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« L'UPT créera la surprise aux prochaines législatives »
Entretien avec Samir Taïeb, SG d'Al Massar et porte-parole de l'UPT
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 09 - 2014

«Nous constituerons la troisième force du pays après Ennahdha et Nida Tounès», nous a confié Samir Taïeb, secrétaire général d'Al Massar et porte-parole de l'UPT dans cet entretien accordé à La Presse. Dans ce jeu de questions-réponses, le candidat tête de liste de l'UPT pour les législatives dans la circonscription de Tunis I s'est notamment focalisé sur plusieurs points et aspects inhérents aux élections législatives et présidentielle fidèles aux principes et à la culture de sa famille politique qui prône le progrès social et le modernisme. Ecoutons-le.
Malgré l'appel d'Al Massar, les partis progressistes et démocratiques n'ont pas réussi à présenter des listes législatives communes, notamment avec Nida Tounès et le Front populaire. Quelles sont les raisons de cet échec et n'y a-t-il pas un risque de dispersion des voix, lors des prochaines élections, à l'instar des législatives de 2011 ?
Justement, tous les efforts qu'Al Massar a déployés pour réunir toute la famille démocratique et moderniste au sein d'un seul front avaient pour but de transformer le Front du salut national (FSN) en une force électorale. D'autant que la création du FSN au lendemain de l'assassinat de notre collègue Mohamed Brahmi a permis aux forces progressistes de se présenter unis devant les Tunisiens, lors du sit-in du Bardo, devant l'Assemblée constituante. Le FSN a généré une nouvelle dynamique, a renversé les rapports de force et favorisé un glissement de l'opinion publique en faveur des forces démocratiques. Nous avons senti ce frémissement qui aurait pu aboutir à une force électorale unifiée. C'est ce qu'Al Massar a proposé en décembre dernier, malheureusement ni Nida Tounès ni le Front populaire n'ont accepté notre proposition.
Nous nous sommes, donc, attelés à œuvrer pour la création d'une union forte : l'Union pour la Tunisie (UPT) la plus large possible. Mais il faut se rendre à l'évidence, il y a l'idéal et le possible. Il n'empêche que malgré les difficultés, nous sommes parvenus à créer une union entre les forces politiques et civiles progressistes. Et nous sommes restés fidèles à nos propres principes, à notre propre philosophie et à notre propre culture. La culture de l'union, de la sauvegarde des acquis de la Tunisie, moderne et du modèle tunisien qui sera, je l'espère, défendu par l'UPT.
Quant à l'échec de la constitution d'un large front électoral des forces progressistes et démocratiques, il est dû aux mêmes raisons que celles de 2011 : il s'agit d'un esprit partisan par-ci, d'un désir ardent de leadership par-là, d'une volonté d'hégémonie chez les uns et d'une obsession de gagner les élections au plus fort taux pour les autres. Et dans toute ces raisons, il y a une grande absente : la Tunisie.
Certes, il y a un risque de voir les mêmes causes engendrer les mêmes résultats qu'en 2011. Mais j'espère que non, d'autant que le paysage politique a changé : les Tunisiens sortent d'une expérience malheureuse de trois années désastreuses d'exercice du pouvoir par la Troïka et principalement Ennahdha.
Cette expérience, qui a abouti à une situation économique catastrophique marquée par un taux de croissance nul, un taux de chômage qui ne cesse de grimper ainsi que par la violence, le terrorisme, la lutte antiterroriste. Aussi aurons-nous l'occasion, lors des élections de 2014, de rétablir la situation en revenant aux vrais principes de la démocratie tunisienne. C'est pourquoi je pense que, pour une fois, ces mêmes causes n'engendreront pas les mêmes résultats. Je suis franchement optimiste quant aux résultats que réaliseront les forces progressistes et modernistes.
Mais certains ont avancé que la coalition entre Al Massar et Nida Tounès n'a pu se faire parce que vous avez exigé dix têtes de liste pour les législatives.
Nous n'avons jamais discuté de cette question avec Nida Tounès. Je démens formellement et solennellement ces dires. Nous n'avons jamais entamé le partage des têtes de liste pour les législatives. Mais je ne veux pas revenir aux polémiques parce que nous allons collaborer, l'UPT et Nida Tounès, sur le terrain, aussi bien au niveau logistique que de l'observation dans les bureaux de vote. Nous allons, si les Tunisiens nous font confiance, nous rencontrer avec Nida Tounès et former ensemble une majorité au gouvernement. Cette question est actuellement dépassée et nous regardons devant nous.
En fait, l'UPT c'est surtout Al Massar. A preuve vous détenez le plus grand nombre de têtes de liste pour les législatives soit 17 sur 26. N'est-ce pas ?
Certes, on ne peut nier qu'Al Massar soit la colonne vertébrale de l'UPT. Il n'empêche que, qualitativement, toutes les listes de l'UPT sont les meilleures en comparaison des listes des autres partis.
L'UPT comprend Al massar le parti du travail patriotique et démocratique de Abderrazak Hammami, de nombreux indépendants, entre hommes et femmes de la société civile, ce qui est le plus important pour moi. Toutes ces personnalités sont d'une très grande valeur et d'une très grande probité morale. Malgré toutes les difficultés rencontrées afin d'élargir au maximum l'union, je pense que les listes de l'UPT surprendront plus d'un et créeront la surprise aux législatives. Nous serons la troisième force du pays après Ennahdha et Nida Tounès. Car nous sentons très fort le frémissement des citoyens pour nos listes et nous le constatons tous les jours tant la majorité de nos têtes de liste qui sont des députés sortants ont fait leurs preuves à l'ANC.
Sachez que tout le monde s'accorde à dire que les meilleurs députés à l'ANC sont ceux d'Al Massar. Citons, par exemple, Fadhel Moussa, Salma Baccar, Salma Mabrouk, Karima Souid, Ali Bechrifa, Ahmed Brahim, Nadia Chaâbane et la jeune Manel Kadri qui sont pour la plupart nos têtes de liste pour les législatives si l'on excepte Ahmed Brahim et Ali Bechrifa. Et la majorité des Tunisiens leur sont reconnaissants pour leur combativité dans les plénières, pour leurs propositions au sein des commissions de l'ANC et pour les résultats qu'ils ont réalisés en dépit de l'hégémonie des forces rétrogrades du mouvement Ennahdha et ses partis satellites.
Les députés d'Al Massar ont œuvré et combattu au sein de l'ANC pour la parité horizontale en faveur des femmes, mais on constate qu'au sein de l'UPT, vous n'avez pas appliqué ce principe à 100%. Pourquoi donc ?
Nous sommes, comme toujours, en pôle position sur le principe de la parité horizontale. Nous avons dix femmes candidates têtes de liste. La recommandation à l'ANC était de réaliser la parité horizontale à hauteur de 30%, l'UPT les a dépassés avec 39% de candidates têtes de liste. On aurait aimé faire davantage mais quand on est dans une coalition on ne contrôle pas toutes les listes, mais nous sommes malgré tout loin devant tous les partis qui n'ont présenté que 3 à 4 candidates têtes de liste. Même chose pour les candidatures des jeunes qui sont aussi bien représentés avec un taux de 36% de candidats entre 23 et 35 ans.
Comment jugez-vous le phénomène des candidatures des hommes d'affaires et des propriétaires de médias aux législatives ou à la présidentielle ?
Je considère que c'est un phénomène encore marginal. Toutefois, espérons qu'il ne deviendra pas central et la norme. Car le rôle des hommes d'affaires c'est d'investir et de créer des projets économiques et de l'emploi. D'autre part, le rôle des propriétaires de médias c'est de transmettre l'information en toute objectivité et non pas de faire de la politique.
Ce phénomène est marginal vu le nombre qui demeure réduit des candidats hommes d'affaires et propriétaires de médias sur l'ensemble des listes électorales au nombre très important.
Mais si ce phénomène perdure, il deviendra inquiétant car le mélange de genre entre l'argent, les médias et la politique fera en sorte que les choix politiques ne seront plus déterminés par les programmes des différents candidats mais par le pouvoir de l'argent et des médias.
Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC, a promis de démissionner s'il se présente à la présidentielle, mais il ne l'a pas fait, quelle est votre position sur cette question ?
Je considère que Mustapha Ben Jaâfar n'est pas à sa première inconséquence et je pense qu'il aurait dû tenir sa promesse consistant à démissionner s'il se présentait à la présidentielle surtout dans cette fin de phase transitionnelle. Il devrait démissionner afin d'être en position d'égalité avec tous les candidats à la présidentielles et de ne pas profiter de son poste.
A l'avenir, il sera normal que le président de l'Assemblée du peuple achève son mandat, mais actuellement, nous sommes dans une période de fin de phase provisoire et le président de l'ANC devrait démissionner pour favoriser un jeu politique égal. Et c'est aussi valable pour Moncef Marzouki, le président provisoire de la République, mais à la différence que ce dernier n'a jamais promis de démissionner, il a été plus prudent et n'a pas fait de promesse de démission mais lui-même est dans l'obligation de le faire s'il se présente pour la présidentielle.
Sur une de vos listes vous avez présenté Mahmoud Bouneb, l'ancien directeur de la chaîne «Al Jazira Children», qui ne peut toujours pas quitter le Qatar n'est-ce pas là une forme de provocation ?
Mahmoud Bouneb se présente comme candidat tête de liste de l'UPT pour les législatives dans une circonscription représentant les pays arabes et c'est son droit car pourquoi voulez-vous qu'on accepte le diktat du régime du Qatar. Mahmoud Bouneb est pris, injustement, en otage au Qatar, pourquoi on devrait accepter cette injustice et ne pas lui permettre d'exercer son droit, comme tout citoyen tunisien, d'être candidat pour les législatives de 2014. Cela d'autant qu'il n'y a pas de jugement judiciaire contre lui, la justice l'a même innocenté, sauf Chikha Mouza.
Or, si Mahmoud Bouneb continue à vivre, lors de la campagne des législatives, dans la même situation qu'il vit aujourd'hui, je pense que c'est honteux pour la Tunisie d'accepter ce statu quo. C'est pourquoi je lance un appel au président provisoire de la République, Moncef Marzouki, et au chef du gouvernement Mehdi Jomâa pour qu'ils agissent afin de libérer Mahmoud Bouneb et de lui permettre, comme tous les autres candidats, de faire sa campagne en toute liberté et à se déplacer dans tous les pays arabes qui couvrent sa circonscription.
Donc, si l'UPT l'a choisi comme tête de liste d'une circonscription à l'étranger, ce n'est nullement une provocation. Mahmoud Bouneb est un citoyen tunisien qui souhaite jouer un rôle dans la vie politique tunisienne et c'est son droit le plus absolu d'exprimer les problèmes et les attentes des Tunisiens résidant à l'étranger. Je ne vois pas au nom de quoi on lui interdirait, surtout qu'il se considère très proche de notre famille politique, d'exercer ce droit. Nous lui avons offert l'occasion de le faire, nous sommes fiers qu'il l'ait accepté. Outre que sa candidature a été validée par l'Isie. Je lance, également, un appel à tous les candidats des autres listes de cette circonscription afin qu'ils considèrent la liste de l'UPT comme non partisane et représentant tous les Tunisiens et qu'ils retirent leur candidature. Cela pour permettre à la liste de Mahmoud Bouneb, candidat indépendant du sein de l'UPT, de passer et de mettre ainsi, les gouvernements tunisien et qatari devant leurs responsabilités.
Parce que dans ce cas il ne s'agit pas d'une bataille pour les élections mais pour la souveraineté nationale. C'est ça l'enjeu. Et on verra bien si le Qatar continuera à détenir en otage un représentant du peuple tunisien. D'ailleurs, je vais adresser une lettre aux deux chefs de l'exécutif, Mehdi Jomâa et Moncef Marzouki, afin qu'ils agissent dans ce sens et de permettre à Mahmoud Bouneb de se déplacer dans tout le monde arabe afin qu'il fasse sa campagne normalement comme tous les autres candidats.
Les listes électorales pour les législatives sont au nombre de 1.300, ne croyez-vous pas que le flux important de listes contribuera à disperser les voix, à brouiller les cartes, reproduisant, ainsi, le scénario des élections de 2011 où un million de voix sont parties dans la nature ?
Il est vrai que le risque de voir se répéter le scénario de 2011 n'est pas à exclure. Cela parce qu'on n'a pas changé grand-chose à la loi électorale demeurée telle quelle avec un mode de scrutin qui permet la multiplication par 10 et par 100 des petites listes sans grande prise sur la réalité. Le risque existe donc, mais maintenant j'espère que les Tunisiens vont faire la différence et ne pas répéter l'erreur de 2011, surtout que les listes indépendantes auraient pu se joindre à certaines coalitions telles que l'UPT ou autres. Cela afin d'éviter la dispersion et la perte des voix. J'invite, donc, les Tunisiens à voter pour les listes présentes au niveau national, quel que soit le parti, plutôt que de voter pour les listes locales, à défaut, cela nous fera perdre, comme en 2011, un million de voix qui partiront, comme vous dites, dans la nature.
Certains observateurs avancent que les résultats des législatives sont déjà fin prêts avec un taux de 45 % pour Ennahdha, autant pour Nida Tounès, et 10% en faveur des autres partis et des candidats indépendants, et que tout le reste n'est que du cinéma.
Franchement, je ne crois pas à ces chiffres. Ces taux relèvent du fantasme car certains prennent leur désir pour des réalités. Je pense, au contraire, que ni Nida Tounès ni Ennahdha ne pourront atteindre 45 % de voix. Au meilleur des cas, ils ne pourront réaliser plus de 30 à 35 % des voix. Et je crois qu'il y a de la place pour une force comme l'UPT afin qu'elle puisse, justement, peser sur les prochaines décisions et orientations politiques, sociales et économiques qui engageront le pays et qui seront à l'évidence des plus importantes et cruciales pour l'avenir du pays et des Tunisiens.
Le prochain candidat d'Al Massar à la présidentielle serait-il Samir Taïeb ?
Non... non. A Al Massar, nous avons décidé de ne pas présenter de candidat à la présidentielle afin d'éviter d'ajouter à la dispersion des candidats des forces progressistes et modernistes.
Nous attendons, le moment venu, quand le paysage de l'élection présidentielle se clarifiera, puisque chaque jour il y a de nouvelles candidatures, et quand nous découvrirons, enfin, le programme des candidats, nous déciderons qui soutenir. Notre décision ira dans le sens de l'unification des forces progressistes et modernistes et dans l'intérêt général du pays.
Le candidat d'Al Massar et de l'UPT pourrait-il être le président de Nida Tounès, Béji Caïd Essebsi, comme l'a déclaré Abderrazak Hammami sur Ettounsya-TV ?
On pourrait soutenir Béji Caïd Essbesi comme d'autres. Mais nous n'avons pas encore pris de décision, ni au sein d'Al Massar ni de l'UPT. On décidera le moment venu à la lumière des dossiers et des programmes des candidats.
Notre choix ira, encore une fois, dans le sens de l'intérêt du pays et rien que dans ce sens.
Ne croyez-vous pas que la ruée vers les candidatures à la présidentielle, ainsi que le profil très médiocre de certains candidats, déprécient la fonction de président de la République ?
Beaucoup de candidats croient vivre, toujours, sous la Constitution de 1959 et sous le régime présidentialiste de Bourguiba. Ils oublient, peut-être, que nous avons une nouvelle répartition de l'exécutif entre le président de la République et le chef du gouvernement.
Ils oublient que les prérogatives présidentielles, aujourd'hui, sont des prérogatives de souveraineté qui concernent notamment la sécurité du pays et la diplomatie. Outre que le président de la République demeure le symbole de l'unité du pays. J'ai écouté beaucoup de candidats et non des moindres, des plus chevronnés même, évoquer leur programme économique, leurs projets et leurs initiatives futures dans les domaines de l'éducation, de la santé, du transport, etc.
Ce qui n'a rien à voir avec la réalité des pouvoirs sous la IIe République. Nous ne sommes plus à l'ère de la première République, celle de Bourguiba. C'est ce que l'ensemble des candidats à la présidentielle devraient comprendre.
Le mouvement Ennahdha a proposé un candidat consensuel pour la présidentielle. Quelle est votre position sur cette question ?
Nous avons été approchés par une délégation d'Ennahdha venue nous faire cette proposition que nous avons poliment refusée, car ce parti propose seulement un président consensuel et occulte la question du gouvernement.
Autrement dit, le parti Ennahdha nous invite à partager la présidence de la République et le gouvernement qu'il veut dominer. Moi je dis si la proposition avait englobé le gouvernement, en invitant donc à une gouvernance consensuelle qui toucherait aussi bien la présidence de la République que le gouvernement, on l'aurait discuté beaucoup plus sérieusement. Mais qu'Ennahdha s'en tienne uniquement à un président de la République consensuel et occulte le gouvernement qui représente la réalité du pouvoir, selon la nouvelle Constitution, cela relève de la manœuvre politicienne. Une manœuvre qui a deux objectifs tout aussi politiciens. Le premier consiste à exclure Hamadi Jebali de la candidature à la présidentielle, ce qui est une question interne que le mouvement veut régler par une initiative à l'échelle nationale.
Le deuxième objectif consiste à placer une épée de Damoclès sur la tête de tous les candidats à la présidentielle qui désirent être ce candidat consensuel tant recherché par Ennahdha. Ce qui revient à dire que tous les candidats n'osent pas critiquer la période de règne d'Ennahdha et le bilan catastrophique des trois années de son exercice du pouvoir. D'ailleurs, on constate que la majorité des candidats qui aspirent à devenir ce candidat consensuel ne s'aventurent plus à critiquer Ennahdha.
Je considère donc que de ce point de vue, ce mouvement est en train de réaliser les objectifs qu'il s'est tracés, mais j'espère que tous les candidats à la présidentielle oseront et s'offriront l'occasion de discuter et de critiquer le bilan de la Troïka, donc principalement d'Ennahdha. Cela afin de dépasser la situation calamiteuse que connaît le pays et de construire l'avenir.
Que pensez-vous de la polémique occasionnée par la lettre envoyée par Omar S'habou à Béji Caïd Essebsi lui demandant de retirer sa candidature à la présidentielle et de révéler la vérité aux Tunisiens sur son état de santé ?
Personnellement, en tant que SG d'Al Massar, je ne veux pas interférer dans ce débat parce que ce qui compte, à nos yeux, ce n'est pas ce que pense X de la candidature de Y. J'estime qu'un candidat, quel qu'il soit, connaît son état de santé mieux que quiconque et s'il juge qu'il peut être candidat, on ne peut se mettre à sa place pour juger de son état de santé.
C'est au candidat que revient la décision, et concernant la candidature de Béji Caïd Essebsi ce n'est pas à Omar S'habou ou à quelqu'un d'autre d'interférer dans cette question.
Moi, ce qui m'intéresse c'est le programme des candidats, ce qu'ils proposent à la Tunisie et ce qu'ils veulent réaliser pour les Tunisiens. J'espère, par conséquent, que le débat à la présidentielle et même des législatives se concentre sur le programme des candidats et sur ce qui intéresse vraiment les Tunisiens.
Justement, ne serait-il pas plus judicieux d'exiger dorénavant des candidats un bilan de santé aussi bien pour les législatives que pour la présidentielle afin d'éviter pareille polémique ?
Cela n'est pas prévu ni dans la Constitution ni dans la loi électorale. Je ne vois donc, pas pourquoi on devrait exiger un bilan de santé des candidats aussi bien pour les législatives que pour la présidentielle. Maintenant si on veut changer la loi, on pourra agir dans ce sens à l'avenir.
Pourquoi le vote de la loi antiterrorisme à l'ANC traîne-t-il encore ?
Je pense qu'Ennahdha a été contrainte, vu la situation sécuritaire dans le pays, vu les attentats contre les forces armées et de l'ordre, et vu le nombre des victimes de discuter la loi antiterrorisme. Mais en fait, Ennahdha ne veut pas de cette loi en raison des liens qu'entretiennent certains de ses dirigeants avec la mouvance djihadistes et terroriste et donc toutes les occasions sont bonnes pour une partie de ces députés de retarder et d'empêcher le vote de cette loi.
Et on a même constaté qu'un groupe parmi le mouvement s'abstenait de voter à tous les coups et comme il faut les voix positives de 109 députés pour que la loi passe, elle tombait à tous les coups. Cela sans pour autant montrer qu'Ennahdha était contre cette loi. Mais une fois qu'on a avancé dans la discussion de la loi, on nous a sorti cette histoire de projets de loi économique que le gouvernement veut voir voter le plus tôt possible.
Nous avons, donc, condamné cette manœuvre, en estimant que la loi antiterrorisme est visée, qu'il nous incombe d'en faire une priorité et de la voter le plus tôt possible. Car une fois passée, cette loi soulagera psychologiquement nos forces de l'ordre et de l'armée qui n'ont eu de cesse d'appeler de leurs vœux et qui constituera, à l'évidence, un pas supplémentaire dans la lutte contre le terrorisme.
Sachant que les travaux de l'ANC seront suspendus le 26 septembre, à l'entame de la campagne électorale pour les prochaines législatives, nous sommes en tant que députés de l'ANC tenus de nous investir à fond, afin que cette loi passe et soit enfin promulguée.
Mehdi Jomaâ a démenti, mercredi dernier, dans une conférence de presse, les folles rumeurs qui ont couru sur son éventuelle candidature à la présidentielle en déclarant qu'il ne se présentera pas à ces élections. Que pensez-vous de sa position ?
Il fallait mettre les points sur les i et clarifier les choses d'autant que la feuille de route du Dialogue national ne lui permet pas de se présenter à la présidentielle. Mais ce qui me gêne dans tout ça c'est la mise en scène autour de cette histoire car le Premier ministère aurait pu se contenter d'un communiqué pour démentir cette vraie-fausse candidature. Tout ça ne méritait pas une conférence de presse.
En tout cas, s'il avait accepté la sollicitation, cela aurait été une erreur monumentale. Il a justifié son refus de se présenter à la présidentielle par l'éthique, les valeurs morales, l'engagement envers les Tunisiens mais ce qui m'a surpris c'est qu'il n'ait pas évoqué ni le Quartet du Dialogue national, ni la feuille de route qui lui interdit de se présenter aux élections aussi bien législatives que présidentielle.
Maintenant, tout le monde sait à quoi s'en tenir, Mehdi Jomâa terminera sa mission et travaillera jusqu'à la fin de la phase transitoire en veillant à la sécurité du pays et à la réussite des élections.


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