Un point de gagné pour les deux équipes, mais aussi deux points de perdus Abdelhay Ben Soltane et Mohamed Kouki, les deux entraîneurs les plus malchanceux de ce championnat et les plus sur la sellette, se sont serré longuement la main à la fin du match ASG-ASD. Ils ont eu tous les deux pratiquement le même sentiment réconfortant qu'avec ce match nul ils l'ont échappé belle. Dans leurs déclarations d'après-match, ils ont préféré parler de bouteille à moitié pleine. «Mieux vaut un point que rien, commence par dire le technicien djerbien. Dans le contexte et la position où se trouvent les deux équipes, ce derby n'était pas facile sur le plan mental, car il fallait éviter la défaite avant de penser à la victoire. Nous avons opté pour le jeu direct en première période, vu l'état de la pelouse, et ça nous a permis d'économiser nos efforts pour la seconde mi-temps, car je savais que nos adversaires, évoluant chez eux et affamés de victoire comme nous, mettront toutes leurs forces et tous leurs atouts dans la bataille après la pause pour obtenir les trois points. En seconde mi-temps, nous avons changé de stratégie avec un bloc bas, une défense renforcée et vigilante et un milieu de terrain qui avait pour principale consigne de garder le plus possible le ballon et d'en priver l'adversaire. Je pense que sur ce chapitre, nous avons réussi, puisque nous n'avons pas encaissé de but, même si, en grande partie, on le doit au gardien de but Tamzini». Mais il ne faut pas oublier que cette réussite sur le plan défensif du côté djerbien est due aussi à la faiblesse et au manque d'opportunisme du compartiment offensif gabésien. Les occasions de but et le danger ne provenaient que de l'arrière ou sur balles arrêtées tirées par l'arrière droit Boubacar N'dior. L'absence du régisseur Tarak Amdouni, expulsé à Sousse, et de l'avant de pointe Cheikh Touré n'a pas été palliée avec succès par le tandem Wejdi Meddeb-Issaac. La petite forme de Wejdi Jebbari et le peu d'expérience et le talent pas encore confirmé de son remplaçant Sghaïer n'étaient pas pour faciliter la tâche dans un match où il fallait créer un bon nombre d'occasions de but pour arriver à trouver la faille dans une arrière-garde visiteuse, revenue, à raison, à une charnière centale à trois éléments (Gritly-Mejri-Bienvenu). «Nous avons marqué deux buts annulés pour hors jeu, le premier évident, mais le second est, à mon avis, un peu contestable, réplique Mohamed Kouki. Mais ce n'était pas assez pour mettre à genoux nos adversaires qui ont choisi le regroupement derrière et le recours au jeu en contres. Il nous faut plus d'arguments offensifs pour faire le jeu, dominer les débats et, surtout, concrétiser notre ascendant sur nos adversaires à Gabès; nous avons besoin de beaucoup de renforts». Tout heureux d'avoir évité la défaite et grappillé un maigre petit point, les deux techniciens doivent regarder aussi la bouteille à moitié vide et ne pas oublier qu'ils ont perdu deux points qui les font éloigner de leurs concurrents directs pour le maintien. L'ESZ, qui a accédé avec l'ASD et l'ASG en Ligue 1, a pris plusieurs longueurs d'avance et l'ESMétlaoui se débrouille tant bien que mal pour grignoter des points et chercher à être à l'abri. Leur seul compagnon du bas du tableau est ESGS qui a un match en moins et qui a aussi bien l'habitude que l'expérience de savoir appuyer sur l'accélération lors de la phase retour. Surtout que deux gros morceaux et pas des moindres attendent Djerbiens et Gabésiens pour la prochaine journée. L'ASD accueillera l'Espérance revenue sur orbite après son succès sur l'ESS et l'ASG se déplacera à Sfax pour affronter un CSS qui n'a plus envie de continuer de perdre des points après son match nul à Bizerte. Puis ce sera la journée des derbys avec ESZ-ASD et ASG-SG qui ne s'annoncent pas faciles et au terme desquels on verra sans doute plus clair quant aux chances des Djerbiens et des Gabésiens dans cette impitoyable bataille pour le maintien. On comptera alors les points perdus et pas les points gagnés.