Par Tahar EL ALMI (docteur en économie) Le meilleur emploi, c'est celui qui dure et qui produit des richesses, qui elles, à leur tour, s'investissent en créant d'autres emplois. C'est un processus vertueux cumulatif. C'est l'objectif final des décideurs partout dans le monde. C'est l'objectif final des pouvoirs publics en Tunisie. Une série de signaux convergents se sont récemment multipliés en Tunisie, à la lumière de la crise financière mondiale et ses effets sur l'économie réelle. Le diagnostic du FMI est clair et sans appel : «Malgré un contexte international difficile, la Tunisie a enregistré une bonne performance économique en 2009 avec une croissance du PIB réel qui a dépassé 3 pour cent. Ce résultat positif est dû en grande partie au programme de reformes entreprises au cours des dernières années ainsi qu'à l'adoption de politiques macroéconomiques prudentes, qui ont permis aux autorités d'être en mesure d'atténuer l'impact de la crise avec des politiques d'appui judicieuses. Autres considérations conjoncturelles : les indicateurs macroéconomiques publiés par l'INS (www.ins.nbat.tn), suggèrent un diagnostic relativement satisfaisant, dans la mesure où l'Indice de la production industrielle (IPI) s'est accru de 6% en glissement annuel, sous tendu par une reprise très substantielle de la production manufacturière (+7.5%). A l'appui de cette progression, on retrouve les Industries Mécaniques et Electriques (IME : +24.4%) et les Matériaux de Construction Céramique et Verre (Mccv : +12.0%). Au niveau de la formation des prix à la production, les tensions à ce niveau se seraient tassées (+2.0% en glissement annuel), dont +3.7% pour les Industries Manufacturières, Mccv : +7.6%, +4.4% pour les IAA et seulement 0.6% pour mes IME. Au niveau des prix à la consommation, l'indice d'ensemble s'est accru de +4.7% en glissement. Enfin, on notera la relative dégradation des échanges commerciaux de la Tunisie, puisque le taux de couverture des importations par les exportations a été de 71.7%, contre 80.2% une année auparavant. Sans rentrer sans le détail, on peut dire qu'au niveau de l'activité économique, la reprise s'est nettement confirmée au niveau industriel et plus spécialement manufacturier, sans tensions sur les prix, donc sans tensions sur les capacités. A un autre niveau, celui des échanges commerciaux extérieurs, les parités de changes dollar/euro/dinar tunisien, expliquent en très grande partie la dégradation de la balance commerciale de la Tunisie : alourdissement de la facture (incompressible) des importations de produits de base et la stagnation, voire la régression des recettes d'exportations à destination des pays de la zone euro encore en récession. Au niveau de la demande intérieure, cette dernière évolue d'une manière très satisfaisante, pour soutenir l'activité, sans l'émergence de tensions inflationnistes insoutenables: l'essentiel des facteurs inflationnistes seraient d'origine extérieure, dont notamment, la volatilité des taux de changes Dollar/Euro/Dinar tunisien qui pèse sur la facture d'importation des produits de base (en dollars), alors que la baisse des prix à l'importation de produits en provenance des pays de la zone euro est peu significative. En tout état de cause, la corrélation de l'évolution des prix à la production (très contenus) et celle des prix à la consommation, suggère que le chainon commercial de distribution de produits industriels et agricoles serait en grande partie à l'origine du différentiel entre prix à la production et prix à la consommation. La réactivité des pouvoirs publics, suite et en prévision des crises en séries qui se dessinent depuis 2007, s'est concrétisée par une politique budgétaire expansionniste relativement hardie, sous tendue par une politique monétaire expansionniste d'accompagnement de l'activité, avec en filigrane, un soutien de la demande intérieure, qui prend le relai d'une demande à l'export déficiente. Résultat des courses, le déficit public s'en ressent. Cependant qu'il reste très soutenable à moyen terme. D'autant qu'avec la reprise à venir, sous tendue par la continuation de la politique de relance budgétaire et la diversification de marchés à l'export, les recettes fiscales devraient s'accroître pour ramener le système vers des fondamentaux plus expressifs. Il est certain que « l'économique » ne se résume pas à la « seule recherche des fondamentaux à court terme». Néanmoins, ils constituent le déterminant du profit social de long terme susceptible d'offrir aux hommes des perspectives de progrès et cimenter le lien entre l'individu et le collectif, avec un véritable « retour sur investissement » pour la collectivité.