – Ne pas porter de tenue ou de signes traduisant une quelconque appartenance politique. Sous le signe du respect Quant à la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), elle a publié 19 recommandations censées régir la période de précampagne (5 juillet-3 octobre), la campagne électorale pour les législatives (4-24 octobre) et la campagne présidentielle (1er-21 novembre). Indépendance, neutralité et honnêteté, tels sont les trois credo principaux qui devraient marquer la couverture audiovisuelle des campagnes électorales des différents protagonistes. La Haica insiste dans sa première recommandation sur «le respect de la dignité humaine, de la vie privée, de la liberté de croyance, et de l'intégrité physique des individus». Comment les moyens de communication audiovisuels devraient-ils se comporter à l'égard des candidats de la majorité sortante, de l'opposition, des partis non représentés au sein de l'Assemblée nationale constituante et des candidats indépendants ? Selon la Haica, il faudrait «assurer un accès à l'antenne à tout le monde» et «adopter une extrême neutralité et s'abstenir de toute publicité politique au profit de partis, groupements ou personnalités politiques». Les télévisions et les radios sont également tenues de «ne diffuser aucun discours officiel provenant de la présidence de la République, de la présidence ou des membres de l'ANC, ou du gouvernement, agents ou conseillers». Le dilemme des patrons des médias En plus clair, les personnalités officielles sont astreintes au silence pendant la campagne électorale, de crainte de voir leurs interventions orienter les choix des électeurs, même si elles déclarent ne soutenir aucun parti ou personnalité indépendante. La Haica n'a pas oublié les candidats aux législatives ou à la présidentielle exerçant au sein des médias audiovisuels (animateurs, directeurs de rédaction, etc.) ou possédant un organe audiovisuel. Ils sont tout simplement tenus, selon la recommandation n°17, de rompre toute activité dans les médias auxquels ils appartiennent jusqu'au scrutin et la déclaration de ses résultats». Reste comment les moyens audiovisuels appliqueront effectivement les recommandations de la Haica et comment ils vont faire face aux tentatives des candidats d'exploiter leur passage sur antenne pour faire de la publicité à leurs partis. La recommandation n°10 appelle à éviter «l'atteinte aux principes du pluralisme et d'équité» et demande aux médias audiovisuels d'observer «une forte vigilance» et à faire en sorte que soit préservée «la diversité sociale, culturelle, démographique et géographique» (recommandation n°12), le but recherché étant d'éviter que les médias audiovisuels soient instrumentalisés par les candidats.