Les forces loyalistes et les séparatistes pro-russes accusés de torture par un rapport onusien «La guerre civile est le règne du crime», disait le dramaturge et poète français, Pierre Corneille. C'est apparemment le cas en Ukraine dans la guerre civile qui oppose Kiev aux séparatistes pro-russes de la Donbass. En effet, selon un nouveau rapport sur les droits de l'Homme publié, hier, les Nations unies ont accusé les forces ukrainiennes et les rebelles pro-russes de se livrer à «des actes de torture contre les civils dans l'est de l'Ukraine». L'organisation internationale a par ailleurs déploré une nette dégradation des conditions de 5,2 millions d'habitants se trouvant dans la zone du conflit, en pleine saison hivernale, et hébergés dans des foyers «sans eau ni chauffage» et dont les installations ont été endommagées par la violence des combats. La situation est devenue assez critique pour l'ensemble de la population et plus précisément «les personnes âgées, les enfants et ceux qui sont pris en charge par les institutions publiques dont beaucoup sont à la limite de la survie», souligne le rapport. Il reste à rappeler que le gouvernement de Kiev a stoppé le versement des prestations sociales aux territoires sous contrôle des séparatistes pro-russes. «Détentions arbitraires, usage de torture et disparitions de personnes» Les efforts du gouvernement pour sauvegarder l'intégrité territoriale de l'Ukraine et de restaurer l'ordre dans la zone du conflit ont été jumelés de «détentions arbitraires, d'usage de torture et de disparitions de personnes soupçonnées de « séparatisme et terrorisme», lit-on dans ce rapport de l'ONU. Le rapport épingle «les bataillons de volontaires» et «les Services de sécurité ukrainiens (SBU)» en les accusant d'être derrière la majeure partie de ces violations des droits de l'Homme. Le document des Nations unies n'a pas épargné les rebelles pro-russes en les accusant, à leur tour, d'avoir créé «un Etat criminel» surtout dans les zones sous leur contrôle (les régions industrielles de Donetsk et de Lougansk ) avec le soutien des combattants étrangers, faisant allusion aux troupes d'élite dont Moscou a toujours nié la présence. «Meurtres, torture, enlèvements contre rançon ou travail forcé» ont été mis en exergue dans ce rapport, pointant du doigt des membres de groupes armés soutenus par des combattants étrangers dont le respect de loi et de l'ordre est le dernier de leurs soucis. D'après les propos de l'émissaire de l'ONU chargé des droits de l'Homme, M. Ivan Simonovic, «les rebelles étaient responsables d'un plus grand nombre de crimes répertoriés par les observateurs de l'ONU déployés en Ukraine après l'annexion de la Crimée en mars». «La majorité des crimes et autres violations des droits de l'Homme a été commise par des représentants de groupes armés», a-t-il fait savoir lors d'une conférence de presse à Kiev. De son côté le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, M. Zeid Ra'ad Al Hussein a déclaré, hier, à Genève que le conflit ukrainien avait fait depuis la mi-avril au moins 4.700 morts et 10.300 blessés.