Par M'hamed JAIBI Les spéculations vont bon train quant à la composition et au rapport de force au sein du futur gouvernement que pilotera Habib Essid. Plein de noms circulent dans les médias et sur Internet, avec une forte marge d'erreur, accompagnés d'une grande polémique sur les bilans des gouvernements passés et les enjeux de celui qui se profile. On est loin toutefois de la violence verbale d'il y a quelques semaines, aussi bien entre sympathisants islamistes et nidaïstes, que vis-à-vis du Front populaire, lequel accepte désormais comme un fait du destin, même si c'est à contre cœur, la coexistence des deux centres de la «bipolarisation» si décriée au sein du gouvernement. Selon Nida Tounès, sur un total de 25 ministres et 10 secrétaires d'Etat, une dizaine de portefeuilles, au moins, reviendraient au parti vainqueur des élections législatives. Certains y ajoutent volontiers cinq secrétariats d'Etat. Sachant que les ministères de souveraineté devraient vraisemblablement être accordés à Nida Tounès, à l'exception, bien entendu, du département du 3ème pouvoir, le ministère de la Justice qui reviendrait à une personnalité nationale indépendante. On croit ainsi savoir que le portefeuille des Affaires étrangères pourrait être attribué au secrétaire général de Nida Tounès, Taïeb Baccouche, alors que d'autres dirigeants de ce parti seront nommés à des postes ministériels importants, y compris certains députés, mais le choix n'est pas encore définitivement arrêté. En ce qui concerne les partis proches de Nida Tounès, à savoir l'Union patriotique libre et Afek Tounès, plusieurs noms ont été soumis au chef de gouvernement pressenti, dont Yacine Brahim et Slim Riahi. S'agissant de la participation d'Ennahdha, un flou subsiste quant à sa nature précise malgré l'appui très probable de ce parti au gouvernement Essid. Certains dirigeants d'Ennahda affirment la présence de ministres de leur parti, d'autres préfèrent parler de «personnalités proches». Le parti Al Moubadara serait également de la partie, puisque l'on affirme qu'il aurait soumis à Essid cinq postulants, dont son président, Kamel Morjane. Enfin, le Front populaire, qui reste officiellement «opposé à une participation directe d'Ennahdha», et qui estime la sienne incompatible, pourrait finir par rejoindre la formation au cas où l'on opterait pour des ministres proches du parti islamiste et non lui appartenant directement. Mais cette éventuelle présence du Front pourrait, elle aussi, prendre l'aspect de figures qui lui sont proches. Dans les divers cas de figure, le FP s'achemine vers l'octroi de sa confiance au gouvernement. L'éventail des sensibilités politiques impliquées dans les discussions en vue de la formation du gouvernement accorde ainsi à Habib Essid une vaste marge de manœuvre autour de larges objectifs patriotiques de relance du développement du pays, dans la sécurité et la concorde sociale. Une option qui élargit le casting à de très nombreuses compétences politiques et personnalités indépendantes d'horizons divers pouvant se glisser sur la liste de Habib Essid. Dont, conformément à ses promesses, une bonne dose de femmes et de nombreux jeunes.