C'est sous le signe de la célébration de cette date anniversaire et pour rendre hommage à une musique tunisienne savante, authentique et fortement identitaire que s'inscrit la nouvelle saison musicale de La Rachidia, entamée vendredi dernier au Théâtre de la Ville de Tunis. Il y a 80 ans, la Rachidia a été créée, symbole d'une identité musicale tunisienne authentique autour d'un groupe de 70 personnes, parmi lesquelles de hauts fonctionnaires tunisiens, des notables mais aussi des poètes, des musiciens et des artistes dont une femme Hassiba Rochdi, qui ont élu domicile dans une vieille demeure de la Médina de Tunis. Il s'agissait, en ces temps-là, d'un véritable acte de résistance face à la colonisation française. Et c'est sous le signe de la célébration de cette date anniversaire et pour rendre hommage à une musique tunisienne savante, authentique et fortement identitaire que s'inscrit la nouvelle saison musicale de La Rachidia, entamée vendredi dernier au théâtre de la ville de Tunis. Pour le premier concert d'ouverture de la saison culturelle 2014/2015, les fidèles mélomanes sont venus en grand nombre, pour apprécier la musique traditionnelle tunisienne très peu présente dans les manifestations culturelles où la musique orientale l'emporte. La direction de ce premier concert de l'année a été confiée à Nabil Zammit qui, grâce à sa fougue juvénile, a apporté une fraîcheur aux compositions musicales connues du public. Le chanteur Sofiène Zeydi, muni de son luth, était entouré d'une trentaine d'instrumentistes et choristes chevronnés. Comme le veut la tradition, le concert a débuté avec des compositions instrumentales. Les titres proposés sont signés Salah Mehdi, disparu récemment. Un hommage à cet illustre compositeur dont certaines de ses pièces sont devenues des classiques à l'instar de «noubat el-Ajm», «Samaî el-Ajm» ou encore «Btayhi» pour terminer avec la célèbre chanson de Naâma «Ellil Ah ya Lil», interprétée par la jeune Asma Ben Ahmed, applaudie par un auditoire attentif. Sans pause, le maestro a enchaîné la deuxième partie avec une autre mélodie de Naâma «Bin el Watar w Rah fi Ayniha», interprétée encore une fois par la douce voix d'Asma Ben Ahmed qui cède ensuite la place à Mohamed Ali Chebil qui a donné de la consistance à la chanson « tarabique » de Ali Riahi « Ya Liâti », fortement ovationné par le public. Puis place a été faite à la vedette Nabiha Karaouli. Avec son intonation gafsienne totalement opposée à celle de la Keffoise Saliha, Nabiha, avec sa grande expérience, a imposé une version différente de «Idha Tghib Alaya», mais l'assistance s'est beaucoup plus enthousiasmée pour «Mahlaha Kahlet Lahdhab» et lui a réservé une acclamation chaleureuse. La soirée s'est terminée en beauté avec un cocktail de chansons de Hédi Kallel. «Ya Dar el Habayeb», «Mnaira» et «Malek ya Malek» interprétés par Sofiène Zaydi qui a su traduire avec justesse les émotions dégagées par ces mélodies fredonnées par une salle qui a tenu lieu de chorale au chanteur. Enfin, la chorale a repris un air «rachidien» classique «Haramti Bik Nouassi» sous une avalanche d'applaudissements des spectateurs ravis de cette soirée purement tunisienne.