ISLAMABAD (Reuters) — Hillary Clinton a annoncé hier un plan d'aide américain de plus de 500 millions de dollars pour le financement de projets économiques au Pakistan, allié stratégique de Washington dans la région. En visite de 48 heures à Islamabad, la secrétaire d'Etat américaine avait déjà signé dimanche un important accord commercial avec le Pakistan, considéré par Washington comme pivot dans la lutte contre Al Qaïda et les talibans, qui opèrent à cheval sur les sols pakistanais et afghan. «Nous savons qu'il existe des interrogations, voire de la suspicion sur ce que font exactement les Etats-Unis aujourd'hui et je peux seulement vous répondre en disant de manière très claire que nous avons un engagement qui n'a jamais été aussi fort, aussi profond» a-t-elle déclaré à la presse en présence de son homologue pakistanais, Shah Mehmood Qureshi. «Les Etats-Unis ne souhaitent pas seulement entretenir un dialogue entre gouvernements, nous souhaitons également un dialogue entre les peuples», a ajouté la patronne du département d'Etat. Le discours américain semble de moins en moins passer au Pakistan, où seul un Pakistanais sur cinq dit avoir une opinion favorable des Etats-Unis, indiquent des sondages. Avant de partir pour Kaboul, où elle assistera aujourd'hui et demain à une réunion des bailleurs de fonds de l'Afghanistan, Hillary Clinton a dévoilé un plan prévoyant le financement de barrages hydroélectriques et d'autres projets dans les secteurs de l'énergie, de l'agriculture et de la santé. Evaluée à plus de 500 millions de dollars, cette première enveloppe fait partie d'un plan d'aide plus vaste adopté l'an dernier par le Congrès, prévoyant le triplement de l'aide civile américaine au Pakistan dans les cinq ans à venir, pour la porter à 7,5 milliards de dollars. «Les capturer ou les tuer» Se faisant le porte-parole de la volonté de Washington de modifier le regard des Pakistanais sur leurs alliés américains, Qureshi a déclaré que l'opinion de ses concitoyens changerait lorsqu'ils «verront que leur vie a changé». Sur ce sujet, la secrétaire d'Etat américaine a insisté plus tard sur la nécessité de renouer un lien de confiance. «Pendant trop longtemps nos deux pays ont été entravés par une absence de confiance (...). Nous en comprenons les raisons et nous acceptons la responsabilité de nos actions. Mais il nous faut rebâtir cette confiance», a-t-elle dit. Si des sondages montrent que les Pakistanais doutent de l'engagement à long terme des Etats-Unis, Washington de son côté suit de près le rôle d'Islamabad en Afghanistan, tout en estimant que les Pakistanais doivent s'engager plus avant dans la lutte contre les talibans implantés sur leur territoire. Hillary Clinton a estimé que Washington et Islamabad devaient oeuvrer plus activement et plus «étroitement» à la traque des dirigeants d'Al Qaïda «et les capturer ou les tuer». «Je crois qu'ils se trouvent ici, au Pakistan, et cela serait vraiment utile si nous pouvions mettre la main sur eux». Ses propos sont légèrement en retrait de ceux qu'elle avait tenus l'an dernier en assurant que des responsables au sein du gouvernement pakistanais savaient où se trouvaient Oussama Ben Laden et d'autres chefs d'Al Qaïda. Elle s'était interrogé sur la passivité ou la complaisance d'Islamabad à leur sujet, suscitant un tollé au Pakistan et y alimentant l'anti-américanisme ambiant. Interrogée sur un autre sujet sensible, l'éventuelle signature d'un accord de coopération nucléaire civile souhaité par Islamabad pour faire le pendant de celui signé entre Washington et New Delhi, Hillary Clinton est restée prudente. Elle s'est dite «favorable à un élargissement de la coopération dans ce domaine» tout en ajoutant que, au vu du passé du Pakistan en matière de prolifération, un tel accord agite un chiffon rouge. Ces inquiétudes doivent être dissipées, a-t-elle estimé.