Au terme de la première semaine de la campagne électorale des législatives, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a présenté, hier, lors d'une conférence de presse à Tunis, son premier rapport du monitoring relatif à la couverture médiatique réservée aux partis et listes électorales en lice. Il y a été procédé à l'évaluation du degré de respect du principe de l'équité inhérent à une couverture des élections, en termes de plages horaires consacrées à chaque candidat. Données chiffrées à l'appui, les radios ont été, en fait, beaucoup plus engagées que les chaînes TV à respecter les dispositions de la loi électorale en vigueur. Cela est dû essentiellement, selon M. Riadh Ferjani, membre de la Haica, à la concomitance des deux campagnes électorales, législative et présidentielle. Cela étant, les chaînes télévisées avaient consacré, aux dépens des législatives, assez de temps à la présidentielle, qui n'a pas encore démarré officiellement. « Cependant, l'on ne parle pas ici d'infractions commises de part et d'autre. Il s'agit plutôt de bien souligner le rôle régulateur de la Haica dans son accompagnement du paysage audiovisuel», a-t-il précisé. L'ultime but, à travers cette étude, poursuit-il, est de rappeler à l'ordre les médias audiovisuels, les exhortant à faire preuve d'équité et de respecter le principe d'une juste comptabilité des temps de parole et d'antenne des différents candidats. Bref, ils devraient désormais se soumettre à l'arrêté conjoint Isie-Haica, promulgué le 5 juillet dernier, et au décret-loi 116 relatif à la liberté de communication audiovisuelle. Que signifie, alors, accompagnement des médias ? Cela consiste à améliorer leur rendement professionnel et à protéger, de la sorte, la liberté d'expression, en donnant accès aux différents candidats, toutes sensibilités politiques confondues. De par son pouvoir décisionnel et ses prérogatives d'intervention limitées par la loi, la Haica s'investit d'un rôle plutôt dissuasif que répressif. «Mieux vaut convaincre que réprimer » est notre devise, déclare Mme Rachida Ennaifer, membre de la Haica. L'application des sanctions arrive en dernier recours. Et d'ajouter que l'inégalité des chances accordées aux partis dans l'espace audiovisuel trouve sa juste explication dans la simultanéité des deux campagnes... Alors qu'il aurait dû se consacrer, en ce moment, à la couverture de la campagne des législatives. La présidentielle, affirme-t-elle, n'aura lieu officiellement qu'à partir du 10 novembre prochain. Un cadre réglementaire qu'on doit respecter. D'ici là, les médias sont appelés à s'y plier, sans tomber dans la surenchère politique. Par conséquent, l'essentiel, en cette période, est de mettre le cap sur les législatives, afin de mieux éclairer l'électeur et lui fournir l'information dont il a besoin. « Maintenant, il ne reste qu'à rattraper ce qu'on peut rattraper », recommande-t-elle. De son côté, le président de ladite instance, M. Nouri Lajmi, a ouvert une parenthèse sur les irrégularités censées être interdites dans pareil contexte, en l'occurrence la publicité politique, les sondages d'opinion, la diffusion des meetings in extenso, mais aussi ce que l'on a constaté, ces derniers jours, sur les plateaux télé. De même, certaines émissions, dont le contenu est contraire à la loi, ont été rediffusées, à maintes reprises, a-t-il dénoncé, en faisant allusion au programme « Investigation sur Nessma ». A propos de tous ces abus enregistrés, M. Lajmi a déclaré qu'une réunion est prévue, sous peu, afin de prendre les décisions qui conviennent. Entre-temps, la Haica, comme l'a révélé l'un de ses membres, M. Hichem Snoussi, se voit battre en brèche pour imposer l'application des lois, car elle œuvre actuellement sous la coupe des pressions et des conflits d'intérêts des uns et des autres. Et pour cause, poursuit-il : «L'Instance est en train de reconfigurer le paysage médiatique, comme en témoigne, d'ailleurs, la récente nomination des deux PDG à la tête des deux institutions publiques, à savoir la Télévision et la Radio». A la question du contrôle des chaînes TV qui ne possèdent pas encore d'autorisation de diffuser, Mme Ennaïfer a repris la parole pour dénoncer la loi électorale qui s'applique à tous les médias audiovisuels quant à la possibilité de couvrir, même sans autorisation. Ce qui laisse certaines chaînes faire ce qu'elles veulent, sans foi ni loi. « Cette loi contraignante n'a fait, malheureusement, que réduire le rôle des instances indépendantes, à savoir l'Isie et la Haica, dans le contrôle de la campagne électorale. De ce fait, l'on ne pourra guère garantir les résultats du prochain scrutin», a-t-elle lancé.