La décision de retirer à la Tunisie l'organisation de la conférence internationale sur la lutte contre la corruption (initialement prévue du 21 au 24 octobre) était une décision de Transparency International, a affirmé le secrétaire d'Etat chargé de la gouvernance et de la fonction publique. Dans une déclaration de presse, hier à l'issue de la réunion du Conseil des ministres, Anouar Ben Khélifa a précisé que «le gouvernement n'a pas officiellement adressé de courrier à Transparency pour demander l'annulation de l'organisation de la conférence en Tunisie». Lors d'une conférence de presse tenue plus tôt dans la journée à Tunis, le président d'I watch, la section tunisienne de Transparency International, Achraf Awadi, avait fait porter au gouvernement la responsabilité de l'annulation de la tenue de cette conférence en Tunisie. «Il y a des lobbies qui se tiennent derrière l'annulation de cette conférence afin de ne pas se laisser démasquer», avait-il déclaré, reprochant au gouvernement Jomaâ de «manquer de volonté politique pour ouvrir les dossiers de corruption et dévoiler la vérité». 11 MD en 3 jours ! Selon Anouar Ben Khélifa, «le contrat entre le gouvernement tunisien et Transparency International était d'autant plus pesant que l'organisation de la conférence coûte à l'Etat quelque 4,5 millions d'euros, soit l'équivalent de 11 millions de dinars à dépenser en seulement 3 jours, sans aucune ristourne pour la Tunisie sur les recettes des droits d'inscription». Il a précisé que ces recettes devaient être réparties entre Transparency à hauteur de 80 % et I watch, à hauteur de 20%. Toujours d'après le secrétaire d'Etat à la gouvernance, la Tunisie a traité le dossier avec tout le soin requis, en mettant en place un comité d'organisation qui a choisi le lieu de la manifestation et réalisé un cahier des charges. Entre-temps, un certain nombre de dysfonctionnements ont été constatés, ce qui a nécessité le recours à un bureau de contrôle indépendant pour une mission d'audit pour déterminer les responsabilités», a-t-il ajouté. Ben Khélifa a affirmé que la Tunisie veut bien organiser la conférence «mais à des conditions raisonnables», insistant sur le fait que la lutte contre la corruption ne peut pas être subordonnée à l'organisation d'une conférence mais requiert des efforts soutenus au quotidien. S'agissant du sort des fonds d'un montant de 800.000 euros (1,8 million de dinars) décaissés par le gouvernement en faveur de Transparency International, le secrétaire d'Etat a indiqué que des démarches étaient en cours pour les récupérer ou, à défaut, les affecter à d'autres projets. Par contre, ce responsable a nié que le gouvernement ait reçu des fonds de quelque partie étrangère que ce soit au titre de l'organisation de la conférence. «Bien au contraire, le contrat conclu stipule que l'Etat tunisien prend en charge l'intégralité des dépenses, sachant par ailleurs que, de l'aveu de Transparency International, les dons collectés lors des éditions précédentes n'avaient guère dépassé les 300.000 dollars, bien trop peu en comparaison avec le niveau effectif de dépenses», a-t-il argumenté. Nouvelle législation pour les marchés publics Evoquant, dans un tout autre régistre, la question de gestion des ressources naturelles et de la passation de marchés, le secrétaire d'Etat a invité toutes les personnes disposant de témoignages ou de preuves d'abus dans ce domaine à en faire part au gouvernement, pour qu'une enquête soit diligentée immédiatement. Dans le cadre de l'initiative de partenariat ouvert, a-t-il dit, le gouvernement s'est engagé à publier toutes les données disponibles sur l'exploitation des ressources naturelles et les recettes qui en proviennent. Pour ce qui est des marchés publics, il a expliqué que le gouvernement vient de mettre en place un nouveau décret relatif aux marchés publics. Ce décret sera «l'acte fondateur d'un nouveau cadre législatif plus efficace pour la passation de marchés publics», a-t-il assuré. Il a encore indiqué que, dans le cadre de cette initiative, la Tunisie s'est engagée, début 2015, à publier le rapport du Conseil supérieur des adjudications publiques concernant les dysfonctionnements relevés dans les procédures de passation et d'exécution des marchés publics.