Quelques dépassements observés Hier, les citoyens se sont rendus aux urnes pour choisir leur président. Pour la première fois, ils ont pu voter, en toute liberté, sans qu'on ne leur dicte leur choix ou qu'on ne vote à leur place. A Bab Souika, les bureaux de vote ont ouvert leurs portes dès huit heures du matin. A proximité, les terrasses de café étaient bondées. Les discussions allaient bon train sur les potentialités des candidats à l'élection présidentielle dont le nombre a atteint le chiffre historique de 27 candidats avant que cinq d'entre eux ne décident de se retirer de la course. Attablé à la terrasse d'un café à l'ombre d'un arbre, Moncef guette la porte d'un bureau de vote. Ce dernier veut éviter les longues files d'attente et attend que le centre se vide progressivement pour se présenter à son tour au bureau de vote. Tôt le matin, ce chauffeur de taxi a tapoté le numéro de sa carte d'identité, précédé du 195, pour s'assurer de son rang et du bureau de vote où il doit accomplir son devoir. «Pour la première fois dans l'histoire de notre pays, nous avons eu la possibilité de choisir, en toute liberté, le candidat de notre choix. Je suis heureux d'avoir assisté pour la première fois à des élections démocratiques et transparentes. Un rêve s'est réalisé ». Vers onze heures, une trentaine de bulletins dans l'urne Devant l'école primaire de Bab Souika «El Bigua», transformée en bureau de vote, deux agents de sécurité montent la garde. A 10h00 du matin, l'affluence est encore faible. Contrairement aux élections législatives qui ont vu de longues filles d'attente se former dès le matin, la foule n'était pas au rendez-vous hier. A l'intérieur de l'établissement, une dizaine de citoyens attendent en file indienne devant la salle où ont été installés l'urne et les isoloirs. Chaque électeur qui entre dans la salle est invité à décliner son identité, à signer sur le registre et à tremper son doigt dans l'encre bleue indélébile, afin d'éviter que la personne ne vote plusieurs fois. Des observateurs veillent attentivement sur l'opération. Après s'être isolé pour cocher le bulletin de vote, chaque citoyen le plie en quatre et le glisse dans l'urne. Dans l'un des bureaux de l'école primaire, vers onze heures du matin, l'urne comptait à peine une trentaine de bulletins. Originaire de Bab Souika et habitant non loin de l'établissement, Imed, un homme âgé d'une quarantaine d'années, venu accompagné de ses deux petites filles, affiche un large sourire. «J'ai tenu à ce que mes enfants assistent à ce jour historique afin qu'il reste gravé dans leur mémoire. Plus qu'un devoir national, le vote est un acte primordial. Cela revient à participer au processus démocratique. Nous devons choisir un président qui contribue à rétablir la suprématie de l'Etat et à en consolider la stabilité». Période d'examens et de révision Fonctionnaire au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Monia attend patiemment son tour. Cette femme voilée, âgée d'une cinquantaine d'années, est venue tôt pour accomplir son devoir de citoyenne. «J'ai attendu ce jour avec impatience. J'ai décidé de voter car je trouve la situation de ce pays préoccupante. Nous avons besoin d'un président qui se soucie de la situation sociale et économique du pays, qui noue des relations diplomatiques fructueuses avec les nations étrangères et s'érige en rempart contre le terrorisme». Jusqu'à midi, il n'y avait pas grand monde. Devant les bureaux de vote, les quelques files d'attente qui se sont constituées comptaient majoritairement des personnes âgées. Par contre, bien qu'ils soient en vacances, très peu d'étudiants se sont présentés pour voter. «C'est la période des examens, ils sont en train de réviser, relève Asma Kaouech, une observatrice de l'Atide. Certains sont des lève-tard. Ils préfèrent venir voter l'après-midi». Ce ne serait pas la seule raison, note un autre observateur. Beaucoup de jeunes ne se retrouvent pas dans les programmes des candidats et ne croient plus aux promesses des politiciens, ce qui expliquerait leur absence remarquée dans ce scrutin. Y a-t-il eu des dépassements ? «Oui, a observé l'observatrice de l'Atide. Les militants de certains partis ont tenté de convaincre les électeurs de voter pour tel ou tel candidat».