Ayant comparu hier, Ayari a été maintenu en détention, en attendant sa nouvelle comparution. La société civile a organisé un sit-in pour demander sa libération Le Tribunal militaire permanent de première instance de Tunis a décidé de reporter l'examen de l'affaire du blogueur Yassine Ayari au 20 janvier et de le maintenir en état de détention. C'est ce qu'a déclaré, hier, à l'agence TAP, Me Samir Ben Amor, membre du collectif de défense de Yassine Ayari, qui a ajouté que l'interrogatoire aura lieu le 12 janvier. Il a qualifié ce procès de « message négatif » en cette conjoncture que vit le pays, appréhendant davantage de restrictions sur les libertés publiques. Condamné par contumace à une peine de trois ans de prison ferme prononcée par le Tribunal militaire permanent de première instance de Tunis, le 18 novembre 2014, le blogueur Yassine Ayari a été interpellé à son arrivée à l'aéroport de Tunis-Carthage et écroué à la prison civile de Mornaguia, le 25 décembre 2014. Protestation devant le Tribunal Hier matin, plusieurs activistes et blogueurs se sont rassemblés devant le Tribunal militaire de Tunis pour revendiquer la libération du blogueur. Les protestataires ont rejeté la condamnation par contumace, estimant que son jugement est une tentative «d'étouffer les voix libres parmi les jeunes de la révolution». Selon l'avocat du blogueur, Me Samir Ben Amor, la comparution de son client devant le Tribunal militaire est un jugement politique par excellence visant à compromettre la liberté d'opinion et à porter atteinte au droit d'expression. « Un éventuel maintien de la condamnation par contumace risque de transmettre un message négatif qui augure du retour de la dictature », a-t-il averti. Plusieurs organisations de la société civile et défenseurs des droits de l'Homme se sont déclarés préoccupés face à l'acharnement à poursuivre en justice des blogueurs, estimant que le Tribunal militaire n'est pas compétent, conformément à l'article 110 de la nouvelle Constitution, pour juger des civils. « Le jugement du blogueur Yassine Ayari par un Tribunal militaire est une violation des principes fondamentaux du droit international », a estimé, de son côté, l'organisation Human Rights Watch (HRW). « Selon le droit international, les tribunaux militaires ne sont pas compétents pour juger les civils », rappelle HRW dans une déclaration. « Le jugement de personnes pour atteinte à l'armée ou à d'autres institutions de l'Etat s'oppose à l'engagement de la Tunisie à respecter l'article 19 du Pacte international des droits civils et politiques ». Tout en appelant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) à réviser les lois qui prévoient des peines d'emprisonnement contre toute atteinte aux institutions de l'Etat, Human Rights Watch estime indispensable de « redéfinir les compétences des tribunaux militaires dans le sens de les dessaisir de toute autorité sur les civils ».