Dans cette affaire, plusieurs zones d'ombre laissent perplexe. Les enjeux sont grands et les protagonistes détiennent plusieurs cartes en main qu'ils abattent au gré des circonstances L'équipe juridique de l'homme d'affaires et chef du parti de l'Union patriotique libre a organisé hier une conférence de presse pour donner sa version des faits dans l'affaire qui oppose son client au producteur Sami Fehri et son épouse. « C'est une affaire en cours, nous ne pouvons pas donner beaucoup de détails », avait pourtant dit Elyès Ennaifer, l'avocat du milliardaire et homme politique Slim Riahi. Sauf que le contenu de son intervention était tout autre et en disait long : argent liquide versé par Slim Riahi à Sami Fehri, dans des mallettes, ou encore un accord verbal de cession de 50% des parts d'Al Hiwar Ettounsi à la famille de Slim Riahi. Les deux hommes d'affaires se livrent depuis quelque temps une guerre sans merci par médias interposés alors que l'affaire est actuellement aux mains de la justice. Chèques sans provision L'affaire a commencé lorsque Slim Riahi a passé un accord avec Sami Fehri et son épouse, pour le financement d'une boîte de production baptisée « Eight Production », dont l'objectif à moyen terme est de se substituer à « Cactus Production » qui produit les émissions de la chaîne « Al Hiwar Ettounsi ». L'accord prévoyait un financement « sans intérêts », à hauteur de 10 millions de dinars, remboursable sur 8 ans. Sauf que l'argent n'a jamais été débloqué par Slim Riahi. Sami Fehri accuse le milliardaire d'avoir failli à ses engagements et même d'avoir donné à la société des chèques sans provision. Une accusation que réfute le comité de défense de Slim Riahi. « Nous n'avons jamais donné de chèques sans provision, a rétorqué Elyès Ennaifer. De plus, le contrat entre Slim Riahi et la société Eight Production stipule que notre client se réserve le droit de retirer son financement, au cas où l'entreprise rentrerait dans une procédure de liquidation, ce qui est le cas ». Au pied de l'olivier Néanmoins, dans cette affaire, plusieurs zones d'ombre laissent perplexe. Les enjeux sont grands et les joueurs détiennent plusieurs cartes en main qu'ils abattent au gré des circonstances. En témoigne un accord «tacite» qui n'apparaît dans aucun écrit, et aujourd'hui revendiqué par Slim Riahi. Selon ses avocats, Sami Fehri aurait promis à l'homme d'affaires de lui accorder (en contrepartie de son financement) 50% de la chaîne « Al-Hiwar Ettounsi ». Lorsque les journalistes demandent à la défense d'éclaircir ce point, les avocats se contentent de parler de « confiance », et du fait qu'autrefois, «les gens vendaient plusieurs hectares de terre, comme on dit, au pied d'un olivier », tout en accusant la famille Fehri d'avoir abusé de la bonne foi de Slim Riahi. Plus grave encore, l'avocat n'hésite pas à évoquer de l'argent liquide qu'aurait accordé le milliardaire dans des mallettes et assure que des pièces qui étayent sa version des faits seront transmises au juge d'instruction en charge de l'affaire. Pour sa part, l'avocat Imed Riahi dénonce « une campagne médiatique dirigée contre Slim Riahi » et prétend que celle-ci pourrait être « destinée à lui forcer la main lors des concertations pour la formation du gouvernement ». Bref, une affaire tentaculaire et compliquée dont les enjeux ne sont pas ceux qui sont déclarés par les protagonistes dans les conférences de presse. Et puis, l'histoire récente a démontré à plusieurs reprises qu'en affaire comme en politique, il n'existe ni des amis éternels, ni des ennemis éternels, tout est question d'intérêts.