• L'ambition se manifeste à travers l'objectif prioritaire de l'excellence. Si l'activité culturelle et artistique demeure support de loisir et du bien-être citoyen, elle s'accompagne désormais d'un impératif absolu de qualité • En deux décennies, nos conservatoires et nos instituts supérieurs de musique, nos écoles de cinéma, d'audiovisuel et de beaux-arts, nos centres d'art dramatique ont enrichi le domaine de la création culturelle d'une génération de jeunes talents jamais égalée depuis l'Indépendance La Presse — Avec le démarrage de la grande saison des festivals, le moment est tout indiqué pour une mise en exergue des principes directeurs et des acquis de la politique culturelle du Changement. Trois mots clés, trois références : vision, ambition, réalisations. La vision intègre la culture dans le développement global d'un pays : croissance matérielle, évolution des consciences et des mentalités. Avant 1987, l'interaction n'était pas évidente. C'est une réalité tangible depuis. Ses illustrations ne se comptent plus : renforcement simultané des structures productives et des institutions éducatives, entrée de la culture dans le circuit économique, élargissement des espaces culturels, proximité des lieux de spectacles et des agglomérations populaires, hausse continue de l'aide publique à la création, réhabilitation de la mémoire artistique, valorisation et protection du patrimoine; mesures incitatives au profit du sponsoring culturel, etc. Un projet à deux vitesses dont les résultats s'imposent aux regards, et une culture et des arts qui s'expriment toutes énergies déployées. L'ambition se manifeste à travers l'objectif prioritaire de l'excellence. Si l'activité culturelle et artistique demeure un support de loisir et du bien-être citoyen, elle s'accompagne désormais d'un impératif absolu de qualité. Les exemples abondent là aussi. Au niveau des événements menés et de leurs contenus. L'option culturelle et le souci pédagogique deviennent (pour ne citer qu'eux) des valeurs incontournables dans la conception et la programmation des festivals. Plus question de fondre la culture dans le divertissement. Il y a des exigences esthétiques à respecter, et des publics larges à sensibiliser au goût et à l'intelligence du meilleur des arts. Mais l'exemple qui retient le plus est celui de la formation. En deux décennies, nos conservatoires et nos instituts supérieurs de musique, nos écoles de cinéma, d'audiovisuel et de beaux-arts, nos centres d'art dramatique ont enrichi le domaine de la création culturelle d'une génération de jeunes talents jamais égalée depuis l'indépendance. On songe à ces solistes virtuoses, la vingtaine fraîche, qui sillonnent le monde, forçant l'admiration des auditoires d'Europe et d'Amérique et qui ajoutent, ô combien, au prestige de la Tunisie à l'étranger. On songe aussi à ces jeunes nouveaux cinéastes, dont les premières œuvres augurent de parcours d'exception. Ou encore à ces nouvelles générations de plasticiens et de metteurs en scène de théâtre déjà au fait de leur métier et à la pointe de la création. Etre autocritique et aller de l'avant La culture assoit sa qualité et sa pérennité sur la clairvoyance et la cohérence d'une politique appuyée au plus haut sommet de l'Etat par le Président Ben Ali. Former des jeunes artistes, les initier tôt aux techniques et aux normes et aux valeurs de la création, c'est se doter des atouts primordiaux à l'excellence, c'est édifier les bases d'un devenir culturel optimisé. Les réalisations, elles, s'observent à vue. Une législation, d'abord, qui réglemente et protège les droits et l'action des protagonistes de la culture, un budget culturel, ensuite, en augmentation régulière. Des institutions nouvelles, enfin, et de nouveaux sites de l'art. Ensemble complémentaire et efficient (textes, moyens, espaces, événements), dont l'apogée, sans doute, se traduit par l'entame toute prochaine des «Journées musicales de Carthage» et l'ouverture de la Cité de la culture. Acquis incontestables mais assortis d'un suivi et d'une vigilance à toute épreuve. Le mot d'ordre présidentiel exclut toute autosatisfaction: mise à niveau. Si la vision est juste, si l'ambition est légitime, et si les réalisations sont comptées, tous les écueils ne sont pas pour autant franchis. Le projet culturel est un projet de continuité. Et il n'est pas de réalités artistiques et culturelles immuables. Le monde change et les influences et les interférences sont légion. Il faut avoir l'œil toujours, il faut s'adapter, être autocritique, aller de l'avant. La devise de notre gouvernance culturelle: être dans la mouvance du progrès, et ne jamais être à court d'énergie.