Néjib Chebbi et Mustapha Ben Jaâfar se disputent les faveurs d'Ennahdha qui fera son choix après les législatives Tenue samedi et dimanche derniers, la réunion du Conseil de la choura du parti nahdhaoui a confirmé l'attachement du parti à l'initiative lancée, il y a deux mois, par Rached Ghannouchi, bien qu'elle n'ait pas trouvé de réponse positive auprès de l'ensemble des forces politiques présentes sur la scène nationale, dont en premier lieu le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, les deux partenaires d'Ennahdha dans les gouvernements de la Troïka I et II. Aujourd'hui, et en concomitance avec le démarrage, hier, du dépôt des candidatures à l'élection présidentielle (8-22 septembre), Ennahdha revient à la charge, sans toutefois révéler l'identité du candidat consensuel tant attendu. Une donnée est pourtant confirmée : le candidat providentiel ne sera pas nahdhaoui. Il sera sélectionné par ceux qui satisferont aux nouvelles conditions posées par Ennahdha afin de pouvoir bénéficier de son soutien et de celui des partis qui gravitent dans son sillage lors du second tour de l'élection présidentielle. Mais, avant d'en arriver là, comment les acteurs du paysage politique et civil réagissent-ils aux résultats auxquels ont abouti les travaux de la réunion du Conseil de la choura d'Ennahdha et comment pensent-ils que ce candidat providentiel est toujours possible à dénicher d'ici le second tour de l'élection présidentielle ? Ils ont gagné la bataille médiatique Pour Noureddine Ben Ticha, membre du comité de direction de Nida Tounès, Ennahdha «cherche à brouiller les cartes, à montrer que c'est lui qui décide et qu'il demeure le maître de la situation et, bien qu'il n'accorde pas beaucoup d'importance à l'élection présidentielle, il veut montrer que rien ne se fera en dehors de sa volonté et de ses objectifs». Et Ben Ticha d'ajouter : «Les nahdhaouis oublient cependant que le prochain président de la République sera élu au suffrage universel comme le veut la Constitution. Ils perpétuent le flou en s'accrochant à cette idée de président consensuel. Il faut reconnaître qu'ils ont gagné la bataille médiatique dans la mesure où beaucoup de Tunisiens, y compris des candidats à la présidence, sont aujourd'hui suspendus aux déclarations de Ghannouchi et de ses lieutenants comme si l'opération électorale dépendait de leur bon vouloir». De son côté, Jawher Ben M'barek, président du réseau Doustourna, considère qu'Ennahdha aborde aujourd'hui une nouvelle étape. «Il est en train de sélectionner qui, parmi les candidats actuels, pourrait répondre aux critères définis par le Conseil de la choura et obtenir la bénédiction et le soutien des nahdhaouis. Ces critères se résument comme suit : – Le candidat consensuel devrait appartenir à la caste révolutionnaire. – Non à tout candidat qui aurait une appartenance rcdiste quelconque. – Le candidat à sélectionner devrait bénéficier de chances sérieuses et réelles de concurrencer Béji Caïd Essebsi au second tour de la présidence. Pour le moment, Ennahdha hésite entre Néjib Chebbi et Mustapha Ben Jaâfar. Je pense qu'il finira par choisir Néjib Chebbi, ,eu égard à son réservoir électoral. Quant à Ben Jaâfar, son tort c'est d'avoir participé à l'expérience de la Troïka et son rendement à la tête de l'ANC ne fait pas de lui un rival sérieux face à Si El Béji». Le dilemme d'Ennahdha Lazhar Baly, président d'El Amen et candidat à la présidentielle au nom du même parti, révèle à La Presse : «Au cas où Ennahdha ferait le mauvais choix du candidat à soutenir, il offrira la présidence de la République à Béji Caïd Essebsi. Aujourd'hui, les jeux sont faits. Les modernistes et les gens de la gauche voteront Essebsi. Quant à Ennahdha, il aura à dénicher son fameux candidat consensuel ou à droite ou au centre. S'il opte pour un candidat de la droite comme Marzouki ou Abderraouf Ayadi, c'est la déroute annoncée. Au cas où ce serait un candidat du centre (Chebbi, Ben Jaâfar, Mohamed Hamdi, Lazhar Baly), il est fort possible que le prochain président réponde aux conditions d'Ennahdha». Quand Ennahdha va-t-il se prononcer et choisir le candidat consensuel ? Lazhar Baly est convaincu que Rached Ghannouchi fera son choix «en fonction des résultats des législatives du 26 octobre. Le candidat consensuel devrait avoir une représentation respectable au sein de la future Assemblée des députés du peuple».